Et voilà, je parcours tranquillement le forum et vous touchez déjà la corde sensible ! ARGH ! Et bien oui, je l'avoue, je suis une fervente admiratrice du travail de Resnais... :p
Comme Hiroshima est au programme des terminales cinéma l'année prochaine (chouette !) j'ai pris un peu d'avance et je l'ai visionné (en cassette, aucune projection n'étant prévu dans les environs)... On peut dire que ça a été une vrai révélation... C'est tout à fait le cinéma qui me passionne ! Il est compréhensible que certains détracteurs l'aient taxé d'intellectualisme car il est en opposition total avec les supers prod américaines et le système actuel qui consiste (pour reprendre le terme judicieux de mon prof de cinéma ^^) à "gaver" le spectateur, avachi sur son fauteuil, d'images sans lui demander d'efforts intellectuels (je noircis bien sûr le tableau, certaines grosses productions parviennent à s'en tirer tout de même très honorablement ^^ Et je respecte bien sur totalement ceux qui en sont de fervents défenseurs! )
Bref, dans Hiroshima mon amour, le spectateur est constamment en alerte, essayant de démêler l'histoire de l'héroïne et de dissocier le "présent" du passé, chose que le personnage lui même n'arrive clairement pas à faire... Aime t-elle cet homme d'un soir ou projette t-elle simplement en lui le souvenir de son amour de Nevers ? Leur relation n'est-elle pas tout simplement utile à l'héroïne pour mettre un point finale et définitif à son passé, pour panser des plaies encore béantes ? Une histoire d'amour tout sauf à l'eau de rose, où l'originalité de la situation (les deux personnes sont mariés chacun de leur côté et parents d'enfants si mes souvenirs sont exactes...) et l'abolition du temps (où est la limite entre passé et présent ? L'héroïne en évoquant ses souvenirs de Nevers, ne les revit elle pas "physiquement"?)
participent à la création de ce que j'ose appeler, malgré mon inexpérience cinématographique, un chef d'oeuvre...
Continuant sur ma lancée, j'ai visionné L'Amour à mort... J'ai été franchement destabilisé par le montage elliptique au possible, alternant des plans de durées variables avec des noirs musicaux... Puis je me suis rendue compte que cela permettait d'insister sur les moments clés pour le couple et l'histoire, passant avec habileté sur les longueurs inutiles et mettant en exergue le dramatique de la situation et la perte totale de repère de Pierre Arditti (dont le nom de personnage m'échappe malheureusement ! :S)...
Si vous me permettez la comparaison (les novices ont souvent tendance à faire des associations étranges pour chercher des repères :p) cela m'a fait penser à In the mood for love (de Wong Kar Wai dois-je le préciser ?! ^^) reposant sur un montage elliptique semblable sur le fonctionnement (insister sur la naissance d'un amour plus ou moins réalisable) De plus, la question de "l'au-delà" est traité d'une manière que je trouve assez originale et les réactions du "revenant" m'ont semblé vraiment crédibles (en effet, dans une telle situation, qui serait capable de jouer le super héros sans se remettre sérieusement en question et sans faire une minutieuse introspection clairement destructrice ?)
J'ai également énormément apprécié Providence, dont le scénario est vraiment très original... Comment ne pas se laisser emporter par l'imagination de ce vieil homme alcoolique, cynique, ingrat et très légèrement parainoïaque qui réinvente l'histoire de son entourage ?
Si quelqu'un est parvenu jusque là, je l'en remercie
J'arrête ici mon plaidoyer "Resnaisien", je pourrais commenter toutes les oeuvres que j'ai déjà visionné, mais il m'en reste encore à découvrir et le temps est trop précieux pour que je l'utilise à autre chose qu'à "manger du film"
Je tempèrerais néanmoins mon propos avec une note finale plutôt dissonante... J'ai visionné en effet I want to go home dont la banalité du thème et le montage classique (si on omet le dessin du chat, dont le nom m'échappe encore ! (même pas majeur et déjà en perte de mémoire... argh ! :p) m'ont, je dois, l'avouer réellement déçus...
Voilà tout ça pour tenter de montrer que ce n'est pas parce qu'il s'agit de Resnais que je cris immédiatement au miracle et que je m'efforce d'avoir un regard critique quelque soit les circonstances...
A bon entendeur... Bonne lecture
