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Re: Problème avec la théorie scénique?

Publié : 30 mai 2009, 16:47
par dodu12
Lapins Pirates a écrit :Souvent tu obtiens ce genre de dialogue lors d'adaptation de pièces (surtout les pièces russes...) et de livres.

Peut être les pièces russes, mais le restes pas énormément, sauf si c'est du comique, mais faut le jouer quoi, mon prof de théâtre dit pareil, ça ne sert à rien de dire ce que l'on fait

Re: Problème avec la théorie scénique?

Publié : 02 juin 2009, 09:22
par cmarie
Ludéméter a écrit : Peut être les pièces russes, mais le restes pas énormément, sauf si c'est du comique, mais faut le jouer quoi, mon prof de théâtre dit pareil, ça ne sert à rien de dire ce que l'on fait
Chez les "bons" auteurs rien n'est jamais au hasard (russe ou non...), il y a parfois un effort à faire pour les acteurs pour comprendre le personnage... Les personnages de Tchekov par exemple souvent parlent, parlent, comblent le vide, se saoulent, cherchent à se convaincre eux-mêmes ("La mouette" : j'y suis arrivée non, je n'ai pas gâché complètement ma vie)... C'est l'âme slave : on rit de désespoir et puis bang dans la tête... Mais trop souvent on monte ces pièces de manière molle avec des personnages éthérés qui rêvassent devant des fenêtres embuées...

C'est difficile, pour un auteur qui débute, d'écrire un personnage qui "parle pour ne rien dire"... on fait souvent des films bavards pour rien parce qu'on veut combler le vide...

C'est comme tout cela vient avec le travail, se relire à haute voix, jouer sa scène, la faire lire à des copains comédiens c'est encore effectivement le meilleur moyen de juger de ce qui va ou ne va pas...

Re: Problème avec la théorie scénique?

Publié : 03 juin 2009, 07:13
par Lapins Pirates
Pour appuyer ce que cmarie dit :

Après avoir lu mon premier scénario devant les deux potes qui voulaient le tourner, je me suis rendu compte que les dialogues étaient tellement chiant qu'ils s'étaient perdus rapidement.
Le hic, c'est qu'en allégeant, j'avais supprimé 3/4 des dialogues (ce qui était pas une mauvaise chose).
Mais du coup, leur court métrage était passé de 15 minutes à 5 minutes et ils ont préféré garder la première version... qui m'a toujours fait pensé à une m..... d'AB production.

Depuis, il m'arrive de faire des cauchemars où je deviens le scénariste des pires séries françaises. AB production, Plus belle la vie et Navarro (le seul flic qui ne veut jamais partir en retraite) ....

Re: Problème avec la théorie scénique?

Publié : 03 juin 2009, 08:57
par harjet
Je me permet une petite parenthèse :
il m'arrive de faire des cauchemars où je deviens le scénariste des pires séries françaises. AB production, Plus belle la vie et Navarro (le seul flic qui ne veut jamais partir en retraite) ....
Si je pouvais avoir autant de succès que ces cochonneries là :clindoeil:

"Le succès n'attend pas la qualité"

Pour plomber l'ambiance, je dirais que l'Histoire est plus importante que le reste. C'est sur que de bons dialogues sont primordiales etc... Mais ce qui compte c'est l' Histoire et le public. (Public au sens large).

Je vais prendre un petit exemple : Terminator. Qui est un bon petit film de SF. L'histoire est prenante et c'est suffisant, du coup on lui pardonne ses dialogues approximatif voire ridicule. (Je parle de la VF, je ne l'ai pas vu en vo).

Je suis d'accord en tant qu'auteur on se doit de faire le mieux possible mais il faut que ça reste du plaisir. Et à écrire et à lire. Donc si ton scénario est "lisible" et "compréhensible" et qu'il répond à la sacro-sainte règle que tout ce qui écrit est utile, le reste n'est qu'illusoire...

Par contre, je rejoins ce qui à déjà été dit : Lire à haute voix, faire relire (même par des néophytes) et faire jouer sont les mamelles d'un bon dialoguiste. (Pour ma part, je confie ce travail à un tiers.)

:-)

Re: Problème avec la théorie scénique?

Publié : 03 juin 2009, 10:06
par Lapins Pirates
J'aime me répéter ^^

En fait niveau histoire, il est impossible "d'innover". Vladimir Propp (et Aristote avant lui) l'ont très bien expliqué. Ce qui est valable pour le conte russe (selon Propp) et valable pour tout récit.

Terminator c'est quoi ?
C'est l'histoire de quelqu'un qui doit sauver un autre quelqu'un.

Ensuite, ce qui fait que Terminator est "sympatoche" c'est par l'histoire, mais le background. Le fait que le premier quelqu'un soit le père de l'autre quelqu'un qui n'est pas encore naît... C'est le paradoxe temporel évité avec grâce et intelligence (ce qui n'est pas du tout le cas de la majorité des films dont l'amusant retour vers le futur, mais qu'importe le flacon...)

L'écriture, c'est comme la peinture. Sans technique, il n'y a rien. Pourtant, les peintres prennent du plaisir à utiliser les techniques qui sont une seconde nature chez eux. (qu'on ne me cite pas ces crétins qui jettent un seau de peinture sur une toile et appelle ça de l'art, je compare ça aux auteurs qui écrivent comme ils parlent sans savoir où les mènera leur récit.)

La règle d'or est d'utiliser les techniques sans que le spectateur ne s'en rende compte.

Concernant AB production, le succès de ces merdes est un débat facile à clore.
Lorsque tu n'as QUE cette merde comme production française, il est facile de dire que c'est le top de la production française...
Pour plus belle la life, c'est pareil. A l'heure de diffusion, tu as les info sur la majorité des chaînes hertziennes. Étrangement, depuis la montée en puissance de la TNT et de l'offre internet, le succès de cette série diminue...
De plus, je peux facilement te donner les ingrédients du succès de ce genre de série :
- Tu prends autant de personnages que tu as de clichés de télé-spectateurs.
- Tu fais un épisode par jour et tu leurs fais vivre des trucs du quotidien supra chiant mais une fois par saison tu leurs fait rencontrer :
Un tueur psychopathe (toutes les séries de ce genre en ont un ou deux).
Un enfant qui découvre que son père est l'ennemi de ses parents.
Un méchant qui devient gentil.
Une histoire d'amour supra compliqué parce que tu vois, la vie des fois c'est compliqué quand on a 15 ans et seulement 1000 € en poche (là je vise Paris 16e)

C'est pas parce que les soap opéra ont du succès au USA qu'il faut se contenter de ça... Il est possible de faire de la qualité en série TV mais pour le moment je ne connais pas de série française ayant réussi le pari du début à la fin.

Re: Problème avec la théorie scénique?

Publié : 03 juin 2009, 15:16
par cmarie
Il y a des daub' partout mais il y a une différence fondamentale entre les Etats-Unis (et les pays anglo-saxons en général et la France) : on y apprend l'écriture. En France, on fait de l'analyse de films, d'œuvres littéraires en littérature aux Etats-Unis on écrit dans des ateliers d'écriture où on développe le potentiel des étudiants, on étudie la dramaturgie.

Même dans les films commerciaux (Superman, Spiderman), le scénario est travaillé, il y a une structure, des références visibles à des classiques (la lutte du bien contre le mal, l'Oedipe, le parcours intiatique...).

En France, quand (par hasard) dans une série un personnage fait une citation ce sera plutôt du Hugo, et encore on se sentira obligé d'expliquer au spectateur que c'est un romancier français....

On reste aussi très politcally correct dès que cela touche à la mort, la sexualité, la politique... pas de grandes idées, rien qui remue mais "Friends" est parfois plus subversif !

Mais il y a des améliorations : j'aime assez la série "Les bleus, premiers pas dans la police", les mini-séries récentes aussi sur Canal ("Mafiosa"...) apportaient un ton plus intéressant.

Mais pour avoir bossé un peu en tournage de série, je peux vous dire comment ça s'était passé. On commande un scénario à un ancien flic devenu scénariste, qui a collaboré à nombre de scénar' pour le cinéma (type "L627", "La balance"...), on lui demande une série "véridique", avec un ton moins conventionnel....

Et puis tout au long du tournage le producteur, poussé par un responsable de la chaîne, revient vers lui pour modifier une à une les scènes trop..., enfin qui pourraient heurter la ménage-de-50-ans.... et au final on a un sous-Julie Lescaut.

Re: Problème avec la théorie scénique?

Publié : 03 juin 2009, 19:19
par The Bard
Sinon pour un revenir, au sujet de base, effectivement je me répondais seul.

Je n'ai donc pas eu la nécessité de revenir sur le forum.

Sinon pour m'insérer dans la discussion.

En terme de dialogue, tout dépend du scénariste, du type d'histoire et du type de film qu'on veut faire.

Je suis issu d'une famille d'agriculteur et le milieu que je côtoie est celui là. Ce sont des gens très taiseux. Il y a beaucoup de secrets qui pèsent et cela se voit dans leur yeux. Mes scénarios sont plutôt peu bavard (le dernier que j'ai fini, il y a deux mots). Maintenant quand on a un style de film qui est relativement métaphorique et hors du temps, je ne trouve pas qu'un dialogue littéraire soit ennuyeux.

Tout est une question d'appréciation. Malheureusement, on tend au formatage et aux règles en vigueur.

Les règles sont là pour être détournées !

Bien à vous et merci de vos réponses.