Melpomène

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D'après ce que me répète mon supérieur hiérarchique, je serais dans leur équipe de brévistes, ce qui fait de moi une sorte de reporter corvéable à merci qui doit passer sa vie sur la toile pour traquer la moindre information sur le monde cruel et impitoyable de la littérature HF ! Ce qui est évidemment rendu impossible par la véhémence de l'administrateur principal qui s'occupe à lui seul de 90% du contenu.

Et comment ne pas préférer Hamlet ? Je vous le demande ! Une pièce exquise et très trouble, bien plus que ses frangines. Macbeth m'a déçu... le tort de passer après l'illustre sus nommé probablement. Le Roi Lear conserve une jolie place d'outsider, une vraie épopée qui dépote (et qui se savoure encore mieux quand on a déjà lu l'Assassin Royal d'Hobb, un des nouveaux piliers du fantastique). Tu parles d'adaptation et je ressors justement du Macbeth de Polanski, la moitié que j'ai vu jusque là ne m'a pas farouchement convaincu, suite au prochain épisode. Oh, sinon, tu aurais déjà vu Peines d'Amour Perdues de Brannagh ? Un bijou de comédie musicale décalée et tirée d'une pièce moins connue de Shakespeare d'une virtuosité spirituelle rarement réitérée dans son oeuvre. Bref, tout cela me fait penser qu'il faudrait que je continue mon exploration systématique de son oeuvre, là il me reste essentiellement les tragicomédies et les pièces dîtes historiques.

Comment rebondir après tout ça ? Me lancerais je sur Kubrick ? Allez... soyons fous, quel film que tu préfèèèèères ? (C'est atroce, on vire au portrait chinois là )

[Melpomène]

Ach ! Je suis si débordée en ce moment ! Mais je vais tout de même prendre le temps de répondre à ta question savoureuse, qui fait naître en moi un sentiment d'intense méditation.

Avant cela je vais quand même te recommander chaudement Le Château de l'Araignée de Kurosawa donc ; coup de génie de ce Nippon qui a su adapter Macbeth dans le Japon médiéval et être un maître en matière de mise en scène... La beauté de certaines images, l'envoûtement qu'elles suscitent... c'est vraiment du bon morceau. Je pense que les personnages sont d'ailleurs très très bien traités. Je n'ai pas vu les adaptations de Brannagh pour le moment, bien que j'y pense depuis longtemps. Tu as vu Looking for Richard d'Al Pacino ? J'aime beaucoup ce truc.

(J'avais lu le premier tome de L'Assassin Royal dans le temps... et avais noté certains petits trucs shakespeariens à l'époque !)

Je reviens à Stanley. Je n'ai pas vu tous ses films, et j'avoue apprécier tous ceux que j'ai vus pour des raisons très différentes. Si bien qu'il m'est difficile de te répondre... Je ne sais vraiment pas. Ca me torture déjà depuis des heures et je n'arrive pas franchement à me décider. Je crois que j'hésite essentiellement entre Eyes Wide Shut et Shining. Ces deux films, dans leur globalité, m'ont paru les plus saisissants. Mais bon, dans le premier cas le montage n'a pas été fait par lui si je me souviens bien, dans l'autre il y a deux versions... Héhéhé. Et de ton côté ?

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Moi aussi je suis débordé ! En plus, voilà-t-il pas qu'en prime on m'a confié un royaume à sauver... j'ai l'habitude depuis le temps. Tiens, accessoirement mes partiels arrivent la semaine prochaine. Youplaboom.

Je n'ai donc point vu les oeuvres dont tu me parles, un tort qu'à l'occasion je réparerai... surtout en ce qui concerne Kurosawa que je commence malgré moi à apprécier et que l'on me conseille vastement.
Pour revenir à Hobb, je ne saurais pas dire si tu rates quelque chose en ne lisant pas la suite... le deuxième livre est par exemple très pénible ( 400 pages de convalescence pour Fitz... exécrable) alors que le troisième est une merveille où les personnages et les intrigues s'exaltent jusqu'à l'explosion finale (le plus Shakespearien de tous d'ailleurs). Après j'aime déjà moins, rebelote au tome 4 avec des centaines de pages à l'utilité douteuse puis ça s'arrange un brin avec l'avènement de quelques personnages secondaires d'une rare finesse psychologique ( Kettricken, Le Fou, pour ne citer qu'eux).

La légende veut que justement Kubrick ait terminé le montage d'Eyes Wide Shut seulement quelques jours avant de mourir, une jolie coïncidence pour la mythologie du personnage. Tout comme Shining, je les aurais davantage classés en bas de tableau... mais vu l'éclectisme du réalisateur, je conçois très bien qu'on puisse préférer une oeuvre à une autre.

Voilà que le piège se referme sur moi ! Ca fait longtemps que je me pose la question sans avoir encore voulu trancher pour un nom qui changerait probablement quelques heures plus tard. Barry Lindon et 2001 sont deux chefs d'oeuvre incontestables, mais je serais presque tenté de leur préférer l'excellent Dr Folamour si je laissais parler mon fond d'humour noir. Lolita aussi m'avait beaucoup plu avant de voir le reste... mais après avoir lu le bouquin, je me rangerais presque à l'avis que ça n'est pas sa plus brillante adaptation, l'implicite ayant tendance à trop déposséder l'oeuvre.