Violence, sexe et scénario

Le Scénario et ses ficelles. La Dramaturgie, le synopsis, le pitch...
Shura
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Re: Violence, sexe et scénario

Message par Shura »

Je comprends ta réflexion, et je la partage. j'ai eu l'occasion, lorsque j'étais à l'hopital, de regarder certaines chaines de la TNT, (ce fut une première, car chez moi, je ne l'ai pas), et j'ai vu des trucs qui volent ras les paquerettes, vraiment...
Ce qu'il faut comprendre, je pense que tout le monde le sais d'ailleurs, c'est que le public de masse recherche du sensationnel, et donc, les chaines télés donnent à manger au peuple. Y'a qu'a voir les chiffres d'audience de "l'ile de la tentation", ça marche!!
Après, si tu n'aime pas, tu ne ragardes pas. Je ne vois pas quoi dire d'autre.
Ce qu'il faut savoir, c'est qu'en France, on est encore assez "pudique" à la télévision, car certains programmes américains sont, de loin, plus trash que ceux que l'on peut voir chez nous.
Mais saches, que je partage ton opinion, c'est pour cela que je regarde assez rarement la télévision.
Petit Nuage
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Re: Violence, sexe et scénario

Message par Petit Nuage »

Disons que c'est moins dérangeant quand c'est une émission de divertissement proprement dite. Là où ca commence à me déranger, c'est quand ca déborde sur la série TV / téléfilm / film. Ca m'ennuie quand des thèmes à bon potentiel comme Rome sont, de mon avis, gâchés pour faire du spectacle. :)
YuHirà
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Re: Violence, sexe et scénario

Message par YuHirà »

Même si beaucoup de scénaristes bossent pour des commandes, c'est eux qui ont la plume, à un moment donné c'est eux qui choisissent quels personnages ils mettent et ce qui leur font dire. Certes, c'est du divertissement, mais si j'ai envie de voir du sang, je vais voir un film d'action. si j'ai envie de voir des lesbiennes coucher ensemble, je loue un film x. Sur une série censée être historique, que la partie "intello" (religions, progrès sociaux, orateurs, etc) s'efface pour donner un produit ultra formaté pour surtout pouvoir parler à tout le monde, ça me choque.
je ne suis pas tellement d'accord. Pourquoi se cantonner à un genre? Le mélange des genres fait à mon sens tout le piquant des séries américaines.

La liaison lesbienne évoquée dans Rome n'est peut-être pas historique, mais on ne peut pas dissimuler le fait que dans l'époque romaine, les relations homosexuelles étaient courantes et tolérées (davantage que dans notre civilisation occidentale? A voir). Rome évoque une civilisation dans toutes ses composantes: ce n'est pas qu'une histoire, c'est également une évocation historique. Les séries américaines actuelles ont toujours envisagé la société dans sa globalité. C'est pourquoi il y a toujours un personnage homosexuel à un moment donné. Je ne suis pas sûr que cela soit clientéliste car en faisant cela, les créateurs de la série se coupent d'une certaine clientèle conservatrice alors que l'absence de ce personnage n'aurait absolument pas empêché un homosexuel de regarder la série...

Je ne crois pas non plus que le procès soit légitime en matière de série américaine où rarement les scénaristes se sont cachés derrière le sexe et la violence pour dissimuler des lacunes scénaristiques. La série américaine, c'est tout de même le lieu où les scénaristes ont le plus d'imagination. On a beaucoup apprendre d'eux. Car si nos séries ne sont jamais violentes (à l'exception de Central Nuit), elles restent souvent à la surface des choses. Personnellement je suis client tant que le scénario suit.. On ne peut pas dire cela de tous les films d'action ou films gores.

Je trouve d'ailleurs que l'une des scènes du "Trouble Every Day" de Claire Denis est beaucoup plus choquante et violente que toutes les séquences de Rome réunies.

Le cinéma contemporain en matière de sexe reste très frileux par rapport à ce qui se faisait dans les années 60-70. Il n'y a qu'à voir le cinéma de Pasolini. TF1 censure fréquemment les images et expressions les plus choquantes des séries américaines (et de ses émissions de TV réalité: l'Île de la Tentation c'est très soft niveau sexe quand même). Comme quoi, on peut renverser l'argument: n'est-ce pas faire preuve également de clientélisme excessif que de porter atteinte à l'intégrité de l'oeuvre originale pour ne pas risquer de choquer le plus grand nombre?
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Re: Violence, sexe et scénario

Message par Petit Nuage »

Je pense qu'il ne faut pas confondre auto-censure et responsabilité scénaristique. Je ne demande pas de faire baisser le taux de violence et de sexe partout pour avoir des choses insipides au bout, mais de laisser ceux qui veulent voir ce type de spectacle le voir, et ceux qui ne sont pas attirés par la violence et le sexe d'avoir d'autres produits. Le fait que globalement, la violence et le sexe deviennent omniprésent ne nuit pas spécifiquement au genre violent ou érotique, mais précisément aux autres genres, qui viennent fourger des choses hors de leur genre parce que ca fait vendre. Comme je l'ai dit plus haut, si j'ai envie de voir un film d'action, je vais le voir, et là ca me dérange pas que ce soit ultra violent parce que justement c'est ce que je suis venu voir.

Je ne critique pas le cinéma américain, et préfère évidemment de voir un Rome formaté qu'un Rois Maudits lénifiant. On a pas de leçon à donner aux américains, je suis bien d'accord. Et même en termes moraux, je pense que les scénaristes américains sont beaucoup moins véhéments que les français pour imposer plus de "liberté". Mais cette liberté d'expression, il faut voir ce qu'on en fait, si c'est pour la mettre au service du business ou d'une véritable volonté d'expression.

Ce n'est à mon avis pas un hasard si des docus comme Super Size Me ou ceux de M. Moore font carton plein. Le cinéma spectacle a perdu de vue que les images véhiculaient des idées. Dans de nombreux pays totalitaires, le cinéma a servi à dompter la nation d'ailleurs... Et pour nos parents (je suis dans la trentaine), le choix qu'on leur propose au cinéma est vraiment pauvre. soit justement c'est bourré de violence, d'action, de sexe, des trucs qui intéressent les "jeunes", mais pas eux. soit c'est forcément du film comique ou des séries bourrés de bons sentiments... Du moins mes parents ne vont quasiment plus au cinéma, et ce n'est pas une question d'envie, mais de choix.

Pour en revenir à Rome, je pense que la liberté des moeurs qui y règne est tout de même pas mal mis au goût du vingtième siècle. A part Octave qui est accusé d'être l'amant de César, le seul rapport homosexuel qu'on voit c'est justement lesbien. Parce que ca passe mieux à l'image, soyons honnête. Mais pour cette série, ce qui me choque ce n'est pas UNE scène en particulier, c'est la saison dans son ensemble. Comme pour d'autres séries, je me suis attaché aux personnages au début, et j'ai bien aimé la première moitié de la saison. Mais à mesure que ca avance, quand on s'amuse en couple à deviner la scène suivante et qu'on gagne trois fois sur quatre, quand on voit que finalement tout est sur le même moule et qu'on aura à répétition ce qu'on a déjà eu avant (violence, sexe et trahison, et je reboucle), là je déchante. et les derniers épisodes deviennent pénibles à regarder (par ennui, je précise). Donc voilà c'était une réflexion globale sur la saison 1 de Rome, je n'accuse aucune scène en particulier.
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Lapins Pirates
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Re: Violence, sexe et scénario

Message par Lapins Pirates »

Ma réflexion n'apportera pas d'eau au moulin, c'est juste un point de vue de scénariste...

Lorsqu'une scène est écrite, la violence et/ou le sexe est malheureusement bien trop souvent une excuse pour combler un vide dans l'histoire.

Il n'y a que dans de rares cas où la violence et le sexe peut-être justifier dans un scénario. Ensuite, c'est vrai qu'il est facile, après coup, de trouver une justification.

Dans le cas de Rome, c'est une façon de montrer que c'était une période violente (pas plus que maintenant lorsqu'on voit les actualités) où la liberté sexuelle était de mise (ce qui ne sera plus le cas après quelques siècles de christianisme).

La question est de savoir s'il n'y avait pas d'autres façon de montrer ces points de vue.

Personnellement, j'aurais tendance à dire qu'on trouve toujours un moyen de suggérer les choses. Je suis assez proche du point de vue d' Hitchcock. Laisser à l'imagination certaines scènes violentes restent des fois bien plus fort. Et préférant l'érotisme au porno, je préfère suggérer que jouer les gynéco.
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cmarie
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Re: Violence, sexe et scénario

Message par cmarie »

Je n'ai pas vu "Rome" alors difficile de juger... je trouve que les séries américaines vont loin et en général c'est plutôt bien fait, avec intelligence (ex : "Nip/Tuck"). En France, on ne décolle pas trop de "la drogue c'est mal" et c'est souvent assez nian-nian mais si il y a des améliorations.

Pour ce qui est de la question "homosexuelle" : Rome n'était pas si "ouverte" que cela, une femme devait se marier, s'occuper du foyer (celles qui y échappaient étaient des prostituées) quant aux relations entre garçons elles étaient codifiées (pédérastie). Le (très) jeune homme était initié à l'art amoureux (et à la philosophie....) par un homme mûr qui avait forcément le rôle actif. Un homme adulte devait se marier, fonder un foyer et il était très mal vu qu'il continue à avoir des relations homosexuelles en étant passif (assimilé à la féminité et à l'enfance). Les femmes ? ben Sappho s'est suicidée...

Quant au terme "homosexuel" : il n'apparaît qu'avec la psychanalyse...

Pour ce qui est des gays dans les séries US : les lobbies homo ont milité pour avoir une meilleure visibilité...
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harjet
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Re: Violence, sexe et scénario

Message par harjet »

Salut,

Je viens m'immiscer dans la conversation... à petits pas :siffle:

Tout d'abord sur la violence et la liberté des scénaristes américains.

Il est difficile voire dangereux de comparer la violence outre-atlantique avec celle de la France (et par extension entre deux pays). Au mieux ont peut essayer de l'analyser et de la comprendre. Car il y a (et là j'enfonce les portes ouvertes :clindoeil: ) de grandes différences entre nos cultures, qui semblent pourtant si proche.

Je vais prendre l'exemple du sein d'une dame âgée dans la série E.R. qui avait été flouté (et provoqué une mini-polémique) au U.S.A. alors que France 2 a diffusé l'épisode sans floutage à 20h50.

Qu'est ce qui choque ? Qu'est-ce qui est violent ? Tout dépend de la culture du pays de diffusions.

Pour la liberté des scénaristes, c'est je pense une question de "Diffuseurs" et de "système" de Production Français.

Pour une série américaine, c'est une moyenne de 15-16 scénaristes par Show ce qui démultiplie la créativité (pas toujours je vous l'accorde :clindoeil: ).

Après, les séries américaines ont des objectifs très précis qui est dans très grand nombre de cas de plaire à la cible privilégié des annonceurs : les 18-49 ans.
Pour un network, une "audiance" mais un très haut taux des 18-49 ans et le show continue.

Ils ont aussi un Show-runner, en générale le créateur mais c'est surtout le chef d'orchestre qui va "driver" la troupe d'auteurs selon "ses" idées et "ceux" de la chaine. (<--- plus le Show-runner est célèbre, bankable, plus il a de marge de manoeuvres).

A moins que le Show soit créer pour ça, ils ne remplissent pas leurs séries de Violence et/ou de Sexe à outrance. En témoigne des dizaines de Séries de très bonnes qualités. (Je citerai Oz en particulier car ma préférée en terme d'écriture).

De même qu'il ne faut pas généraliser pour les Shows américains, il faut faire de même pour nous. Quand les diffuseurs nous laissent un peu de marge, on a de très belles plumes qui arrivent tout de même à s'exprimer sur notre PAF bien à nous :clindoeil:

"Central Nuit" à été cité en exemple (sexe et violence) mais il y en a beaucoup d'autres. A cause de Central Nuit, je pense d'abord au plus célèbre, Olivier Marchal. Flics (quoique pas très violent), mais il a participé aussi à Police District (pas en tant qu'auteur sur celle là ? je ne suis plus sure). Une série au ton fort et sombre avec de la gnole à longeure d'épisode et pas pour dire que boire c'est mal (même si ça l'est :-) ) P.J. aussi, malgré son côté bonne conscience à quelques épisodes pas piqué des hannetons niveau violence et ambiance border line.

Sans parler de certains unitaires. Je crois que la vrai différence et dans le fait qu'en France les diffuseurs n'osent pas encore faire passer des histoires où le Héros est un méchant et surtout Un méchant qui gagne à la fin.

Je finirai (car je ne sais plus de quoi je parle et où je voulais en venir ce qui est un comble pour un scénariste) par dire que quand on regarde une série et que l'on se pose la question de la violence (légitime ou non ?) cela ne veux pas forcément dire que l'auteur à combler une lacune de son histoire avec une jambe coupée mais peut être aussi que le Réal est un petit voyeur et qu'il s'est rajouté une scène de nue :clindoeil:
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