C'est encore moi. Vous allez peut être me trouver un peu lourd mais je voulais expliquer mon point de vue avec cet exemple :
Il s'agit d'une scène du film
Les Apprentis pour lequel j'ai rédigé un sujet peu de temps après l'avoir revu. C'est la seconde scène du film. Elle est tournée en un seul plan, celui-ci :
A ce stade nous sommes toujours d'accord, nous parlons de la façon de filmer un dialogue.
L'image ci-dessus donc, illustre parfaitement le travail de mise en scène. Ce plan est beaucoup plus élaboré qu'il en a l'air.
En constatant l'exigüité des lieux, les portes et tout ce qui peut encombrer le regard, le 1er réflexe d'un réalisateur non expérimenté aurait été de placer sa caméra sous trois angles (au moins) différents pour cadrer les trois personnages à chacune de leurs interventions.
A la limite on peut même supposer que le 3ème larron au fond serait arrivé par le couloir, car il est rare que dans un vieil appartement bourgeois comme celui du film une chambre donne sur la porte d'entrée. Le jeune réalisateur aurait donc été chercher le personnage avec sa caméra.
M. Salvadori (le réalisateur des "Apprentis") lui, a triché. Je suis prêt à le parier. Cette porte donnait probablement sur un salon qu'il a transformé en chambre imaginaire, tout simplement en plaçant là ce jeune homme en pyjama et en lui demandant d'avoir l'air d'être tombé du lit. Tricher avec cette porte, c'est comme construire un décor. C'est parfaitement justifié.
L'intelligence de la mise en scène ne se résume pas là.
En plaçant ainsi ses personnages, le réalisateur épargne le spectateur d'un laborieux champ/contre-champ à trois et il introduit Guillaume Depardieu de la façon la plus judicieuse qui soit. Ce dernier en ouvrant la porte et en restant ainsi devant François Cluzet s'impose comme le second protagoniste. De par son apparition dans l'entrebâillement dans la porte, le personnage au fond parait secondaire et c'est exactement le sort qui lui est réservé tout au long du film. On a même le droit en ce qui le concerne à la phrase "j'reviens des states" qui annonce déjà ses apparitions épisodiques.
Nous voilà donc avec une scène d'une simplicité et d'une fluidité déconcertante, qui réussit à mettre en place les personnages, à donner le ton et à laisser pressentir la suite des évènements. Le fait que le réalisateur n'emploie pas, dans cette scène, le champ/contre-champ n'a rien à voir avec son style ou une quelconque prise de position artistique. Il a parfaitement son film en tête et le gère très bien dans le temps. A noter qu'il s'agit dans ce cas d'une scène d'exposition, qui par essence ne gagne rien à être compliquée ou trop démonstrative.
Il est important de préciser également que ce dialogue là est très court et que le cadre unique paraissait donc d'autant plus judicieux. Mais il prouve surtout que la mise en scène d'un dialogue doit se faire en fonction de l'intensité dramatique, ne pas servir de faire valoir visuel et ne surtout pas être rattrapée au montage parce qu'on a pas su placer comme il faut les comédiens.
Pour finir je tiens à rappeler que, malgré tout mon blabla, je n'ai pas la science infuse et que si quelqu'un veut démonter mon point de vue, il ne se gène surtout pas... bien au contraire
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