Forum Cinema - Cinéastes & Cinéma

Je vois deux violences (dans les films) :

La violence qui nous fait réfléchir, que quand on sort de la salle on se pose des questions... cette violence est souvent tiré de fait réel ( ex :dictature : "le dernier roi d'écosse" ) Je trouve cette violence très utile car elle permet au gens de se rende compte des choses, d'être face à la réalité.

Et la violence de gore (et de pornographie), celle dans les films sans scénario qui sert juste à faire des frissons dans le dos et à détraquer les jeunes ( destination finale, saw ...). Je ne vois pas l'interêt de cette violence elle n'apporte rien d'enrichissant.

Je trouve ça dingue le fait de considérer la violence que d'un point de vue totalement austère, hey faut savoir s'amuser un peu.
La violence a quelque chose d'extrêmement ludique et fun, en raison surement du fait que l'on a dans la vraie vie des codes moraux qui luttent contre des pulsions.
Le cinéma tout comme d'autres arts, peut se charger de quelque chose de parfaitement sain qui est non pas de faire l'autruche sous des prétextes bien pensant mais de "travailler" ces pulsions.
Oui bien sur, voir le héros de Braindead se défoncer une trentaine de zombies à la tronçonneuse, je trouve ça foncièrement fun.

Qu'on le veuille ou non, l'art ne montre pas la réalité, elle adopte un point de vue fictif qui fait que cette violence, même si on la veut réelle, ne l'est pas. Donc il faut que soit la personne soit vraiment très jeune (et ça veut pas dire 12 ans ...) soit que la personne soit tellement plongée 24/24 dans un monde fictif qu'a la fin son sens de la réalité s'altère, mais ce sont des cas extrêmes. (il y a surement d'autres cas mais ce sont des cas d'exception)
Quant a la violence que tu cites dans des films comme Saw, je ne vois pas en quoi elle est gratuite puisque cette violence sert a ce que le film d'horreur est censé faire : terroriser, la terreur même si elle n'est pas prise sous un angle thématique nous permet encore une fois de nous confronter a nous même, et je ne vois pas en quoi cette terreur née d'une violence est inutile ...

Moi, voir John Mclane se taper un mec puis après écrire "j'ai une machine gun, hohoho" sur le tee shirt ça me fait marrer, je vois pas en quoi cette violence serait inutile, je rappelle que l'émotion est un peu ce qui attire, a juste titre, les gens, et oui voir Chow Yun Fat dans les films de John Woo exploser une centaine de mecs de façon trop classe et méga bien filmé est fun, sans pour autant faire l'éloge de la violence (comme en témoigne son tétanisant Une Balle dans la tête). Pareil je prend l'exemple de Ghost in the Shell : Innocence, t'as une grosse fusillade où Bato explose des yakuzas, et le film, explicitement philosophique, parle de tout sauf de sa violence... Est elle inutile pour autant ou est elle dangereuse pour les jeunes (puisque visiblement ce sont les seuls qui peuvent être affectés), pour autant ? Non bien sur, d'ailleurs Oshii déclare qu'il s'éclate a les faire.

Je pense qu'il faut aussi arrêter d' "intellectualiser" la violence et de ne la prendre que sous un angle dit "réaliste" (ce qui en soit est faux comme nous l'avons dit, même si on fait bouger sa caméra dans tout les sens) ou alors thématique (si on a de la violence dans son film, ça veut dire qu'on dit que la violence c'est pas bien). Enfin on peut la prendre sous un angle horrifique, burlesque ou fun, je vais pas dire que Pulp Fiction de Tarantino est un film ou la violence ne sert a rien pourtant il dit pas vraiment que la violence c'est pas bien, et pourtant dieu sait que le film est aimé par, c'est rare, le public et pratiquement tous les cotés de la critique.

En plus évitons de catégoriser le gore comme un genre sans scénario, qui détraque les jeunes alors que justement c'est un genre qui l'a rendu tellement énorme que ça en devient carrément surréaliste, alors que c'est loin de contaminer les jeunes. (a moins que l'on tente de plonger tete en bas, armé d'une tronçonneuse, dans la tête d'un Alien pour ressortir par l'entre jambe afin de clamer sa "nouvelle naissance", lunette tordue avec un cerveau d'Alien, qui voulait ouvrir un fast food d'humain, dans la tete, va falloir que les jeunes soient particulièrement ingénieux pour essayer ce type de cascade fort périlleuse ainsi que pour prendre ça au sérieux).

Je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi Alast, et ce sur plusieurs points:

Alast a écrit :d'un point de vue totalement austère, hey faut savoir s'amuser un peu.

Qu'on cherche à analyser les ressorts de la violence dans une société ne sous entend pas de fait que l'on est des vieux réacs à fond sur la répression et la sécurité... L'origine du post faisait suite à la vision du clip d'un groupe (justice pour ne pas le nommer) réalisé par le fils d'un grand réalisateur (romain gavras pour ne pas le nommer). Le fait de visionner des images violentes amènent elles les individus à devenir eux mêmes violents? Heureusement qu'il existe des "codes moraux" pour permettre aux individus de vivre ensemble. Les arts ne sont que le reflet d'une société, le mode d'expression pouvant aller de l'ultra réalisme au purement abstrait, la palette est relativement large;

Alast a écrit :l'art ne montre pas la réalité, elle adopte un point de vue fictif qui fait que cette violence, même si on la veut réelle, ne l'est pas

cet argument est un peu facile à mon sens: tu as construit toi une réflexion sur ce qu'est la création, une oeuvre d'art, tu as la distance nécessaire pour analyser, mettre à distance le réel du fictionnel. Mais ce n'est pas le cas de tous le monde. Pour certains adolescents (voire certains adultes) la sexualité montrée dans les films pornographiques est la seule représentation connue du sexe. Ils ne conçoivent pas qu'on puisse faire autrement, ils ne connaissent que ça...
Je pense que les parents mais aussi l'école, ont une fonction d'éducation à l'image pour décrypter, analyser, faire la différence entre le bien, le mal, le réel et le fictionnel...
Elephant de Gus Van Sant est un film magnifique de ce point de vue là... Il prend le temps de montrer les mécanismes, la construction de la violence, comment elle arrive et les conséquences qu'elle produit: des gens meurent. Ce qui m'avait marqué dans le film c'est le bruit de la détonation, ça claque dans le silence.

Ce que Ymo dit rejoint le travail de Bertrand Tavernier, qui est venu nous parler de son cinéma toute la journée au lycée.

En mettant à distance le réel de la fiction, on s'éloigne parfois d'une vision juste des choses. Je pense que ce que tu admires dans Elephant, Ymo, c'est cette représentation si juste des choses. Réel et fiction, c'est assez étrange comme notion: on peut "fictionner" un élément pour se rapprocher du réel…