(Le Palais des Beaux-Arts)
En plein coeur de Lille, le festival ne s'est pas cantonné qu'au centre de tri postal et qu'au Palais des beaux-Arts, le but étant de présenter les oeuvres au grand public, sur des lieux parfois inattendus, comme dans le métro par exemple. On trouve ainsi un "
Cinémobile" à la sortie d'un grand centre commercial près de la gare de Lille Flandres, se résumant à une petite salle dans une remorque de camion comme celle-ci :
Les gens n'osent pas forcément rentrer dans la remorque mais ils s'interrogent et sont surpris : c'est le cinéma qui vient à eux, sur les lieux qu'ils fréquentent habituellement, et c'est un des buts du festival justement.
Les nombreux
ateliers ont pris place au
centre de tri postal, au premier étage, entre l'accueil et le bar du rez-de-chaussée et la salle de projection du deuxième. On y retrouve : le scénario, le reportage, le storyboard, le montage...

(L'Atelier Reportage en plein travail)
Les participants sont de tous âges et de tous horizons : ils n'ont qu'en commun que cette soif de découvrir et d'apprendre, et montent un projet ensemble tout au long de la semaine.
A première vue, ils semblent satisfaits des ateliers et du travail accompli.
Le
Palais des Beaux-Arts, lui, a accueilli les projections de la compétition et les autres projections diverses, comme la
Rétrospective Peter Tscherkassky, cinéaste expérimental autrichien travaillant principalement à partir de "found footage" (
"bandes trouvées"). Il travaille directement sur la pellicule par le biais de photocopies, d'impressions, de collages, de planches contact...

(Fragment de la pellicule d'un court de Peter Tscherkassky)
L'effet résultant est déroutant tant au niveau de l'image que du son, puisque des bouts de pellicule collés en biais sur la pellicule d'origine laissent apparaître les perforations à l'écran, et débordent sur le lecteur sonore créant ainsi des sons inhabituels et agressifs. Ceci impliqe étrangement que les images créent le son, qui est donc imprévisible et aléatoire lors du montage.

(Fragment de la pellicule d'un court de Peter Tscherkassky)
Ces films sont également projetés juste à côté de la totalité de la pellicule, elle-même exposée afin de pouvoir comparer simultanément le matériau filmique et le résultat.

(Un court de Peter Tscherkassky à plat, à côté de l'écran diffusant le même court)
Tout le monde n'aura pas apprécié le charme et la brutalité de ces oeuvres, un journaliste quelque peu âgé à mes côtés n'a en effet pas arrêté de crier au scandale pendant la projection, se plaignant continuellement de la soi-disant "médiocrité" du film.
Personnellement, j'ai réellement été sidéré par le message transmis, et aussi par le mode de transmission de celui-ci : l'auteur nous fait réfléchir sur le cinéma lui-même grâce à ce travail directement sur la pellicule, et grâce également à une réflexion sur des principes figés du cinéma tel que le champ / contrechamp par exemple.
Après 1h30 de courts allant de 22 secondes à 10 minutes, j'en suis ressorti quelque peu abasourdi, mais surtout interrogatif, perplexe et souhaitant en découvrir plus sur cet artiste inouï.
Une très belle découverte pour ma part.
Un festival qui amène finalement les oeuvres au public, et qui se différencie par des soirées
Vjaying,
Hip Hop ou autres n'attirant pas que des spectateurs cinéphiles.
L'animation et le cinéma expérimental semblent rester les domaines prioritairement mis en avant tout au long de ce jeune festival prometteur.
L'équipe, bénévole pour la plupart, est jeune, motivée et très accueillante, je les remercie d'ailleurs du temps qu'ils m'ont accordé et leur souhaite bonne chance pour les prochaines éditions (et des subventions supplémentaires aussi !).