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Apparences dans un monde nouveau, un long ?

Publié : 25 janv. 2007, 01:49
par Nathan
En fait, j'ai commencé à être déçu par le court-métrage et j'ai voulu approfondir beaucoup plus les choses dont j'ai envie de parler. Alors, j'ai eu envie d'écrire un long-métrage. De toute façon sous Word, le court faisait 31 pages et c'était trop court pour être un long, trop long pour être un court, donc, trop court ou trop long pour être produit... :oops: A filmer "entre potes", ça aurait été galère car tout aurait dû être rapide et sur beaucoup trop de jours (seulement les vacances de disponible).
C'est pour ces raisons que j'ai commencé à réfléchir à un long. J'ai mis du temps, j'ai écris une version en restant sur le court et j'ai vite arrêté et tout supprimé. J'ai retenu quelques bons trucs reprenant les idées de "base" (du court) et je viens de recommencer.
Il est clair que, peut-être que demain je supprimerai ce que j'ai écris mais je voulais avoir votre avis. Ca n'a rien à voir avec le début du court-métrage. C'est des moments "clés" du pouvoir dictatorial et du contrôle des masses.
Ah ouais, et beaucoup de séquences sont en plan-séquence... enfin, tel que moi je le vois.





1 : INT. – TOMBEE DE LA NUIT/MAISON FAMILIALE.

Une famille composée d’un jeune couple et de leurs deux enfants, un petit garçon et une petite fille dans une maison assez ordinaire, à l’époque actuelle. La télévision est en marche et une présentatrice parle aux spectateurs.

PRESENTATRICE
Et c’est maintenant que va arriver les résultats de ce deuxième tour tant attendu. Deuxième tour qui fut plus que surprenant avec l’apparition du nouveau parti, le Parti Nationale des Travailleurs.

Une musique d’ambiance apparaît. Le père, confortablement installé dans le canapé se redresse.

PRESENTATRICE
Et c’est le Parti Nationale des Travailleurs avec quatre-vingt pour cent qui l’emporte ! Charles Pellange est le nouveau Président de la République ! C’est incroyable !

Sur les paroles de la présentatrice, le père bondit le poing d’un signe de victoire.
Fondu au noir.

2 : EXT. – MATIN/PLACE DU TROCADERO.

Une immense foule, touristes comme Parisien. Des policiers aussi, beaucoup de policiers portant l’uniforme bleue claire, d’autres portant les insignes P.E. et en couleur bleu foncé, faisant penser sensiblement à des CRS et portant des pistolets mitrailleurs marchent avec les foules. Au milieu de la place, debout sur une pile de journaux, un petit garçon tend à bout de bras un journal, identique aux autres.

PETIT GARCON (S’adressant à la foule)
Les tensions augmentent ! La France ferme ses frontières ! Charles Pellange dispose des pleins pouvoirs !

3 : EXT. – JOUR/COUR D’ECOLE PRIMAIRE.

Des enfants jouent dans la rue. A la sortie de l’école, des soldats attendent.

UN ENFANT
Ahhhhhhhhhhhhhhhhh !

Une foule d’enfants en frappe un. Une maîtresse arrive et écarte les élèves.

MAÎTRESSE
Poussez-vous ! Mais poussez-vous ! Arrêtez !

La maîtresse relève l’enfant. Son visage est en sang.

UN AUTRE ENFANT
Il a dit que le Père était nul et que c’était son père qu’avait dit ça !

La maîtresse regarde l’élève, choquée.

MAÎTRESSE
C’est vrai ?!

Le garçon baisse les yeux. Elle l’emmène alors vers l’intérieur et les autres enfants le suivent en criant.

4 : EXT – JOUR/VILLE.

La ville entière. Un immeuble vue au loin. Une énorme affiche se déplie de ce toit. L’affiche est rouge mais peu à peu, le visage d’un homme souriant domine.

5 : INT - ?/CAVE.

Un lieu sombre et sale. Aucune lumière naturelle, juste une ampoule qui éclaire mal. Un homme est assis, attaché à la chaise, les mains dans le dos. Un autre homme le passe à tabac tandis que deux hommes haut gradés, portant de longs manteaux gris ainsi qu’un chapeau, observe.

6 : EXT – FIN DE JOURNEE/BATEAU EN MER.

Un bateau de police en mer. Il ne s’agit pas des gardes côtes mais d’un bateau spécial abritant des prisonniers. Certaines fenêtres ont des barreaux. Un peu partout sur le navire, des gardiens de prison, armés font des tours de ronde. Le bateau se dirige vers le Fort Boyard.

7 : INT – FIN DE JOURNEE/FORT BOYARD.

Dans la cour du fort, des personnalités, toutes bien habillés. Un homme monte sur l’estrade et se place face aux invités. On l’applaudit. D’un modeste signe de main, il demande qu’on arrête de le saluer.

HOMME
Mesdames et messieurs, bonjour. On l’aurait oublié, mais, sous la Commune, le Fort Boyard a servi de prison puis, pendant la seconde guerre mondiale, de cibles d’entraînements aux Allemands. En 1961, l’Etat s’en sépare et depuis 1990, le Fort sert de lieu de tournage à l’émission éponyme. Aujourd’hui, l’Etat, pour des raisons nécessaires, a repris le lieu et l’a retransformé en prison. Un lieu où aucun homme ne pourra sortir. Des méduses à perte de vue dans l’eau, des gardiens dans toute la prison et sur les plages voisines ainsi que des rondes en bateau et aucun conduit ne menant à un éventuel passage avec la Terre ferme. Mesdames et messieurs, voici l’Alcatraz Française.

Encore une fois, la foule applaudit. Les portes s’ouvrent et une foule de prisonniers, à la queue leu leu, attaché l’un à l’autre aux pieds et aux poignés, avancent, précédés, suivit et entourés par des gardiens. On se tourne vers eux et on les applaudit.

HOMME
Il est évident que cette prison comprendra les plus dangereux criminels de l’Etat et qu’il ne s’agira pas de baby-sitting pour les petites frappes tels que les voleurs.

Une femme en robe rouge, aux airs de mannequin, lève la main.

HOMME
Oui, madame.

« MADAME »
Et que ferez-vous s’il n’y a plus assez de places ici. Après tout, c’est plus petit qu’Alcatraz.

La foule rie. L’homme sourit.

HOMME
Les hommes qui se comportent tels des bêtes n’ont qu’à bien se tenir. Nous les empilerons ici tout simplement et s’ils sont huit par cellule, quatre d’entres eux dormiront par terre ou tueront les autres pour avoir un lit. La loi de la jungle, la loi des bêtes.

« MADAME »
N’est-ce pas prendre exemple sur eux.

L’homme sourit. Il regarde la feuille des invités et entoure un nom, celui d’une femme : Marie, et écrit à côté : « pause trop de questions. » Il la regarde de nouveau.

HOMME
Nous sommes au service du peuple. L’homme désirant se comporter tel un animal doit être emmené dans un endroit où il pourra s’exprimer ainsi. Nous ne jouons pas leur jeu, nous leur faisons plaisir.

Encore une fois, la foule applaudit.

8 : EXT. – AVENUE DES CHAMPS ELYSEE/NUIT.

Des centaines de bougies allumées et de fleurs sont disposés devant l’Arc de Triomphe. Sur le monument, une immense photo du Dictateur, souriant et saluant la foule, s’y trouve accrochée. Cette foule est aussi réelle puisqu’un amas de personnes remplies les champs Elysée. Personne ne parle ni ne murmure, beaucoup prie. Sur un bouquet, il est écrit : « A notre Père, ton peuple t’aimera toujours. »

Publié : 26 janv. 2007, 22:31
par vénéina
J'ai bien aimé
Tu nous fais lire un scénario très clair, sans trop ni trop peu d'infos, dans un bon français; rien à ajouter sur la forme, si ce n'est qu'il y a toutefois quelques petites fautes d'orthographe hihihi :P mais c'est un détail (en plus, perso, je les repère chez les autres mais j'en laisse souvent passer chez moi :P )
Ah si autre chose: chaque personnage masculin est appelé "l'homme"; ça m'a un petit peu gênée pour m'y retrouver dans ma lecture.

Ensuite, sur le fond, j'ai aussi bien adhéré à l'histoire: c'est très intéressant d'écrire sur les élections, le pouvoir dictatorial et le contrôle des masses à l'époque actuelle... (d'ailleurs ça fait bizarre d'imaginer une dictature de la part d'un président représentant les travailleurs en France...)
Cette première lecture donne envie de lire la suite, et on reste sur notre fin en fait, avec ce simple extrait (qui est cet homme passé à tabac dans la cave ? pourquoi est-il retenu prisonnier ? que va-t-il se passer dans ce Alacatraz français ? Qui est cette belle Marie et va-t-elle réussir à dénoncer une apparente forme d'injustice au sein même de la justice française ?)
(au passage, j'ai adoré le coup de:
L’homme sourit. Il regarde la feuille des invités et entoure un nom, celui d’une femme : Marie, et écrit à côté : « pause trop de questions. » Il la regarde de nouveau.
!! ça m'a bien fait rire !)

pourquoi ne pas opter pour un moyen métrage ?
Pour ce qui est des réécritures constantes, c'est normal car tu repenses les choses d'une manière différente chaque jour qui passe à mesure que tu vis d'autres choses... Il faut aussi parfois essayer de prendre un peu de recul sur l'histoire, l'important étant de ne pas lâcher.

En tout cas, ce passage annonce des choses intéressantes :)

Publié : 27 janv. 2007, 12:14
par Nathan
Désolé de te décevoir mais la belle "Marie", l'homme passé à tabac, etc... ne seront plus vu le reste du film. Bien sûr, "l'Alcatraz Frenchie" sera un décor que l'on retrouvera mais ça ne se passe pas à la même époque. C'est pour montrer la dictature qui a duré avec la mort du dictateur, son remplaçant, etc... mais son remplaçant se trouve séq. 9 :P
J'ai écris la suite qui pour l'instant restera secrète. Si tu veux lire l'original, le moyen métrage, en attendant, il est sur le forum, un peu plus bas.
Il est aussi très important pour moi de ne jamais montrer le dictateur autre qu'en photo ou peinture, donner un côté intouchable à ce "saint homme" (<-- ironique).
En gros, j'attaque maintenant la partie de la mère.
En attendant, merci pour ta critique. Eh oui, les fautes, tout le monde en fait, c'est pour ça qu'on est humain !!!

Publié : 28 janv. 2007, 10:11
par vénéina
Désolé de te décevoir mais la belle "Marie", l'homme passé à tabac, etc... ne seront plus vu le reste du film
Je commençais à me faire mes films hihihi :P Mais bon, je te fais confiance: si tu as opté pour la suppression de ces personnages, c'est que c'était mieux ainsi.
mais son remplaçant se trouve séq. 9
:o :o :o mééé euuuh ! Frustratiooooon !
J'ai écris la suite qui pour l'instant restera secrète.
Ok chef, mais j'espère qu'on pourra la lire un de ces 4.
J'aime beaucoup l'idée du dictateur intouchable qui ne reste finalement qu'une image (très bonne critique du représentant politique)
J'irai biensûr lire le moyen métrage mais en tout cas, c'est cool de nous faire partager l'évolution de ce projet !

Publié : 28 janv. 2007, 21:07
par Nathan
vénéina a écrit :si tu as opté pour la suppression de ces personnages, c'est que c'était mieux ainsi.
En fait, les protagonistes sont : un jeune adolescent de quinze ans, une jeune mère de vingt-cinq ans, un vieil ivrogne, un prisonnier, un ogre, un dictateur qu'on ne voit jamais, deux agents des services secrets, et un chien errant.

vénéina a écrit :
Nathan a écrit :mais son remplaçant se trouve séq. 9
:o :o :o mééé euuuh ! Frustratiooooon !
T'inquiète, c'est une petite séquence, soit pas frustrée :D et puis, ça viendra quand même ces séquences.

J'aime beaucoup l'idée du dictateur intouchable qui ne reste finalement qu'une image (très bonne critique du représentant politique)
Oui, moi aussi.[/quote]

Publié : 29 janv. 2007, 10:23
par vénéina
Merci de ces infos Nathan !
Je suis allée lire le moyen, et c'est très bien, je confirme: d'un point de vue scénaristique, pour ce que j'en connais et d'après mon avis de simple lectrice, c'est très clair, bien raconté, et facilement imaginable.

Pour ce qui est de l'histoire en elle-même, l'ogre change complètement l'idée que je m'en faisais en ayant lu le court ci-dessus, mais je trouve cette part de mysticisme d'autant plus intéressante qu'elle se mêle à une réalité très plausible: un dictateur, des boeufs qui se laissent dominer quand bien même on leur ôte toute forme de liberté... Ce scénario aurait pris une toute autre tournure sans l'ogre qui vient casser cette réalité: un élément légendaire vient se mêler à une histoire qui aurait très bien pu être la nôtre politiquement parlant, et qui a été celle de beaucoup trop de pays, mais qui cette fois, dans ton histoire, sera forcément différente car tu y mets un être sorti de l'imaginaire de l'homme... Un être en plus relativement puissant !

Je compte sur toi pour nous tenir au courant de la suite de l'écriture, surtout !

Publié : 30 janv. 2007, 18:37
par Nathan
Tiens, tu voulais la suite, la voici !!! Bon, on est encore loin du chef d'oeuvre mais c'est toujours la première version hein ! Qu'on ne s'inquiète pas. Tu trouveras : des séquences à inverser, des dialogues en trop, des dialogues inutiles, etc...



9 : EXT – JOUR/VILLE.

L’immense photo du Père se retrouve cachée par la photo d’un autre homme, au regard plus sévère.

10 : INT. – NUIT/VIEILLE MAISON.

Des coups dans la porte d’entrée. La maison est en bois. La porte cède par un bélier et entre des hommes en costume noir, au visage caché par un masque. Ils pénètrent dans toute la maison, renverse les objets par terre. Deux hommes s’entraident à faire tomber une étagère remplie de livres. Derrière celle-ci, se trouve un coffre.

10bis : INT. – NUIT/VIEILLE MAISON.

Les hommes en costume font sauter le coffre. Ils regardent à l’intérieur. Des fusils mitrailleurs ainsi que des prospectus s’y trouvent. Un des hommes prend un prospectus et le regarde. Il y est écrit des choses contre le Dictateur, contre le « Chef ».

10ter : INT. – NUIT/VIEILLE MAISON.

Les hommes en costume mettent le feu dans toute la maison puis sortent. Le feu gagne toute la maison.

11 : EXT. – JOUR/RUELLES SOMBRES.

Des hommes portant ses longs manteaux gris et les chapeaux frappent un homme au sol avec des coups de pied.

Tout le générique se fait sur ces précédentes séquences.

12 : EXT. – AUBE/VILLE (Pas Paris).

La ville. Le ciel est bleuté, les usines dégagent énormément de pollution. Une inscription apparaît : France, 2127.

13 : EXT. – JOUR/MAISON DE LA MERE.

Un jardin aux airs abandonnés, une barrière en bois cassée. Une voiture noire aux vitres teintées arrivent et se garent devant la barrière. Deux hommes en imperméable gris et portant un chapeau sortent. Ils claquent leur porte.

Inscription sur du noir : La Mère

Les deux hommes avancent vers l’entrée. L’un d’eux frappe à la porte. Il porte des gants en cuir. Ils attendent.

HOMME DES SERVICES SECRETS 1
Madame ! Ici les Services Secrets !

L’homme des services secrets 1 frappe de nouveau, bien plus fort.

HOMME DES SERVICES SECRETS 1
Madame ! Ouvrez la porte ou nous la défoncerons !

L’homme des Services Secrets 1 sort son arme et le pointe sur la serrure de la porte. A cet instant, la porte s’ouvre. Une femme en pleure, donnant le sein à un bébé, ouvre la porte. Les hommes entrent sans attendre la moindre invitation.

14 : INT. – JOUR/MAISON DE LA MERE.

La mère ferme la porte.

MERE
Vous venez pour…

HOMME DES SERVICES SECRETS 1
… la disparition de votre fils.

Les hommes inspectent du regard le salon, plutôt vide. L’endroit st peu meublé, les choses rudimentaires sont entassées sur les meubles. De la viande mal emballée traîne sur un meuble aux côtés des quelques couverts pas très propre. Dans un coin se trouve les accessoires pour le ménage : balai, brosse, seau,… Sur un mur, trois photos sont accrochés, proches l’une des autres. La première est une photo de la mère avec un homme lorsqu’elle est enceinte. Ils sont pauvres mais heureux. La seconde ne représente que l’enfant, encore bébé, et la mère. La mère, le bébé devenu un garçon et un autre nourrisson pose pour la troisième photo.

HOMME DES SERVICES SECRETS 1
Vous vivez seule ici ?

L’homme n’a pas la politesse de se retourner vers la mère pour parler. Il inspecte les lieux. Le deuxième homme prend dans sa main un ours en peluche, le regarde et jette un coup d’œil à son collègue avant de le reposer.

MERE
Oui.

HOMME DES SERVICES SECRETS 1
Pas de pères ?

MERE
Il y en a plusieurs…

L’homme des services secrets 1 se tourne vers la Mère.

HOMME DES SERVICES SECRETS 1
Vous êtes prostituées ?

MERE
Je travaille à l’usine.

L’homme sort un carnet et un stylo.

HOMME DES SERVICES SECRETS 1
Vous connaissez les noms des pères ?

MERE
Du premier, oui.

L’homme des services secrets 2 regarde maintenant les photos.

HOMME DES SERVICES SECRETS 2
C’est celui-ci qui nous intéresse…

MERE
Pourquoi ?

HOMME DES SERVICES SECRETS 2
Qui aurait pu enlever le gamin ? A part son père…

MERE
L’ogre ?

Le regard des hommes devient plus grave.

HOMME DES SERVICES SECRETS 1
Il n’existe aucun ogre. C’est un conte.

MERE
Il a été vu dans des rues, le soir.

L’homme 2 avance alors vers la Mère.

HOMME DES SERVICES SECRETS 1
Madame, cet ogre n’existe pas mais si vous continuez à insister, nous serons dans l’obligation de vous arrêter pour trouble de l’ordre publique et manipulation des masses.

La mère fait un signe de tête en signe de compréhension.

HOMME DES SERVICES SECRETS 1
Maintenant, vous allez nous donner le nom du père et nous irons faire une perquisition chez lui. S’il n’a pas l’enfant avec lui, nous continuerons nos recherches.

15 : EXT. – JOUR/MAISON DE LA MERE.

La voiture repart. La Mère, à l’intérieur, observe le départ.

16 : EXT. – JOUR/BORD DE RIVE.

Un vieil homme ressemblant à un vieux marin ivre sans pipe ni casquette, boit une bière en regardant au loin, le fleuve disparaître. Un chien errant arrive et se couche aux côtés du vieil homme. Il détache son regard du paysage et observe le chien.

VIEIL HOMME
Ca va ?

Le chien lui rend son regard puis pose son museau par terre. Le vieil homme commence à le caresser.

VIEIL HOMME
Qu’est ce que tu viens faire ici ? J’ai pas besoin de toi. Il y a des gens qui seraient mieux que moi en ta présence, tu crois pas ?

Le vieil homme se lève. Il le regarde…

VIEIL HOMME
« Va, je ne te hais point. »

…puis observe le fleuve disparaître dans le méandre. Il commence à marcher, s’éloignant du chien. L’animal relève la gueule et voit le vieil homme partir. Il aboie. Pas de réponse. Le vieil homme continu son chemin. Le chien se lève alors et court vers l’homme qu’il a choisi comme nouveau maître. Il va vers lui en aboyant.

VIEIL HOMME (Continuant la route)
Ah bah, tu viens alors ?!

17 : INT. – JOUR/MATERNITE.

Des enfants de tout âge gardés par des femmes. Des pleurs, des cris, des rires. La mère est au côté d’une femme. Elle porte toujours son bébé.

MERE
Gardes-le moi s’il te plaît. Je dois le retrouver.

NOURRISSE
Et ton travail ?

MERE
J’ai arrêté. Je dois partir à la recherche de mon fils.

NOURRISSE
Mais tu vas commencer par quoi ? Je ne peux pas prendre ton fils jusqu’à ces vingt ans !

MERE
Ce sera le temps de quelques jours !

NOURRISSE
On est complet, on manque d’effectifs ! Je vais devoir te faire payer chaque jour !

MERE
D’accord. J’ai quelques économies.

La Mère sort d’une de ses poches quelques pièces et les met dans la main de la nourrisse. Elle lui donne alors son enfant. La mère caresse affectueusement son enfant et lui donne un baiser sur le front.

MERE
Maman revient vite, ne t’inquiète pas.

La mère part.

18 : INT. – JOUR/CAVE.

Un simple carreau éclaire la cave, à l’air glauque. Un tuyau est percé et laisse tomber des gouttes d’eau à intervalle régulier. La pièce est alors inondée. La mère ouvre la porte, descend les quelques marches et avance vers un meuble suspendu, à moitié cassé. Elle ouvre une des portes et en sort un revolver à six coups. Elle prend les balles, jette celles qui sont usées. Il n’en reste qu’une qu’elle met dans le barillet. Elle range alors l’arme dans sa poche et sort de la cave.

19 : INT. – JOUR/CHAMBRE.

Les deux hommes des Services Secrets sont dans la chambre. L’endroit montre que les habitants sont très pauvres. Ils sont faces à un homme attaché à un radiateur. Il porte des habits sales et déchirés. Il saigne. L’homme des Services Secrets 1 sort de la pièce. Le second, qui fume une cigarette, prend son mégot et le pose délicatement sur le lit. L’homme tremble. L’homme 2 avance vers l’agressé et s’accroupi pour être à sa hauteur.

HOMME DES SERVICES SECRETS 2
C’est ta dernière chance. Où as-tu mis l’enfant ?

AGRESSE
Pitié… Je ne sais pas… Ce n’est pas moi…

L’homme 2 se tourne vers le mégot qui brûle la couverture sur le lit.

HOMME DES SERVICES SECRETS 2
A notre époque, les pompiers mettent du temps à venir hein. Et toi, tu vas mettre combien de temps pour te libérer ?

AGRESSE
Pitié…

L’homme 2 se relève.

HOMME DES SERVICES SECRETS 2
Je n’ai aucune pitié.

L’homme 2 sort à son tour.

20 : INT. – JOUR/VOITURE/décor extérieur : rue.

L’homme 1 attend dans la voiture, moteur en marche. Le second arrive, entre dans la voiture.

HOMME DES SERVICES SECRETS 1
On fait quoi ?

HOMME DES SERVICES SECRETS 2
Comment ça ?

HOMME DES SERVICES SECRETS 1
Il n’existe pas d’ogre. C’est forcément un habitant, quelqu’un qui pouvait pas avoir d’enfants. Qui irait voler une pauvre d’un gamin ? A moins qu’il ne s’agisse d’un de ses anciens clients convaincu que l’enfant est son fils.

HOMME DES SERVICES SECRETS 2
On s’en fout. On est pas payé pour trouver des gosses. L’affaire ne remontra jamais aux oreilles du patron.

HOMME DES SERVICES SECRETS 1
Il y a eu un appel pendant ton absence. L’Autre a encore fait un sacré coup.

HOMME DES SERVICES SECRETS 2
Bah voilà ce qu’on fait. On y va.

L’homme des Services Secrets 1 avance. A côté, la maison prend feu.

21 : EXT. – JOUR/JARDIN D’UNE MAISON.

Les deux hommes des services secrets arrivent devant l’entrée de la maison. Le premier montre sa carte et le policier les laisse entrer. C’est un policier en uniforme comme ceux de notre époque. Ils avancent dans le jardin. Il s’agit d’une grande maison, entretenue.

HOMME DES SERVICES SECRETS 1 (Présentant sa carte)
Services secrets.

Un policier en civil avance vers les deux hommes.

LIEUTENANT DE POLICE
En quoi l’enquête vous concerne ?

HOMME DES SERVICES SECRETS 1 (Souriant)
Toutes les enquêtes nous concernent, lieutenant. Que pouvez-vous nous dire ?

LIEUTENANT DE POLICE
C’est un coup de l’ogre, encore une fois.

HOMME DES SERVICES SECRETS 1
Puis-je me permettre de savoir qui appelez-vous « ogre » ?

LIEUTENANT DE POLICE
C’est le nom que le peuple lui a donné.

HOMME DES SERVICES SECRETS 1
Et vous suivez le peuple ?

LIEUTENANT DE POLICE
Ce n’est qu’un nom…

HOMME DES SERVICES SECRETS 1
Et ce nom, que va-t-il faire si ce n’est accroître sa popularité. Si vous ne souhaitez pas vous retrouver au chômage, rayez le nom « ogre » de votre vocabulaire. C’est ainsi que les criminels deviennent des mythes. Connaissez-vous Jack l’Eventreur ?

Le lieutenant de police hausse les épaules.

LIEUTENANT DE POLICE
Non.

HOMME DES SERVICES SECRETS 1
Jack l’Eventreur était un meurtrier qui assassinait de riches bourgeoises dans la capitale Française. Pendant quelques années, la populace a été terriblement horrifiée à l’idée que ce Jack vienne s’en prendre à eux. Il a eu son nom. Et personne ne l’a oublié. Pendant un certain temps bien sûr. Il a été retrouvé et assassiné pour ses péchés. C’était à l’époque de notre défunt Père.

LIEUTENANT DE POLICE
Où voulez-vous en venir ?

HOMME DES SERVICES SECRETS 1
Que si cet homme reste gravé dans les esprits, il ne sera jamais oublié. Et il est important qu’il tombe dans l’oubli. Pour vous, pour moi…

HOMME DES SERVICES SECRETS 2
Que s’est-il passé ?

LIEUTENANT DE POLICE
Rien.

HOMME DES SERVICES SECRETS 2
Comment ça « rien » ?

LIEUTENANT DE POLICE
L’ogr… l’homme a été vu par les occupants de la maison. Il a prit la fuite. Le chef de famille l’a blessé.

HOMME DES SERVICES SECRETS 2
Pouvons-nous l’interroger ?

LIEUTENANT DE POLICE
Ai-je le choix ?

Pas de réponse.

LIEUTENANT DE POLICE (Capitulant)
Je vous les amène.

Le lieutenant décroche son talkie-walkie de sa ceinture et parle dedans.

LIEUTENANT DE POLICE
Ramenez la famille. Les Services Secrets voudraient leur parler.

Il range son talkie. Un blanc s’installe. Les hommes des Services regardent le policier.

HOMME DES SERVICES SECRETS 1
N’avez-vous rien de mieux à faire que de nous regarder ?

Le lieutenant hoche la tête en signe de compréhension.

LIEUTENANT DE POLICE
J’ai une question.

HOMME DES SERVICES SECRETS 1
Allez-y.

LIEUTENANT DE POLICE
Pourquoi être dans des Services dit « Secrets », si on vous reconnaît dans la rue ?

HOMME DES SERVICES SECRETS 1
Ce n’est pas nous qui sommes des secrets, lieutenant. Ce sont nos affaires. Disposez.

Le lieutenant part. Un couple de bourgeois sort de la maison. Ils portent les insignes du parti. Ils sont âgés d’une cinquantaine d’années. L’homme a un fusil de chasse entre les mains.

BOURGEOIS HOMME
Messieurs. C’est avec grand plaisir que je vous aiderai. Malgré les perturbations, nous restons chez nous et nous nous devons, ma femme et moi, de vous accueillir comme des hommes de votre rang. Désirez-vous boire quelque chose ?

22 : INT. – JOUR/MAISON DES BOURGEOIS.

La femme sert le thé. Aux côtés du bourgeois, son fusil. Les deux hommes des Services Secrets sont dans des fauteuils. L’homme des Services Secrets 2 prend un biscuit qu’il mange.

HOMME DES SERVICES SECRETS 2
Merci de votre hospitalité.

BOURGEOIS HOMME
Vous n’êtes pas n’importe qui. Nous sommes de grands partisans du parti. C’est avec un réel plaisir que nous souhaitons contribuer à l’arrestation de cet homme grotesque.

HOMME DES SERVICES SECRETS 1
Grotesque ?

La femme s’installe.

BOURGEOIS FEMME
Il portait des habits rudimentaires. Une grosse combinaison, on aurait dit.

BOURGEOIS HOMME
Et des lunettes pour voir dans le noir je crois. Quand j’ai allumé la lumière, il était comme… aveuglé.

Les hommes des Services font des signes de tête en signe de compréhension.

BOURGEOIS FEMME
Il portait une hache en métal. Une très belle hache comme si elle était neuve.

BOURGEOIS HOMME
Mais on dirait qu’il ne voulait pas s’en servir. Comme s’il s’agissait d’un gadget pour…

HOMME DES SERVICES SECRETS 2
… être un ogre.

BOURGEOIS HOMME
C’est ça.

HOMME DES SERVICES SECRETS 1
Vous comprendrez parfaitement que ce nom doit absolument sortir de votre vocabulaire lorsque vous parlerez de lui.

BOURGEOIS FEMME
Voyez-vous des enfants ici, monsieur.

Les deux hommes des services ne répondent pas.

BOURGEOIS FEMME
Alors pourquoi parlerons-nous d’ogre si cet homme s’infiltre dans les maisons où aucun enfant ne vit.

Le bourgeois prend son fusil et le tend aux hommes.

BOURGEOIS HOMME
Je l’ai blessé avec ça. Ca a dû faire du grabuge, il devrait aller à l’hôpital.

L’homme des Services Secret 1 prend l’arme. Il se lève, suivit par son compagnon.

HOMME DES SERVICES SECRETS 1
La police mènera parfaitement le reste de l’enquête. Nous continuons les recherches. Je ferai part de votre collaboration dans le rapport. Vous aurez bonne figure auprès du Père.


J'espère que ça t'a plu/vous a plu. Pour te mettre (j'espère toujours) l'eau à la bouche, tu trouveras peut-être bientôt (dans ta prochaine lecture) : un ogre, un prisonnier du fort Boyard, un pervers,...