La théorie de votre scénario
Publié : 18 mars 2007, 20:18
Les quelques textes qui vont suivre sur "les 36 situations dramatiques", "la théorie de votre scénario", "le fil conducteur" et "le scénariste face à son projet", ont été écrits par Jean-Marie ROTH dans le cadre de scénario-mag.com. Merci à lui pour son aimable autorisation quant à la diffusion de ses (ces) cours sur ce forum.
Quel film avez-vous vu hier ? Quel téléfilm regarderez-vous ce soir ? Devant l'épisode de quelle série vous endormirez-vous demain ?
Non, non, ce n'est pas de l'inquisition, ni de l'intrusion dans votre vie privée, mais sachez que derrière toute fiction, sans exception, se cache une théorie.
Ce n'est pas vraiment le "comment du pourquoi" mais plutôt le "pourquoi du comment". Je m'explique.
Pour penser, créer puis écrire votre scénario, vous avez pris soin - doués que vous êtes - de placer vos personnages dans des situations prenantes et palpitantes. Que ce soit vis-à-vis d'un danger immédiat ou, de façon plus émotionnelle, voire plus intellectuelle, vis-à-vis de choix de vie.
Qu'il soit dans le sensationnel ou dans la sensation, toujours est-il que votre personnage vit une, cinq, dix ou mille choses différentes, face aux situations que vous créez pour ou contre lui (le pauvre !). Puis, au bout du compte, au terme de l'histoire, votre personnage réussit ou échoue. Il parvient à épouser sa boulangère ou le métier de footballeur. Il se suicide grièvement ou meurt au front d'une balle au même endroit.
Tout cela, évidemment, et vous en êtes conscient, pourra sembler juste ou injuste au spectateur. Moral ou immoral, voire amoral.
Votre personnage se retrouve en tôle alors que c'était un garçon en or, ou il finit riche maroquinier après avoir volé les sacs à main de centaines de vieilles dames.
Mais quoi qu'il en soit, votre personnage aura une fin, sa fin, enfin celle que vous aurez choisie et voulue pour lui.
Et c'est là, dans cette fin, dans ce choix, que se comprendra ou se confirmera la théorie de votre film, la "morale" de l'histoire pourrais-je dire : le "pourquoi du comment" en tous cas.
"La naïveté permet de l'emporter sur les événements de la vie".
De quel film est-ce la théorie ?
Oui, bravo, "Forrest Gump". Vous êtes très fort !
"Les services secrets détiennent tous les pouvoirs, même celui de faire assassiner le président de leur pays".
Là, il peut aussi bien s'agir de "JFK" que de "I comme Icare".
"L'amour ne dépend pas forcément de la beauté physique"
Il y a au-moins 53 films, voire 54, qui adoptent cette théorie.
Vous pensez tous à "La Belle et la Bête", en passant par "Trop belle pour toi" ou "Fortuna".
"Le bien finit toujours par l'emporter sur le mal".
Alors là on ne compte plus. Quasiment tous les films policiers (hormis Usual Suspect et quelques autres rares exceptions) abritent cette théorie. Mais c'est également vrai pour les films d'aventure (Idiana Jones - James Bond) et, peu ou prou, pour tous les autres genres. C'est une théorie universellement employée.
Si vous narrez un divorce en vous attachant autant au point de vue de la femme qu'à celui de l'homme, vous pouvez aboutir à un semblant de plusieurs théories.
Cela étant, il restera toujours une théorie majeure et unique qui ne dépendra plus des points de vue de vos personnages mais de votre façon d'amener les choses. En ce sens, il serait juste d'affirmer qu'un film comporte toujours une théorie principale et, éventuellement, une ou plusieurs "sous théories".
J'irai même jusqu'à dire que nombre de scénaristes ne songent même pas au fait qu'une théorie se dégagera de leur histoire. Ce qui ne les empêche d'ailleurs pas d'écrire leur scénario.
Simplement, puisque l'on sait que tout film contient obligatoirement sa théorie, il est tout de même préférable d'en être conscient au moment d'écrire, et de réfléchir préalablement au message que vous voulez et allez faire passer.
Même si votre film n'est pas un "film à message" et que vous n'avez de volonté particulière à ce niveau. Essayez au-moins d'avoir une préférence.
De plus, cela aide l'écriture et évite souvent de se contredire.
En conclusion, je dirais que ma théorie dominante est qu'il ne faut jamais négliger sa théorie… enfin, théoriquement.
- LA THÉORIE DE VOTRE SCÉNARIO
Quel film avez-vous vu hier ? Quel téléfilm regarderez-vous ce soir ? Devant l'épisode de quelle série vous endormirez-vous demain ?
Non, non, ce n'est pas de l'inquisition, ni de l'intrusion dans votre vie privée, mais sachez que derrière toute fiction, sans exception, se cache une théorie.
- QU'EST-CE QU'UNE THEORIE ?
Ce n'est pas vraiment le "comment du pourquoi" mais plutôt le "pourquoi du comment". Je m'explique.
Pour penser, créer puis écrire votre scénario, vous avez pris soin - doués que vous êtes - de placer vos personnages dans des situations prenantes et palpitantes. Que ce soit vis-à-vis d'un danger immédiat ou, de façon plus émotionnelle, voire plus intellectuelle, vis-à-vis de choix de vie.
Qu'il soit dans le sensationnel ou dans la sensation, toujours est-il que votre personnage vit une, cinq, dix ou mille choses différentes, face aux situations que vous créez pour ou contre lui (le pauvre !). Puis, au bout du compte, au terme de l'histoire, votre personnage réussit ou échoue. Il parvient à épouser sa boulangère ou le métier de footballeur. Il se suicide grièvement ou meurt au front d'une balle au même endroit.
Tout cela, évidemment, et vous en êtes conscient, pourra sembler juste ou injuste au spectateur. Moral ou immoral, voire amoral.
Votre personnage se retrouve en tôle alors que c'était un garçon en or, ou il finit riche maroquinier après avoir volé les sacs à main de centaines de vieilles dames.
Mais quoi qu'il en soit, votre personnage aura une fin, sa fin, enfin celle que vous aurez choisie et voulue pour lui.
Et c'est là, dans cette fin, dans ce choix, que se comprendra ou se confirmera la théorie de votre film, la "morale" de l'histoire pourrais-je dire : le "pourquoi du comment" en tous cas.
- QUELQUES EXEMPLES
"La naïveté permet de l'emporter sur les événements de la vie".
De quel film est-ce la théorie ?
Oui, bravo, "Forrest Gump". Vous êtes très fort !
"Les services secrets détiennent tous les pouvoirs, même celui de faire assassiner le président de leur pays".
Là, il peut aussi bien s'agir de "JFK" que de "I comme Icare".
"L'amour ne dépend pas forcément de la beauté physique"
Il y a au-moins 53 films, voire 54, qui adoptent cette théorie.
Vous pensez tous à "La Belle et la Bête", en passant par "Trop belle pour toi" ou "Fortuna".
"Le bien finit toujours par l'emporter sur le mal".
Alors là on ne compte plus. Quasiment tous les films policiers (hormis Usual Suspect et quelques autres rares exceptions) abritent cette théorie. Mais c'est également vrai pour les films d'aventure (Idiana Jones - James Bond) et, peu ou prou, pour tous les autres genres. C'est une théorie universellement employée.
- L'ACCUMULATION DES THÉORIES
Si vous narrez un divorce en vous attachant autant au point de vue de la femme qu'à celui de l'homme, vous pouvez aboutir à un semblant de plusieurs théories.
Cela étant, il restera toujours une théorie majeure et unique qui ne dépendra plus des points de vue de vos personnages mais de votre façon d'amener les choses. En ce sens, il serait juste d'affirmer qu'un film comporte toujours une théorie principale et, éventuellement, une ou plusieurs "sous théories".
- LE SCÉNARISTE FACE À SA THÉORIE
J'irai même jusqu'à dire que nombre de scénaristes ne songent même pas au fait qu'une théorie se dégagera de leur histoire. Ce qui ne les empêche d'ailleurs pas d'écrire leur scénario.
Simplement, puisque l'on sait que tout film contient obligatoirement sa théorie, il est tout de même préférable d'en être conscient au moment d'écrire, et de réfléchir préalablement au message que vous voulez et allez faire passer.
Même si votre film n'est pas un "film à message" et que vous n'avez de volonté particulière à ce niveau. Essayez au-moins d'avoir une préférence.
De plus, cela aide l'écriture et évite souvent de se contredire.
- CAS D'EXCEPTION
En conclusion, je dirais que ma théorie dominante est qu'il ne faut jamais négliger sa théorie… enfin, théoriquement.
- Jean Marie ROTH