Le cinéma est-il vraiment en crise ?

[Baptiste]

J'ai pensé à écrire ce post suite au débat qui commençait avec Kiçah sur le fil du film de Lartigau.

Prete-moi ta main, le film d'Eric Lartigau avec Alain Chabat et Charlotte Gainsbourg vient de réaliser un superbe score au box-office: 941 081 entrées en première semaine (de mercredi à dimanche). Les prévisions lui prévoient un cumul de 4 Millions de spectateurs !. Mais surtout, le film réalise le meilleur score de Taux de satisfaction (74%) selon l'observatoire de la satisfaction... (*)

Preuve que les bonnes comédies françaises ont encore la côte. Ca fait aussi plaisir de voir deux films français en tête du Box office. Ne le Dis à Personne de Guillaume Canet à réalisé lui aussi une très bonne entrée reunisant 746 652 spectateurs...

On parle encore de "crise" du cinéma ??

(*) Source Ecran Total.

Comme je pense que le débat mérite d'être posé. Cela serait intéressant d'avoir la participation des historiens de cinéma pour nous indiquer un peu les différentes crises que le cinéma a dû affronter. Aujourd'hui on parle beaucoup de la baisse de fréquentation en salle et de la diminution des achat DVD (environ 13%) mais un score comme celui du film de Lartigau n'est-il pas au contraire un signe de bonne santé pour le cinéma et qui plus est le cinéma français ?


Baptiste

[Kiçkah]

le meilleur score de Taux de satisfaction (74%) selon l'observatoire de la satisfaction... (*)

On parle encore de "crise" du cinéma ??

(*) Source Ecran Total.

Si là où 1 film "réussit" (financièrement en dégageant de conséquents bénéfices), 50 échouent (à payer tous les intervenants), je trouve qu'on peut parler de crise: surtout que cela réduit considérablement la multiplicité d'expressions possibles: bref, un appauvrissement de la production cinématographique.

Concernant le Taux de satisfaction, je n'ai pas bien compris à quoi ce ce critère correspondait: tu peux nous éclairer ?

[Baptiste]

Si là où 1 film "réussit" (financièrement en dégageant de conséquents bénéfices), 50 échouent (à payer tous les intervenants), je trouve qu'on peut parler de crise: surtout que cela réduit considérablement la multiplicité d'expressions possibles: bref, un appauvrissement de la production cinématographique.

Ce qui m'intéresse avant tout Kiçkah c'est d'étudier du point de vue de la fréquentation en salle mais effectivement aussi du point de vue de la production.

Les bons scores des films français dernièrement donnent un espoir, à mon sens, à toute la filière.

Baptiste

[Nathan]

Débat intéressant quoique difficile...

mais un score comme celui du film de Lartigau n'est-il pas au contraire un signe de bonne santé pour le cinéma et qui plus est le cinéma français ?

Certes Baptiste, cependant, on ne peut pas parler de la crise du cinéma en prenant comme exemple un seul qui, qui plus est "Prête-moi ta main". En plus, il s'agit d'un film avec Alain Chabat : succès garanti ! Rappelons-nous d'Astérix : Mission Cléopatre où se trouve une grande partie de la crème Française (Clavier et Depardieu pour les nostalgiques, Chabat, Debbouze, Baer, Bellucci, Darmon,...).

Le cinéma en France a eu beaucoup de chance de survivre après la guerre grâce à deux points. En tout premier lieu, le CNC et aussi l'arrivée une quinzaine d'années après du nouveau cinéma que tous les pays ont copié : la nouvelle vague.
Un pays comme l'Italie par exemple a eu son genre nouveau, le néo-réalisme mais n'a jamais bénéficié d'une structure visant a aidé leur cinéma nationnale. Alors quoi ? Après le néo-réalisme, de nouveau réalisateur, Mario Bava et Dario Argento, réalisateur de film B ou Z, comme on veut, d'un genre presqu'inconnu : le giallo qui mêle horreur et sexe. Des films quasi méconnus. Aujourd'hui, le cinéma Italien est toujours en crise même s'il tente de refaire surface avec de très bons films. Mais que sera-t-il de ses films dans dix ans si personne, à l'étranger ne souhaite les diffuser ?
La France ne s'en sort pas si mal. Comment pouvons-nous dire que nous sommes en crise alors que nous avons le meilleur cinéma en Europe ???
Certes, nous ne rentrons pas toujours dans nos frais mais nous n'avons pas la même population qu'au Etats-Unis ou en Inde (dans le premier pays, tous les films exportés sont bénéfiques et sont déjà rentrés dans leurs frais rien qu'avec le public US. dans le deuxième cas, ils exportent très peu car ils rentrent déjà dans leur frais... Logique vu leur population).
En fait, Kiçkah, je crois qu'il ne s'agit pas d'un film sur cinquante mais d'un sur cent !
Avec une baisse de fréquentation, nous aurons peut-être une baisse du prix du DVD, d'une baisse du prix de la pla-place de cinéma. Mais l'acteur qui se fait payer trois millions sur un film et qui enchaîne cinq longs l'année, est-ce normal aussi ?

[Link Hasriel]

Je rapprocherais votre ratio d'un autre que j'ai pu lire dans un manuel d'économie du cinéma : celui du nombre de films rentabilisés avec la seule sortie en salles. Exploit peu banal puisque les filmes à le réaliser se comptent sur les doigts d'une main par année. Sachant que la production française tourne autour de 200 à 300 films produits annuellement, on peut effectivement considérer comme un pourcent le nombre de films à avoir marché.

Cela ne veut pas pour autant dire que le cinéma est déficitiaire sur 99% de ses projets ! Beaucoup sont remboursés plus tard, avec les droits de diffusion ou les ventes sur support numérique.

Après, le terme de crise est-il toujours d'actualité ? Là il faudrait l'avis d'un spécialiste, ceci dit, beaucoup s'accordent pour dire qu'est advenu ces dernières années un léger mieux, notamment du à quelques productions aux résultats surprenants (Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain, Mission Cléopâtre, Les Choristes, etc).

[karl]

Rien de mieux que quelques chiffres pour commencer :

Selon les dernières estimations du service des études, la fréquentation cinématographique atteint 9,88 millions d’entrées au mois de septembre 2006, soit 20,2 % de plus qu’en septembre 2005. Sur les neuf premiers mois de 2006, 138,11 millions d’entrées ont été réalisées, soit 13,1 % de plus que sur les neuf premiers mois de 2005.
Sur les 12 derniers mois écoulés, les entrées dans les salles sont estimées à 191 millions, ce qui constitue une progression de 9,4 % par rapport aux 12 mois précédents.

La part de marché des films français est estimée à 42,0 % sur les neuf premiers mois de 2006, contre 36,6 % sur les neuf premiers mois de 2005. Sur les 12 derniers mois, elle est estimée à 40,6 %. Sur la même période, la part de marché du film américain serait de 44,1 % et celle des autres films de 15,3 %.

© 2006 - CNC - Centre national de la cinématographie

Cela semble indiquer que la situation n'est pas en pleine crise. En tout cas, ça me rassure !
Et n'oublions pas que le cinéma français s'exporte aussi, dans le monde entier, grâce entre autres à Unifrance, qui est "l'organisme chargé de la promotion du cinéma français dans le monde", qui fut dirigé un certain temps par Daniel Toscan du Plantier et qui nous prouve que le cinéma français voyage et plaît.

Karl

[harjet]

En crise ?

Je ne crois pas vraiment. Si on se base sur la fréquentation, on remarques que quand il y a des bons films au cinéma, les gens y vont. Plus il y a de bons films et plus les gens remplissent les salles. Si le cinéma était en crise, les salles seraient vides, ce n'est pas/plus le cas.

Après, nous sommes dans le top 5 des pays producteur de films. Certains de nos voisins européens aimeraient en sortir autant que nous. Quand un film (français, américain...) cartonne, il rapporte des sous au CNC (je crois que c'est 10% de la place de ciné). Cet argent sert à produire des films "uniquement" français. Sans parler des Chaines qui doivent investir dans le cinéma français.

Justement, la semaine dernière dans Bord Cadre (l'émission de CinéCinéma), ils recevaient Deux réals et un Producteur, au sujet des films petit budget.
Ils disaient qu'en france il n'y a plus de "moyen" budget. En gros les films se montent pour 1,5 - 4 millions d'euros et pour + de 7,5 millions. Dans les petits budgets, pas de Grandes Stars et équipes sous-payées.
Donc, 300 000 entrée pour un petit budget est une réussite et 4 000 000 d'entrée pour un Astérix est un flop.

En plus, notre cinéma s'exporte de mieux en mieux. Surtout aux USA (pays hermétique car ils n'aiment pas le doublage, on les comprends et ils n'aiment pas les sous-titres, on ne les comprends pas), et bien nous sommes loin devant tout le monde là-bas. (je crois qu'on représente 1 ou 2 % des films). Avec comme exemple récent, La marche de l'empereur.

Tant qu'il y aura des "petits" films dans les salles qui trouveront leur public, et des gros blockbusters qui cartonneront, on ne sera pas vraiment en crise. Et plus important encore, tant que le pop-corn coulera à flot, les cinémas resteront ouvert