
EXTERIEUR/CHAMPS DE BATAILLE/JOUR
Une femme accroupie pleure. Elle porte une armure rudimentaire : des canons d’avant bras, des jambières, et un bouclier. Son glaive est planté à côté d’elle, dans le sol. Devant elle est allongée un homme, portant les même élément d’armure, et une cape. Elle tient la tête de l’homme dans ses mains. Derrière elle, un homme, dans une armure différente de la leur, cape rouge, avance vers eux. Seul le bas de son corps est visible. L’homme allongé respire difficilement, il sourit péniblement, arrête de respirer. Ses muscles se relâchent. La femme relève la tête, regarde autour d’elle. Elle est encerclée par deux armées. L’une d’entre elle est à genoux, regardant dans sa direction. L’autre armée est debout, glaive à la main. Ses soldats exécutent un à un les hommes agenouillés.
INTERIEUR/MAISON/JOUR
Un vieil homme est occupé à sculpter une femme en armure. Le piédestal est recouvert de lierre gravé. La statue est à dimension humaine. Partout autour de cette statue s’en trouvent d’autres, toutes recouvertes d’un drap blanc. Le fond de la pièce est dans le noir, le mur n’est pas perceptible. Le sculpteur s’agenouille devant sa statue.
EXTERIEUR/MAISON/JOUR
La maison est illuminée par une lumière bleue très forte provenant de l’intérieur. Instantanément, la boule de lumière se rétracte vers sont centre et disparaît.
EXTERIEUR/RUE/SOIR
Un corps composée de six soldats avancent dans les rues d’une cité antique. Ils s’arrêtent devant la porte de la maison du sculpteur. L’officier barbu passe au travers des soldats.
INTERIEUR/MAISON DU SCULPTEUR
Le sculpteur est affairé à achever la statue d’un homme en armure. Derrière lui, un piédestal est libre. La porte s’ouvre brutalement, l’officier rentre dans la maison. Le sculpteur prend peur, mais l’officier est déjà sur lui. D’un revers de la main, l’officier envoie le vieux sculpteur à terre. Il le ramasse, le frappe encore.
OFFICIER :
Où est-elle ?
Le sculpteur ne répond pas, l’officier le frappe encore. Il le pose sur le dos, sur le piédestal vide. L’officier le laisse. Il enlève les draps des statues. Ses soldats le regardent. Toutes les statues représentent des soldats dans la même pose accroupi, vêtus de la même armure. L’officier avance dans l’ombre. La pièce semble s’étendre à l’infini ; il y a toujours plus de statues. L’officier retourne voir le sculpteur. Une statue très basse attire son regard. Il enlève le drap qui la recouvre. Le piédestal est celui sur lequel était sculpté la statue de la femme. Mais c’est le corps de pierre d’une jeune fille allongée sur le dos qui a pris sa place. L’officier fixe la statue. Son visage comme son regard sont glacials. Il se retourne, et s’approche du sculpteur.
OFFICIER :
Où est-elle ?
Le sculpteur a le visage couvert de sang. Il peine à respirer. Bruit de porte qui s’ouvre. Il crie péniblement.
SCULPTEUR :
Fuit !
Les soldats courent vers l’origine du bruit. Ils arrivent devant la porte, mais ils ne voient rien à travers la nuit. L’officier frappe à nouveau le sculpteur, sa tête pend mollement du piédestal. L’officier fait demi tour et sort par la porte.
EXTERIEUR/MAISON/NUIT
Une forme vêtue d’une cape se déplace agilement dans la nuit. Elle approche discrètement de la maison du sculpteur, évitant un soldat deux soldats qui montent la garde. Elle rentre dans la maison.
INTERIEUR/MAISON/NUIT
La maison est sombre, silencieuse. La femme capée voit le corps du sculpteur étendu sur le piédestal. Elle accourt, enlève sa capuche. C’est la même femme que celui de la statue. Elle à la moitié droite du visage recouvert d’un tatouage. Il est constitué de deux tracés parallèles, traversant son front, son œil et sa joue, puis remontant vers l’oreille, avant de redescendre jusqu’au milieu du coups, où les deux lignes se rejoignent. Elle prend la tête du sculpteur dans ses mains, la relève. Le sculpteur ouvre fébrilement les yeux, tousse du sang. Il parle très faiblement.
SCULPTEUR :
Vite…
Le sculpteur désigne la statue, et les outils posés à ses pieds. La femme les regardes
FEMME :
Non !
SCULPTEUR :
Fait le !
Elle a les larmes aux yeux.
EXTERIEUR/MAISON/NUIT
Un éclair bleu surprend les soldats. Ils se retournent, accourent vers la maison. Ils ouvrent la porte et rentrent dans la maison.
INTERIEUR/MAISON/NUIT
Les soldats avancent prudemment dans la maison. Ils scrutent l’obscurité. L’un des deux soldats tombe à terre en poussant un petit cri. Immédiatement l’autre se tourne dans cette direction, le glaive tendu dans cette direction. Une forme sombre se déplace devant lui. Mais avant qu’il n’ait eu le temps de réagir, la femme arrive dans son dos, et lui passe une lame sous la gorge. Lentement, elle relève sa lame, et entaille la joue droite du soldat d’un geste sûr. Elle reproduit son tatouage . Le soldat hurle. Quand elle a fini, elle le relâche. Le soldat tombe à genou. Il porte ses mains à son visage.
FEMME :
Va, fuit, montre ton visage à ton officier.
Raconte lui en les détails ce qui c’est passé.
Evoque les plaines du nord de la cité ;
Dit lui que je l’y attends, lui et son armée.
La femme disparaît dans l’obscurité. Le soldat relève la tête. Il a les mains couvertes de sang. La forme rouge est bien visible sur son visage.
EXTERIEUR/CHAMPS DE BATAILLE/JOUR
L’homme que représentait la statue est debout sur une colline. Il sert dans ses bras la femme. Il regardent en dessous d’eux, où défile une armée, de gauche à droite. Tous les hommes de cette armée sont vêtus comme les statues.
EXTERIEUR/CHAMPS DE BATAILLE/JOUR
Une seconde armée marche, de la droite vers la gauche. Elle est menée par l’officier barbu. Il s’arrête, son armée l’imite. Devant eux, l’autre armée leur fait face. Les soldats ont peurs. L’officier sort son glaive. Il regarde ses soldats, à gauche, à droite. L’un d’entre eux lui fait un signe de la tête. La moitié droite de sa face est traversé par deux cicatrices parallèles. Uniformément, ils s’élancent, arme à la main, en hurlant.
EXTERIEUR/CHAMPS DE BATAILLE/JOUR
L’officier se taille un chemin au cœur de l’armée adverse. L’homme et la femme font de même. L’officier se retrouve face à l’homme. Ils se battent. L’homme n’utilise aucun bouclier. Il a un glaive dans une main, la dague dans l’autre. L’officier ne se sert que de son glaive. Il feint, esquive. Ils se retrouvent dos à dos. Le glaive tenu à deux mains, l’officier frappe à gauche de son flanc, dans son dos. La lame rentre dans le dos de l’homme. L’officier retire son glaive, se retourne. L’homme s’effondre en hurlant. La bataille s’arrête. Tous les soldats de son armée se retournent vers lui, s’agenouille dans la même pose que les statues. La femme accourt.
EXTERIEUR/CHAMPS DE BATAILLE/JOUR
La femme est à genou. Elle tient dans ses mains la tête d’une statue. L’officier arrive derrière elle, glaive à la main. Il regarde autour de lui. Toute l’armée est redevenue des statues.
OFFICIER :
Enfin je vous tiens, à la merci de ma lame,
Créature de pierre, froide et sans âme.
FEMME :
Mieux que moi savez ce qui me fait vivre.
Aussi êtes vous incapable de me tuer.
Ce serait comme tuer la fille que vous aimiez,
Et dont la vie, chaque jour un peu plus, m’enivre.
L’officier fait tourner son glaive dans la main.
OFFICIER :
Ma fille est morte en même temps que votre père,
Le jour où il me l’a prise, pour vous faire naître.
Rien qui ne justifie ou ne vous donne le droit d’être
Ma fille, ou quoi que ce soit d’autre qu’une pierre.
L’officier attrape son glaive à deux mains, lame vers le bas, au dessus de la nuque de la femme. Ses bras s’abaissent. Il ressort sa lame et la replace à sa ceinture. Il tourne le dos et s’éloigne, suivit de son armée. Derrière lui, un cercle de statues accroupies, parsemé de cadavres de soldats et de fragments de statues, regarde une femme tenant dans ses mains la tête d’un homme. La tête de la statue de la femme est détachée du corps.