Bonne lecture à vous. Je planche actuellement sur le prochain scénario.
Un grand merci à vénéina pour ses conseils

Valhïös
1/ Néant - Extérieur - Nuit
Un oeil s'ouvre dans un battement de cils, nous dévoilant peu à peu le visage d'une fillette qui semble s'éveiller. Celle-ci doit à peine avoir 6 ans et porte de longs cheveux cendrés sous une frêle silhouette. L'endroit où elle se trouve est sombre, on ne peut distinguer s'il s 'agit d'une pièce ou d'un tout autre endroit. On ne perçoit que le sol et la fillette.
Cette dernière pose ses mains à terre, semblant chercher à taton où elle pourrait se trouver. Elle semble apeurée devant ce qui l'entoure.
Elle se met lentement debout et effleure de ses doigts l'habit blanc et noir qu'elle porte. Elle s'avance lentement sans un bruit avant de disparaître dans le noir.
La scène vient s'ouvrir sur une nouvelle silhouette. Celle-ci bien plus grande est celle d'un homme. Lentement ce dernier vient à ouvrir les yeux, il porte les cheveux longs et une barbe de quelques jours. Un bruit étourdissant de lames et d'amures s'entrechoquant vient à se faire entendre, faisant grimacer celui qui semble être un guerrier comme le prouve l'épée se trouvant à ses côtés. Il porte la main à son front avant de regarder autour de lui et de poser à présent sa main sur la garde de son épée, la main se refermant sur celle ci.
Le guerrier semble étonné de se trouver en un lieu qui lui semble inconnu et dont il ne distingue pas grand chose. Tout semble vide et sombre.
Puis lentement un filet de brume vient à faire son apparition dans le décor, venant entourer le guerrier accompagné de cris d'effrois, de tristesse et à nouveau des bruits de guerre.
Le guerrier se lève en un bond, son épée dans la main droite et sa main gauche balayant avec force la brume comme pour la faire reculer, comme si celle-ci était un ennemi. Puis il s'arrête.
La brume a disparu, mais à sa place se tient devant lui à présent la fillette qui semble l'observer.
Le guerrier hausse un sourcil, puis range l'épée dans son fourreau et s'approche de la fillette.
Guerrier (à la fillette)
Quel est ce lieu ? Sais-tu où nous sommes?
La fillette pencha la tête, intriguée, ses grands yeux s'ouvrant comme s'il était extraordinaire d'entendre l'homme parler. Mais nulle réponse ne vint à franchir ses lèvres, sa petite bouille restant des plus curieuses.
Guerrier
Evidemment non.. (il penche la tête comme pour mieux la regarder) Je me nomme Kaleas, et toi ? Que fais-tu en ces lieux ? (il la désigne du doigt comme pour préciser sa question)
La fillette se désigne à son tour du doigt, mais ne répond pas si ce n'est par un léger hochement de tête.
Guerrier (avec un léger soupir)
Tu ne sais sans doute pas parler ma langue. (Il marque un temps) Peu importe, tu sembles perdue tout comme moi. (il pivote et désigne le lointain du doigt) Viens.. Allons chercher un chemin.
Contre tout attente la fillette semble avoir compris et s'avance pour s'arrêter aux côtés du guerrier, apparemment prête à le suivre.
Le guerrier prend la main de la fillette et s'avance lentement.
Au fur et à mesure de leur marche, le chemin semble les mener en un lieu moins sombre et moins etouffant. Un lieu qui semble être une forêt baignée par la nuit.
2/ Forêt - Extérieur - Nuit
Le guerrier et la fillette continuent leur marche, guidés par la nuit et quelques étoiles, au milieu d'arbres de toute sorte. Leur marche semble durer des heures pour eux, toujours en silence car malgré les coups d'oeil insistants du guerrier, la fillette ne décroche pas un mot.
Un bruit léger vient à se faire entendre, celui de flots légers. Le guerrier se met à sourire, en accélérant le pas.
Ils arrivent devant ce qui semble être une rivière, baignée par la brume. Et non loin, une barque accrochée à un ponton, avec à l'intérieur, une rame en bois au bout de laquelle semble sculpté quelque chose...
Le guerrier semble hésiter et mal à l'aise, il pose la main sur la garde de son épée, comme s'il cherchait quelqu'un. Mais ils sont bien seuls, en compagnie de la nuit et de son souffle.
Il repose alors repose ses yeux sur la barque. La fillette y est assise et semble l'attendre. Le guerrier tord un instant la bouche, puis se dirige à son tour vers la barque dans laquelle il prend place. Il défait la vieille corde pour la détacher du ponton et se saisit de la rame.
Lentement il se met à ramer, s'éloignant de la berge.
3/ Barque - Extérieur - Nuit
La traversée se fait entourée des bruits de la nuit et de ceux des marais se trouvant non loin. Le guerrier ne dit mot, semblant se concentrer sur la direction à faire prendre à la barque. La fillette, elle, regarde au loin, silencieuse comme toujours. Au loin se profile soudain uns masse concentrée de brume, inquiétante.
Le guerrier semble comprendre soudain et tente de dévier la trajectoire en y mettant toutes ses forces mais cela ne sert à rien, la barque continuant à avancer. La fillette, elle est très agitée. La barque tangue dangereusement et malgré les efforts du guerrier celle ci est happée par la brume telle une énorme bouche ouverte. L'eau est agitée. Le guerrier crie à la fillette de faire attention mais la barque finit par se retourner avec violence projetant ses occupants dans l'eau avec fracas. Puis le noir.
4/ Plaine - Extérieur - Nuit
Un oeil s'ouvre doucement dans un nouveau battement de cils, laissant à nouveau se profiler le guerrier. Celui-ci s'assied en un bond et regarde autour de lui.
Pas de barque, pas de marais, juste une sombre plaine. Il porte à la main son habit, celui-ci n'est pas mouillé.
Alors il tourne le regard et aperçoit enfin la fillette. Celle ci est assise devant un feu, ses bras entourant ses jambes qu'elle a ramenées contre elle, menton sur ses genoux.
Le guerrier s'approche en soupirant et s'assied à son tour devant le feu.
Guerrier (après un temps et un coup d'oeil vers la fillette)
Tout semble si étrange.. C'est comme un mauvais rêve.. Quel dommage que tu ne puisses me parler fillette dont je ne connais encore le nom.. J'en aurais bien besoin en cet instant..
La fillette relache ses jambes, pose sa main sur celle du guerrier, et le regarde comme pour lui demander de continuer.
Guerrier (souriant doucement et reposant son regard sur le feu)
Je suis né sur les hautes plaines de Celyrhë voici trente ans, dans le village d'Erëïs. De ces terres, l'on ne peut conserver en tête que la beauté enivrante de ses champs, de son sol, et des femmes peuplant les villes.. Je n'ai jamais quitté ce lieu, que beaucoup appelle "la plaine aux Phoenix" en mémoire des éternels oiseaux de feu qui l'avaient fondé avant de se retirer dans les montagnes alentours.
l'époque de la Grande Fondation des cités humaines, les traités de paix avec les peuples environnants avaient été signés, et plus aucune guerre n'avait foulé le sol depuis près de 500 ans. Tout allait pour le mieux, j'avais choisi pour femme une voisine nommée Lysia et nous vivions du labeur de nos terres sous le regard bienveillant de notre souverain. Nous avions bâti notre demeure près de la rivière et du sous bois pour y élever notre fille. Il n'y avait aucun nuage dans le ciel de notre bonheur... (un silence)
Et puis un jour... L'Emissaire sombre est apparu. Nul ne sait comment ou pourquoi il vint défier la puissance des Cités Humaines, tout le monde le pensait fou mais.. Personne ne vit qu'au loin l'horizon avait changé, quelque chose venait de bouger en son sein, et le Trostogosth, seigneur Daemon, vint à fendre la terre pour y implanter son royaume, bouleversant ainsi l'équilibre et la paix. Les batailles faisaient rage, et curieusement les Nôtres tombaient chaque jour un peu plus. Aussi vint mon tour de m'engager dans la bataille, au beau milieu du champ à trancher et pourfendre l'ennemi aux côtés de mes compagnons d'arme.. Jusqu'à ce jour.. Je ne me souviens plus.. Juste la douleur en mon ventre comme si on l'avait transpercé d'une lame, et je me suis réveillé ici.. Curieusement..
Le guerrier cessa là son récit, la fillette s'étant endormi la tête sur les genoux de celui-ci. Après l'avoir regardée un temps, il repose son regard silencieusement sur le feu. Il semble étonné d'avoir raconté ainsi sa vie.
Puis lentement le sommeil le gagne et il s'endort à son tour, retournant à ses songes. Puis le noir.
Le guerrier s'eveille en sueur, les yeux grands ouverts comme s'il sortait d'un cauchemar. Il est toujours à la place où il s'est assoupi, mais la fillette n'est plus là.
Le feu a laissé place a un tas de cendres. Il grimace un instant puis relevant son regard droit devant lui il aperçoit une chose qu'il n'avait pas vue la veille. Une bâtisse qui semble être un temple.
La fillette se tient debout devant ce temple. La superbe bâtisse de pierre se tient ainsi au milieu de nul part, deux lourdes colonnes soutenant l'architecture, ressemblant à ces vieilles gravures représentant le temple où vivaient les anciennes Déités.
Le guerrier se redresse, vérifiant que sa lame est toujours bien à ses côtés, puis il emboîte le pas à la fillette qui déjà, sans un regard en arrière pénétrait dans le temple.
5/ Temple - Intérieur - Nuit
Leurs pas résonnent sur le sol, et le spectacle qui s'offre à eux est des plus surprenant et intriguant. La pièce est remplie de fils blancs tendus.. Par centaines, par milliers.. Il y en a tellement. Tout le reste est sombre, les fils semblent sortis du néant, car il ne semble pas y avoir de plafond dans ce temple, pour s'ancrer dans le sol.
Le guerrier semble perdu, mais continue à suivre la fillette qui est toujours aussi silencieuse.
Puis la fillette s'arrête et se retourne pour faire face au guerrier et tendre son index vers lui.
Tout ne dure qu'une infime seconde. Avant qu'il ne comprenne, quelque chose vient le frapper de plein fouet. Une épée qui s'est enfoncée dans son ventre. Le guerrier relève la tête, le visage dans un rictus de douleur, du sang coule de sa bouche. face à lui se trouve un guerrier en armure, le visage sous un haume qu'il relève, laissant apparaître au guerrier son propre visage.
Le guerrier blessé pose son regard sur la fillette. Son double en armure sembla s'évaporer pour disparaître, ne laissant que le regard de la fillette dans celui du guerrier. Celle-ci a coupé un des fils.
Le guerrier aperçoit enfin l'ombre de la fillette, grande, noire, démesurée, porteuse d'une faux. Alors il semble comprendre.
Guerrier (dans un râle de souffrance)
Alors, c'était toi... Tu es venue me chercher.
Le guerrier tombe à terre. Mort. Le regard de la fillette se fait un instant reptilien, avant de redevenir celui de la fillette silencieuse et appeurée. Celle ci se détourne et s'éloigne vers le fond du temple pour retourner au néant dans le sombre. Sans un bruit.. Sans un mot..
La scène s'ouvre sur un guerrier dans une plaine, le torse fendu par un coup d'épée, tandis qu'alentours nous parviennent des bruits de guerre et de batailles, d'épées et d'armures qui s'entrechoquent. On peut deviner aux bruits un champ de bataille. On reconnaît le guerrier, visage tourné vers le ciel, mort, ses yeux grands ouverts semblant fixer le vide et l'immensite du ciel. La scène s'arrête sur son oeil, avant le noir.
Voix off (durant cette dernière scène)
Comme à chaque cycle, il y a un commencement et une fin, une rencontre et une mort. Parfois il arrive que celle qui nous emporte apparaisse sous les traits d'une fillette afin d'adoucir l'atrocité de l'instant. Cette légende bien cruelle est celle d'une âme en peine sans mémoire, condamnée à emporter les mourrants vers leur dernier instant, puis à oublier avant de recommencer, vierge de toute souffrance et de tout souvenir à chaque nouveau réveil. Car finalement tout n'est qu'un éternel recommencement.
Générique