Mon premier scénario

Le Scénario et ses ficelles. La Dramaturgie, le synopsis, le pitch...
Répondre
docke
Une étoile est née
Une étoile est née
Messages : 12
Inscription : 28 août 2007, 13:20
18
Pays : France
Localisation : Nancy

Mon premier scénario

Message par docke »

Merci pour la réponse et les conseils. Je vais les prendre en compte.
Pour le moment, je préfère retirer le scénario parce que je veux l'améliorer, notamment au niveau de l'orthographe et des petites remarques que vénéina a faites (très pertinentes). Enfin, je vous tiendrai au courant (pour le peu que ça intéresserait).
Dernière modification par docke le 21 sept. 2007, 12:01, modifié 1 fois.
Avatar de l’utilisateur
vénéina
Huit femmes
Huit femmes
Messages : 1501
Inscription : 20 déc. 2006, 19:26
18
Pays : France
Localisation : Paris
Contact :

Re: Mon premier scénario

Message par vénéina »

C'est pas mal du tout cette histoire. On s'attend à ce qu'il s'agisse d'un destin croisé, sans quoi, quel est l'intérêt d'alterner 3 histoires complètements distinctes, mais c'est franchement pas mal.
Attention à l'orthographe, et aussi à la mise en page comme l'annonce d'un titre pour chaque séquence: es-tu sûr que l'on peut se permettre de nommer les séquences ? Je pensais qu'on enchainait les scènes, sans plus de précision, mais je peux me tromper.

D'un point de vue narration, les dialogues sont relativement bien écrits, le scénario en lui même également.
J'ai trouvé certains passages un peu rapides à mon goût, comme le moment où
Spoiler:
Marc comprend que Lucie le trompe avec André
, j'aurais vu plus d'étapes, mais je pense que le problème peut venir d'un manque de didascalies; tu comptes beaucoup sur les dialogues pour illustrer tes idées, plus que sur l'image à travers laquelle tu peux pourtant raconter un tas de choses.
J'ai moyennement adhéré à la scène du rêve, mais c'est une question de goût.

Je t'encourage en tout cas à poursuivre ce travail. Tiens-nous au courant de l'évolution de ton projet...
Nathan
C&C - Team Member
Messages : 663
Inscription : 04 déc. 2005, 14:12
19
Nom : Leseur
Prénom : Jonathan
Code Postal : 75009
Pays : France
Portable : 0608768633
Localisation : Paris IX

Re: Mon premier scénario

Message par Nathan »

Bonjour, j'ai eu quelques temps d'absence et du coup, j'ai pas eu l'occasion de lire ton scénario qui me paraît être intéressant au vue des remarques de vénéina. J'espère que tu le remettras et que mon corps de tortue ou d'escargot viendra plus vite te lire.
"j'la trouve trop belle !"
docke
Une étoile est née
Une étoile est née
Messages : 12
Inscription : 28 août 2007, 13:20
18
Pays : France
Localisation : Nancy

Re: Mon premier scénario

Message par docke »

Hello!

Après un bon bout de temps d'abscence (soucis avec Internet), je reviens sur le site pour poster mon scénario, si certains veulent le lire et me donner leurs avis (profitez en pour me faire vos suggestions!). Encore merci à Vénéina qui m'a déjà beaucoup aidé. J'ai pas encore tout arranger mais je sais qu'un jour je le reprendrai pour l'améliorer. A bientôt les amis!


Marie

sequence 1

scene 1 : ext/jour/voiture de marc

MARC, un jeune homme de vingt-quatre ans, est au volant de sa voiture sur l'autoroute Y, relativement encombrée. A ses côtés, LUCIE, du même âge, est impassible. MARC jette un oeil sur le rétroviseur.

marc

Comment tu te sens?

lucie

J'ai connu mieux.

MARC

(après avoir marqué une pause)

Ca va aller.

Il la regarde furtivement puis se reconcentre sur la route.

LUCIE

Marc, j'ai pas envie d'y aller.

MARC

Je sais.

MARC tourne le volant. La voiture emprunte la sortie d'autoroute.

sequence 2

scene 1 : ext/jour/rue

ANDRE, vingt-cinq ans, sort en courant d'un bistrot, suivi par un groupe de cinq personnes qui s'arrête sur le pas de la porte. L'un des cinq a la joue rouge et enflée.

GARS 1

(il crie)

Casse toi fils de pute!

ANDRE continue de courir et tourne à la première rue puis s'arrête et reprend son souffle.

scene 2 : int/jour/appartement d'andre

Un bruit de clé dans la serrure résonne, la porte d'entrée s'ouvre et ANDRE rentre dans son appartement sombre. Sa main appuie sur l'intérupteur et la lumière s'allume. Il avance et appuie automatiquement sur le bouton du répondeur.

voix

Vous avez UN nouveau message. Aujourd'hui, à 14h02...

Mere

(message du répondeur)

André, c'est Maman. On s'inquiète pour toi, tu sais. Si tu pouvais me rappeler à l'occasion... Voilà, j'attends de tes nouvelles.

scene 3 : int/jour/salle de bain

Un rideau de bain isole la douche où l'eau coule pendant quelques instants, puis, lorsqu'elle s'arrête, ANDRE sort de la baignoire et attrape une serviette à proximité. Il se sèche le visage.

scene 4 : int/jour/salon d'andre

ANDRE prend le téléphone et compose un numéro, puis attend.

MERE

(voix au téléphone)

Allô?

andre

Maman, c'est André.

MERE

(enthousiaste)

Ah, c'est gentil d'avoir rappelé. Comment tu vas mon grand?

ANDRE

(sans conviction)

Ca va.

MERE

T'as pas l'air, t'es sûr?

ANDRE

Oui oui, ça va.

MERE

Dis, Gilbert te propose d'aller à la pêche...

ANDRE

(il la coupe)

Quand ça?

MERE

(après une pause)

Il dit "quand tu veux".

ANDRE

Ben dis lui que je passe le prendre.

MERE

Il va être ravi alors. On t'attend.

ANDRE

Ca marche. A tout de suite.

ANDRE raccroche.

scene 5 : ext/jour/voiture d'andre

ANDRE roule un instant puis s'arrête. Le klaxon retentit à deux reprises dans la rue, la MERE d'ANDRE sort et lui adresse un châleureux signe de la main, puis GILBERT, un homme d'une bonne cinquantaine d'année, bien en chair, la dépasse et rejoint ANDRE d'un pas lourd. Il dépose d'abord le matériel de pêche à l'arrière puis s'assoit à côté d'ANDRE. Les deux hommes se font une bise. ANDRE redémarre et GILBERT fait un signe de la main par la fenêtre puis se redresse.

scene 6 : Ext/jour/etang

ANDRE et GILBERT s'installent au bord de l'étang. Ils ont, visiblement, l'habitude de pêcher.

gilbert

Ta mère s'inquiète drôlement pour toi ces derniers temps. Elle s'est mis dans la tête que tu lui cachais quelque chose et que t'allais pas bien.

ANDRE ne dit rien. Les deux hommes continuent de se préparer.

GILBERT

Ecoute, s'il t'es arrivé quelque chose de grave, tu peux m'en parler.

ANDRE reste muet et installe sa chaise.

ANDRE

(soudainement)

J'ai perdu quelqu'un que j'aime...

GILBERT

Je vois... C'est difficile, je sais. Quand mon ex-femme m'a quitté, ça a fait un sacré vide, crois moi. On avait beau passer notre temps à se disputer pour tout et n'importe quoi, c'est sûr qu'on s'attache, hein... J'ai mis beaucoup de temps à me remettre de la séparation.

ANDRE

Mais moi j'ai pas le droit de souffrir justement.

GILBERT

C'est quoi ces sottises encore?

ANDRE

C'est compliqué... Si tu savais comme je m'en veux en plus.

GILBERT

Et tu ne peux rien faire pour arranger ça?

Ils s'assoient tous les deux à côté de leur canne.

ANDRE

Non.

ANDRE prend sa canne et lance le bouchon. GILBERT fait de même.

ANDRE

Et tu t'en es sorti comment de ta séparation toi?

GILBERT

(il le regarde et sourit)

J'ai rencontré ta mère.

sequence 3

scene 1 : int/jour/appartement de pierre

PIERRE, la trentaine, est assis en tailleur sur un canapé à côté de PALOME, une séduisante jeune femme. Ils regardent, à la télévision, une scène d'Exotica, de Atom Egoyan. Devant eux se trouve une table basse en verre où sont posés un livre, un tas de feuilles et une trousse; derrière le canapé se trouve visiblement la cuisine avec une table recouverte d'une nappe unie; le téléphone sonne et PIERRE se lève et décroche.

pierre

Allô?

PIERRE ne parle plus. PALOME se retourne et le regarde. PIERRE ne dit toujours rien et raccroche.

PIERRE

(se retournant vers PALOME)

Ma soeur est morte hier soir.

palome

Mais...

PIERRE

Oui, j'ai -j'avais- une petite soeur.

PALOME se lève et va vers lui.

PALOME

Pierre, je suis désolée.

Elle lui prend le bras.

PIERRE

Si je t'ai jamais parlé de ma famille, c'est qu'on n'est pas ce qu'il y a de plus uni, tu vois.

Il marque une pause, le regard vitreux.

PIERRE

Merde, j'me sens mal...

Il s'agrippe à une chaise, PALOME le retient par le bras et l'emmène à l'évier. Elle lui fait pencher la tête et l'asperge d'eau.

sequence 4

SCENE 1 : EXT/JOUR/RUE

MARC sort de sa voiture, suivi par LUCIE, et rejoint la porte d'une petite maison d'une rue calme. Il cherche les clefs puis ouvre la porte.

scene 2 : int/jour/maison de lucie

MARC pénètre dans la maison, suivi par LUCIE.

MARC

Bon! Ton père m'a demandé de ranger un peu tout ça.

LUCIE

Mais ce sont MES affaires.

MARC

Il doit penser que tu as besoin d'aide.

LUCIE

On est vraiment obligé de le faire?

MARC

C'est difficile pour moi aussi Lucie... Allez, on doit s'y mettre.

Il l'embrasse.

MARC

On va commencer par ton salon.

Ils vont tous les deux dans le salon. La pièce est spacieuse. MARC se dirige vers les nombreux vinyles empilés près d'une platine.

MARC

(en prenant quelques vinyles et en les faisant défiler)

C'est drôle. On est ensemble depuis deux ans et j'ai jamais pris le temps de jeter un oeil à ta collection de vinyles.

LUCIE

(souriant)

C'est le moment alors.

Marc regarde un à un les vinyles de LUCIE. Des albums de Dire Straits, Pink Floyd, Supertramp, Brel ou encore Tears for Fears défilent. MARC tombe sur celui de U2 et met le vinyle sur la platine, puis la branche. Il pose alors le bras sur le vinyle qui se met à tourner, et la chanson With or without you démarre.

MARC

Combien de fois dans une vie écoute-t-on vraiment une chanson?

Il s'approche de LUCIE, la prend dans ses bras et esquisse un pas de danse.

sequence 5

SCENE 1 : EXT/JOUR/RUE

PIERRE marche à côté de PALOME dans la rue. Il y a des passants, mais ils sont tous figés dans leur action. Le fleuriste est en train d'arroser ses fleurs. Une jeune fille est en train de racrocher son téléphone portable. Un vieux monsieur est assis seul sur un banc. Un couple s'embrasse langoureusement.

PIERRE

Elle avait vingt-quatre ans. Cinq de moins que moi. On était plutôt proche elle et moi. Mais y a deux ans, quand j'ai eu cette histoire avec mes parents, elle a pris leur parti. Et c'est à ce moment-là que je suis venu ici.

PALOME

Et tu ne les as plus revus depuis...

PIERRE

Non, ni mes parents, ni Barbie. Je l'appelais comme ça parce que je lui reprochais d'être trop superficielle quand on était gamins. Et c'est resté, la pauvre. A dix ans, par exemple, elle se maquillait. Et elle avait déjà eu plein de petits copains alors que moi j'étais seul à quinze. Alors j'disais que moi je voulais une relation sérieuse avec la bonne personne tu vois, que je n'voulais pas me contenter du genre d'aventure qu'elle avait. La théorie du grand amour quoi. Tu parles, j'étais pas convaincu moi-même et je suis sûr que j'aurais sauté sur toutes les occasions. Je suis pas si différent aujourd'hui en fait.

PALOME

Pourquoi tu dis ça?

Ils s'arrêtent et se regardent.

PIERRE

Arrête Palomé. Tu sais très bien que ça fait deux ans que je voudrais te sauter mais que j'ose pas sous prétexte que t'es ma colocataire. Ca vaut rien comme excuse, hein.

sequence 6

scene 1 : int/Crepuscule/galerie

La galerie d'art est remplie de personnes bien habillées qui discutent et boivent un verre autour des tableaux exposés au mur. ANDRE discute avec un petit groupe d'hommes et femmes devant une peinture en noir et blanc, abstraite et mystérieuse.

ANDRE

Celle-ci m'a pris six mois. C'est vrai que je travaillais sur d'autres peintures au même moment, mais c'est tout de même inhabituel de passer autant de temps sur la même toile. Je pense que je n'arrivais pas à cerner son fond.

Les autres sourient poliement.

ANDRE

Je l'ai appellée Marie parce qu'elle représentait l'idée que je me faisais de la femme.

homme 1

Très intéressant... Bien, nous allons finir le parcours. Merci pour cette visite guidée M. Douriot. J'espère que cette exposition vous aidera à être davantage connu.

Il lui met une main sur l'épaule puis le groupe s'éloigne et ANDRE se retrouve seul.

scene 2 : int/nuit/galerie

ANDRE tient un bloc-note entre ses mains et passe devant chaque tableau un à un pour répertorier les pièces ayant obtenu une petite pastille rouge. Il est maintenant complètement seul dans la galerie qui n'est que faiblement éclairée. Il arrive devant Marie. Aucune pastille. ANDRE se dirige alors vers le bar, qui se trouve à deux pas de Marie. Il cherche calmement dans quelques tiroirs puis trouve un couteau. Il revient devant la peinture. Il la regarde un instant puis la taillade.

claire

(voix derrière lui)

Etait-ce bien nécessaire?

ANDRE se retourne brusquement et voit CLAIRE, une jeune femme d'une trentaine d'année.

CLAIRE

Croyez-moi, vous en connaitrez bien d'autres, des invendues. Une oeuvre d'art ne peut pas faire l'unanimité.

ANDRE

Je peux vous raconter quelque chose?

CLAIRE

Allez-y.

ANDRE

Quand j'étais au collège, j'avais de gros problème en art plastique. Les profs ne me plaisaient pas et je n'avais pas envie de me soumettre à leurs projets. C'était de la mauvaise volonté de ma part et puis, faut dire que j'étais pas spécialement bon.

CLAIRE

Pourquoi vous me racontez ça?

ANDRE

Un jour, on a dû peindre des horloges en recopiant des personnages qu'on aimait bien. A la fin du cours, mon meilleur ami, Fred Astier -vous devez connaître...

CLAIRE

Oui.

ANDRE

Et ben Fred Astier s'est mis à cracher sur son horloge. J'avais quinze ans alors évidemment ça m'a fait rire. Mais c'est là que j'ai compris ce qu'était l'art et que j'ai su que je voulais être artiste. Ok, l'acte de Fred avait quelque chose de puéril et d'immature, n'empêche qu'il a éprouvé le besoin de dégrader son oeuvre. Comme s'il savait au fond de lui qu'il devait le faire pour que l'horloge lui corresponde vraiment.

CLAIRE, qui n'avait pas bougé jusque là, s'approche d'ANDRE.

CLAIRE

Qui sait, peut-être qu'elle est mieux maintenant?

sequence 7

scene 1 : int/jour/maison de lucie

MARC trie des étagères en déposant les quelques bibelots décoratifs qui s'y trouvaient dans un carton posé au sol. Sa main prend un cadre. Il regarde la photo. Celle-ci représente une contre-plongée sur LUCIE qui tient par les épaules un homme et une femme. LUCIE arrive dans le salon. MARC se retourne.

MARC

J'avais jamais vu tes parents comme ça.

Il sourit et lui montre la photo.

LUCIE

On a toujours eu des liens très forts eux et moi. Je t'en ai déjà parlé.

MARC

Souvent, oui.

LUCIE

J'avais une peur bleue de les décevoir. Il me fallait leur reconnaissance et leur fierté pour me sentir bien. Quasiment tout ce que j'ai fait jusqu'à présent a été dicté par ce besoin.

MARC

T'as jamais fait de crise d'adolescence?

LUCIE

C'était un peu ça ma crise. C'est encore ce qui me tourmentait le plus à cette époque. J'ai vraiment pas à me plaindre de ma jeunesse. Mais tu n'peux pas t'imaginer à quel point tout ça avait de l'importance pour moi.

LUCIE s'assoit sur un fauteuil et appuie sa tête sur sa main.

LUCIE

(elle soupire)

Et plus j'étais irréprochable, plus j'avais peur de la faute.

MARC

Tu dis que t'as toujours fait en fonction de l'avis de tes parents mais...

LUCIE

(elle le coupe)

Non, c'est pas vraiment ça. Ils ne m'ont jamais rien imposé. Je me suis mis la pression toute seule. Mais ça ne m'a jamais empêché de faire mes propres choix ou de choisir ma voix. J'ai juste besoin de leur affection et de leur soutien.

MARC

On en est tous là je pense. A différents degrés -sûrement- mais je suis convaincu qu'on cherche tous à être aimé. Et ça passe d'abord par la famille je suppose.

LUCIE

Oui mais est-ce que ces liens affectifs peuvent être brisés?

MARC

Dans une famille?

LUCIE

Oui.

MARC réfléchit un instant.

MARC

Je n'sais pas. Je me suis toujours posé la question mais je n'ai jamais vraiment su...

sequence 8

scene 1 : ext/jour/cafe

PIERRE et PALOME sont assis l'un en face de l'autre et boivent un café à l'intérieur d'un salon de thé, presque vide. PALOME le boit par petites gorgées. PIERRE n'y touche pas.

PALOME

Pierre, si tu veux parler de ce qui t'es arrivé, avec ta famille...

PIERRE

Dis moi plutôt ce que tu veux savoir.

PALOME

(gênée)

Qu'est-ce qui s'est passé au juste?

PIERRE

Ca remonte à longtemps en fait. Mon père était homosexuel. Il a vécu des années sans se l'avouer pour nous protéger. Et puis, quand on a grandit, il a commencé à tromper ma mère. C'était pas vraiment un secret puisque tout notre village semblait au courant. Mais ils vivaient comme ça et ça leur allait.

PALOME

Ca devait être difficile pour toi.

PIERRE

Ca à l'air comme ça mais on s'y fait. On évite juste d'en parler à table. Seulement, il y a trois ans, ma soeur est tombée malade. Elle souffrait d'anorexie ou de boulimie, suivant les périodes. Les trois premiers mois, elle a perdu énormément de poids et ça s'est vu. Mais mes parents refusait de faire quoique ce soit, surtout ma mère. Au fond, elle ne voulait pas être la femme d'un homosexuel et la mère d'une anorexique. Quand Barbie s'est évanouie au cours d'une soirée, il y a deux ans, j'ai voulu l'emmener à l'hopital. Mes parents ont refusé. C'était devenu trop grave, alors je l'ai prise et je l'ai faite hospitaliser d'urgence. Elle me l'a reproché et je suis parti.

PALOME

(après une pause)

Et tu comptes faire quoi maintenant?

PIERRE

Aucune idée.

sequence 9

scene 1 : int/jour/chambre d'andre

ANDRE est dans son lit en compagnie de CLAIRE qu'il tient dans ses bras.

ANDRE

Ca doit t'arriver souvent de t'envoyer en l'air avec des peintres ratés.

CLAIRE

Et toi avec des directrices de galleries.

ANDRE

Pas tant qu'ça, non.

CLAIRE

(elle le regarde)

Ca va pas?

ANDRE retire son bras et prend son visage dans ses mains en sanglotant.

CLAIRE

Pourquoi tu pleures?

ANDRE s'essuie les yeux.

ANDRE

Parce que j'ai peur. Je créve de trouille en pensant à ce que je vais faire et ce qui va m'arriver. J'ai peur de m'être planter quelque part et d'avoir déjà gaché ma vie. J'ai le sentiment que tout ce que j'ai fait jusqu'à présent est irréversible et je déteste ça.

CLAIRE

Arrête, t'as que vingt-cinq ans, t'as la vie devant toi...

ANDRE

Non c'est faux! Peut-être qu'il me reste cinquante ans à vivre mais tout est déjà joué. C'est trop tard pour devenir médecin ou avocat...

CLAIRE

Mais t'as jamais voulu devenir médecin ou avocat, si? T'es un artiste.

ANDRE

Justement! Il est trop tard pour reculer maintenant mais qui sait ce dont j'aurai envie dans dix ans? Je n'sais pas si je suis prêt à galérer toute ma vie.

CLAIRE

Mais tu feras ce qu'il te plaît. c'est moins difficile qu'on le croit. Et puis, le jeu en vaut la chandelle, non?

Elle l'embrasse.

ANDRE

Qu'est ce que tu en sais?

SEQUENCE 10

SCENE 1 : INT/JOUR/MAISON DE LUCIE

MARC est en train de faire à manger. LUCIE le surprend par derrière et se penche à son oreille.

LUCIE

(elle murmure)

J'ai envie de toi...

MARC l'embrasse puis arrête ce qu'il est en train de faire. Lucie le prend par la main et l'emmène dans sa chambre. Elle le pousse sur le lit mais reste debout.

LUCIE

Je veux que tu le fasses devant moi.

MARC déboutonne son pantalon et commence à se masturber tandis que LUCIE enlève son t-shirt puis grimpe sur le lit et l'embrasse.

scene 2 : int/jour/salle a manger

MARC et LUCIE sont assis à table avec une assiette de pâtes devant eux. MARC mange.

MARC

Tu touches à rien?

LUCIE

Non, je n'ai pas très faim.

MARC continue de manger.

SCENE 3 : INT/JOUR/SALLE DE BAIN

L'eau de la douche coule pendant que MARC ajuste la cravate d'un costume noir.

MARC

(assez fort)

Lucie, je t'ai fait chauffer l'eau!

MARC sort de la salle de bain et se retrouve dans la chambre. Il apperçoit un bout de papier dans le tiroir entrouvert de la table de nuit. Il le prend et lit.

"Ma petite Lucie,

il me tarde de te revoir. Je n'ai pas cessé de penser à toi depuis la dernière fois. Jamais quelqu'un ne m'a fait vivre autant que toi. Je t'attends avec impatience.

André"

MARC lâche la lettre et court à la salle de bain puis se jette sur les toilettes et vomit. Puis il se relève et se rince le visage dans le lavabo.

SCENE 4 : INT/JOUR/SALle a manger

MARC entre dans la salle à manger, LUCIE est restée là.

MARC

(froidement)

C'est l'heure d'y aller.

MARC prend son manteau au passage et sort de la maison en laissant la porte ouverte.

sequence 11

scene 1 : Int/jour/aéroport

PIERRE, qui tire une valise, et PALOME sont dans un aéroport londonien et se frayent un chemin à travers la foule.

scene 2 : int/jour/hall

PALOME, debout, attend seule dans un grand hall quand PIERRE la rejoint, un billet en main.

PIERRE

Voilà, c'est fait. Je rentre dans trois jour.

PALOME

T'as fait le bon choix Pierre.

Elle le prend dans ses bras.

PALOME

Je penserai à toi.

Ils se regardent à nouveau.

PIERRE

Merci.

Elle l'embrasse sur les deux joues.

PALOME

Tu ferais mieux d'y aller maintenant. Tu vas être en retard.

PIERRE

Oui...

Il ramasse sa valise et s'éloigne.

sequence 12

SCENE 1 : EXT/JOUR/RUE

MARC se gare rapidement. Puis il sort de sa voiture violemment. Il se baisse et regarde LUCIE.

MARC

(il la montre du doigt)

Tu restes là toi.

Il claque la portière et se dirige vers la porte d'une grande maison. Il sonne à l'un des quatre appartements.

voix de l'interphone

Oui?

MARC

Andre, c'est Marc. Laisse moi entrer.

La porte se dévérouille et MARC entre.

scene 2 : INT/jour/escaliers & appartement d'andre

MARC monte un étage et voit ANDRE qui l'attend devant la porte de son appartement. De sang froid, il lui assène un coup de poing dans le ventre, ANDRE tombe à terre et se plie de douleur.

ANDRE

Qu'est-ce qui te prend? Ca va pas!

MARC

Ca fait longtemps que tu baises Lucie ou c'est juste un coup par ci par là?

ANDRE

Arrête Marc tu t'fais du mal.

MARC

Réponds.

ANDRE

Qu'est ce que ça change maintenant?

MARC

REPONDS!

ANDRE

Marc, on peut s'aider à affronter sa mort.

MARC

TA GUEULE!

ANDRE se relève tandis que MARC s'assoit par terre, effondré.

ANDRE

J'ai besoin de toi pour ça.

ANDRE lui tend la main, MARC la prend, se relève et lui met un coup de tête dans le visage. ANDRE s'écroule à nouveau et MARC s'en va rapidement en se tenant la tête.

scene 3 : ext/jour/rue & voiture de marc

MARC claque la porte de la maison derrière lui et regagne sa voiture. LUCIE est toujours là mais ne dit rien. MARC roule un moment, les larmes aux yeux.

sequence 13

Scene 1 : int/jour/reve

ANDRE est dans une pièce onirique, complètement blanche et vide.

la voix

C'était donc ça.

MARC se retourne et voit GILBERT.

GILBERT

Ton comportement étrange, c'était Lucie.

ANDRE

Tu ne la connais pas.

GILBERT

Ah, mais je n'ai pas la prétention de la connaître.

ANDRE

Alors qu'est-ce que tu fais là?

GILBERT

Mais c'est toi qui m'a invité.

Silence.

GILBERT

Tu l'aimais, hein?

ANDRE

A ton avis...

GILBERT

Ce que tu as fait à Marc ne peut pas remettre en cause le fait que tu sois touché par la mort de Lucie.

ANDRE

Alors qu'est-ce que je dois faire?

GILBERT

Tu ferais mieux d'y aller.

sequence 14

scene 1 : int/jour/voiture de marc

MARC est toujours en train de rouler, au côté de LUCIE. Il s'arrête dans un cimetière. Il sort de la voiture, seul.

scene 2 : ext/jour/cimetiere

Une vingtaine de personnes sont déjà arrivées. MARC passe à côté du trou creusé pour le cercueil et se met à côté des parents de LUCIE. Le père murmure quelque chose à l'oreille de MARC. MARC apperçoit PIERRE, en face. Les fossoyeurs arrivent alors avec le cercueil de LUCIE sur les épaules. Ils le déposent à terre, puis le font descendre dans le caveau. Au loin, ANDRE, qui porte des lunettes noires, arrive.

scene 3 : ext/jour/cimetiere

Les proches de LUCIE défilent un à un pour se recueillir un instant devant la tombe. MARC reste debout devant la fosse, puis repart. PIERRE fait de même. Il est suivi par ANDRE qui, lui, fond en larme.

scene 4 : ext/jour/cimetiere

Les gens s'en vont peu à peu. Il commence à pleuvoir et MARC s'approche de PIERRE.

MARC

J'ai cru comprendre que tu étais le frère de Lucie. Moi c'est Marc.

Il lui tend la main. PIERRE la serre.

MARC

Ca faisait deux ans qu'on était ensemble.

PIERRE

Ca fait deux ans qu'on ne l'était plus...

MARC

Oui, elle m'a parlé de toi.

Les deux hommes se taisent tandis que la pluie se fait de plus en plus drue.

MARC

Je peux te raccompagner?

PIERRE

Ben j'allais prendre un taxi mais oui, je veux bien.

Ils regagnent alors la voiture de MARC. MARC démarre et sort du cimetière. A l'arrêt de bus, au loin, ANDRE attend.

PIERRE

Il était à l'enterrement lui, nan?

MARC

Oui.

PIERRE

Tu le connais?

MARC

Plus vraiment. Il s'appelle Andre et il était avec Lucie.

PIERRE le regarde.

MARC

En même temps que moi, oui.

PIERRE

On ferait mieux de le prendre avec nous.

MARC

(le coupant)

Woh, ce filou ne monte pas dans ma voiture.

PIERRE

(parlant rapidement)

Ecoute Marc. Je comprends que ton amour propre en prenne un coup mais ce gars aimait Lucie autant que nous et il est pas près d'avoir un bus aujourd'hui. Il fait deux degrés dehors et il pleut des...

MARC freine un coup sec. Il regarde PIERRE avec déni puis fait marche arrière avant de s'arrêter à hauteur de l'arrêt de bus.

MARC

(froidement)

Allez, dis lui.

PIERRE ouvre la fenêtre.

PIERRE

On peut te déposer quelque part?

ANDRE

Volontier.

ANDRE monte à l'arrière et voit MARC.

ANDRE

(discrètement)

Merci.

La voiture redémarre. Elle entre sur l'autoroute. Les trois garçons regardent froidement devant eux. La voiture s'éloigne sur l'autoroute Y.
Répondre