Jean Pierre Melville Réalisateur, Acteur, Producteur, Scénariste
Né le 20 Octobre 1917 à Paris (France)
Décédé le 1 Août 1973 à Paris (France)(crise cardiaque)
// FILMO //
Un Flic (1972)
Le Cercle rouge (1970)
L'Armée des Ombres (1969)
Le Samouraï (1967)
Le Deuxième souffle (1966)
L'Ainé des ferchaux (1963)
Le Doulos (1962)
Léon Morin, prêtre (1961)
Bob le flambeur (1955)
Les Enfants terribles (1949)
Le Silence de la mer (1949)
24 heures de la vie d'un clown (1945)
A voir absolument : Bob le flambeur (1955) et Les Enfants terribles (1949).
Ces deux films semblent alors annoncer le renouveau du cinéma français, dont bien sûr cette si fameuse Nouvelle Vague qui allait apparaître quelques années plus tard, dont il sera proclamé "le père spirituel". Les méthodes de tournage et de production seront effectivement plus ou moins les mêmes, tout comme ce goût particulier de la transgression des règles alors figées du cinéma français des années 40 et 50.
Ce n'est ainsi pas un hasard si on retrouve Jean-Pierre Melville dans A bout de souffle ("Devenir immortel... Et puis mourrir") en 1960, dans le rôle d'un écrivain inspiré et inspirant.
Ses films imposent un rythme bien particulier, très vif et parfois un brin provocateur (aussi bien pour le spectateur que pour le cinéma).
La collaboration avec Jean Cocteau, qui a lui-même fait appel au jeune cinéaste pour mettre en scène son roman Les Enfants terribles, sera des plus fructueuses, tant le film est une réussite, bien qu'il y aurait eu de nombreuses tensions entre ces deux artistes.
Les enfants terribles... ou le sinisme déroutant d'une relation fraternelle des plus ambigues.
Melville choque, Melville ose, Melville défie les conventions avec un cinéma qui inspirera tant d'autres grands auteurs (merci Karl pour tes cours...)
Je m'attarde sur Les enfants terribles, car si c'est pour le moment le seul Melville que j'eu l'occasion de regarder, ce film reste à mes yeux un chef d'oeuvre en tout point:
Après avoir vu Silence de la mer (également avec Nicole Stéphane et Jean Marie Robin), Cocteau fit en effet appel à Melville pour réaliser son roman, roman scénarisé par les deux comparses associés (que l'on voit d'ailleurs dans la scène du wagon restaurant).
Une histoire qui bouscule les moeurs, chamboule les convenances et froisse les habitudes puisqu'il est question ici de l'évolution d'une relation entre un frère et sa soeur se complaisant dans un monde hermétique et malsain. Les protagonistes frôlent ainsi à la fois l'inceste tant ils deviennent proches, et la sournoiserie destructrice tant ils se haïssent -ou du moins le pensent-ils... Jouissant de sadisme, de fourberie, de mesquinerie, ils n'en restent pas moins les héros de la diégèse, cherchant tout le long à profiter de la faiblesse/passivité/innocence de deux de leurs amis, sans scrupules ni états d'âme.
Une histoire forte qui gifle le cinéma français de son originalité et de sa marginalité, mais également une réalisation des plus innovantes pour l'époque.
L'éclairage est à mon sens un élément capital quant à l'authenticité de cette oeuvre: des scènes où les ombres -le sombre...- prennent possession des corps et envoûtent l'atmosphère (notamment dans la chambre des protagonistes), des surexpositions accentuant certaines expressions et donnant tout un sens symbolique à l'image (par exemple: beaucoup de lumière sur le visage d'Elisabeth lorsqu'elle cherche à convaincre son ami Gérard. Ce dernier l'apprécie tellement qu'il la voit comme rayonnante...) mais sans jamais pour autant toucher au naturel de l'image en elle-même.
Le cadrage: des gros plans sur le visage "fou" d'Elisabeth/Nicole Stéphane -dont je salue au passage le talent et la prestence-, la composition travaillée de chaque image ne laissant absolument rien au hasard, un rythme idéal dans l'enchaînement des séquences (une certaine lenteur dans la narration qui cultive un côté... "pesant", "oppressant": on se sent presque prisonnier de ce monde exclusif, ce qui veut dire que Melville réussit parfaitement à nous faire pénétrer un univers auquel nous ne participons pourtant pas...)
Le son: nous retrouvons pour notre plus grand plaisir JS Bach et Vivaldi en musique extra-diégétique, mais également la voix off de Cocteau en personne qui apporte un ton relativement grave à la narration. Certaines scènes sont en effet commentées quand bien même elles semblent ne pas avoir besoin de l'être (l'image parle autant que les mots), pourtant la voix de Cocteau l'accompagne comme il se doit, apportant sa note supplémentaire à la mélodie picturale
Il y a tellement à dire, j'en oublie car ces films sont à voir et revoir si l'on veut saisir absolument toute leur essence... mais les quelques éléments cités restent, je pense, les plus marquants.
Dommage qu'à l'époque de sa sortie, les esprits étaient encore encrés à un cinéma stéréotypé: seuls les futurs meneurs de la Nouvelle vague soutinrent ce chef d'oeuvre...
Là encore je ne les connais pas encore tous mais je raffole vraiment de ses polars, qui sont vraiment exceptionnels de classe et de pureté...
Je place très haut des oeuvres comme le glacial "Le Samouraï", le très rigoureux "Le Deuxième souffle" et "Le Cercle rouge", suivent ensuite de très près : "L'Armée des Ombres" (un film historique mais traité comme ses polars), "Un Flic" (moins réussi que le "Samouraï"), le superbe "Le doulos" et "Bob le flambeur".
Je connais encore mal ou pas du tout le reste de son oeuvre à part "Le Silence de la mer" dont j'apprécie beaucoup l'histoire.
Voila certainement mon cinéaste français préféré. Melville est un artiste purement cinématographique. En effet la ou j'admire le plus ce réalisateur c'est dans sa façon d'utiliser la mise en scène comme seul vecteur de sens et scénaristique. Il suffit de résumé un film de Melville ou de l'écrire sous forme de scénario pour voir que le film tient a peine debout, que les enjeux sont fade, les personnages plats et l'histoire d'une durée restreinte en plus d'être classique. Mais c'est bien sa façon de mettre en scène le film, de choisir minutieusement chaque acteur, chaque décor qui fait que le film prend une ampleur vertigineuse. Il a le don de "dilater le temps " comme il aimait a le dire. Il transforme donc un moment banal en un pur moment de tension et de grâce. Je suis abasourdi devant la profondeur de ses films, qui ne se caractérise pas dans l'analyse plan par plan ou du petit détail qui remet en question toute la thématique sous entendu de l'auteur, mais bel et bien dans les émotions ressenti a travers un visuel et un montage d'une précision et d'une justesse incroyable. Ainsi uniquement par sa réalisation , il peut donner une empreinte fantastique a un film réaliste. J'aime sont esthétique froide, ses acteurs toujours élégants comme Delon ou Ventura. Je suis également passionné par sa thématique de l'homme pris dans une fatalité et dans un monde mort qui ne peut que le mener vers sa fin. Melville c'est le pouvoir de placer un cœur dans un glaçon, de ne pas mélanger froideur et platitude et faire des films fascinant tout en laissant le spectateur construire lui même le sens de l'œuvre qu'il est en train de voir.
Mes préférés dans l'ordre sont : Le Samourai , Le Cercle Rouge et L'armée des Ombres.
Par contre, et au contraire de vénéina , Les Enfants Terribles est le Melville que j'aime le moins, on ne reconnait pas sa patte malgré le résultat impeccable. C'est un film qui se rapproche plus du cinéma de Truffaut (c'est pourquoi ce dernier a dit que c'était son meilleur film) et reste éloigné de l'univers du cinéaste.