Terrence Malick

Cineastes
Répondre
Avatar de l’utilisateur
The Bard
1... 2... 3... Soleil
1... 2... 3... Soleil
Messages : 59
Inscription : 05 juil. 2007, 12:35
18
Pays : Belgique
Localisation : Gembloux (prov. de Namur)

Terrence Malick

Message par The Bard »

En lisant le sujet sur Tarkovski, je me suis dit qu'un petit détour vers mon cinéaste de légende ce devait.

Terrence Malick

Image

J'ai envie de vous le présenter par un de mes articles publiés sur mon blog.

Sa vie

Il est né le 30 novembre 1943 à Waco, Texas d’après la plupart des sources. D’origine libanaise par son père, il étudie la philosophie à Harvard et à Oxford. Etudiant brillant, il enseigne la philosophie au MIT et traduit l’un des philosophes les plus controversés et des plus complexes du XXe siècle : Heidegger. Mais il possède également une énorme connaissance dans la philosophie transcendantaliste américaine. Et ce sont des personnages comme Emerson, Whitman et surtout Thoreau qui influenceront son œuvre.

Son œuvre

• 1973 : La Balade sauvage (Badlands)
• 1978 : Les Moissons du ciel (Days of Heaven)
• 1998 : La Ligne rouge (The Thin Red Line)
• 2005 : Le Nouveau Monde (The New World)
• 2009 : Tree of Life

Cinq films en 36 ans de carrière. Voilà un des éléments qui sert à fonder le mythe Malick. Vingt longues années entre son deuxième et troisième film. Années durant lesquelles, il part enseigner la philosophie en France.
Son premier film, Badlands, est un digne successeur de Bonnie & Clyde ou comment démontré la violence gratuite d’une manière sobre et profonde (juste l’inverse d’un « Natural Born Killer »).

En effet, on touche une des cordes sensibles et je dirais même le fil d’Ariane de toute l’œuvre de Malick : précision, sobriété, justesse. Certains détracteurs parlent de maniérismes. Les plus philosophes diront qu’il possède le rythme du monde, le battement de cœur la terre est son métronome.

Dans cette première œuvre, il esquisse déjà dans certains plans un élément qui deviendra sa marque de fabrique : la révélation de l’état de l’homme par contraste avec le monde. Cet élément est clairement un élément que l’on retrouve dans le Walden de Thoreau. Ce dessin de l’homme par le monde atteint sa maturité dans le film suivant Days of heaven.

Film révélant Richard Gere. Querelle d’un homme et de son amante qu’il fait passer pour sa sœur face à un propriétaire terrien tout puissant qui aboutira à une lutte presque fratricide. Il est intéressant avec se film de voir la profondeur d’analyse de l’être humain face aux passions, déchirées et déchirantes. Ici aussi, la nature est présente comme actrice principale. Champs à perte de vue, vide des cœurs, champs en flamme comme l’ardeur de nos protagonistes.

Vingt ans s’écoulent, personne ne sait ce qu’il devient mais en 1998. Il revient avec un casting d’exceptions dans The thin red line. En effet, son mythe est né. Il est le réalisateur le plus discret mais le plus demandé. George Clooney, Nick Nolte, Jared Leto, Sean Pean, Jim Caviezel, John Cusack, Adrien Brody, Woody Harrelson, ils sont tous là dans la boue du Pacifique. Film de guerre ? Non, film sur la vie, la mort, l’humanité. Là encore, la nature terrible exprime ce que l’homme est incapable d’exprimer. A côté de la boucherie, les indigènes, ils ne sont pas des hommes comme nous occidentaux. Ils font partie de la nature, ils sont la nature et vivent en harmonie avec elle. Rêve brumeux et souvenir évanescent d’un Eden terrestre du héros ou paradis qu’il rejoindra ? Les frontières ne sont jamais claires. Parce que nature et paradis se comprennent, ils sont les seuls lieux de l’ataraxie.
Enfin, continuant dans la thématique de l’intrusion des maux de l’homme dans l’Eden terrestre, Malick nous livre The new world. Le film nous conte l’établissement d’une colonie anglaise en Virgine au début du XVIIe siècle et l’amour naissant entre Pocahontas et John Smith. Amour platonique, amour naturel, rencontre et fusion de deux êtres dans une nature en fusion avec les indiens. Abandon de la civilisation pour John, mais retrouvaille avec sa propre personne. Mais celle-ci le rattrape et l’envoi loin de son amour. Alors un autre John, Rolfe, remplace le second mais là, l’amour est consommé. L’innocence de Pocahontas alias Rebecca s’envole, elle se ternit progressivement pour finir par disparaître. L’Angleterre a perdu cette nature fusionnelle. Sa source de vie s’est enfuie.

Actuellement, Terrence Malick prépare Tree of life dont le scénario est écrit depuis près de 30ans racontant l’histoire de l’humanité jusqu’à la première guerre avec Brad Pitt (remplaçant Heath Ledger) et Sean Penn. On peut encore s’attendre à un grand questionnement métaphysique sur la place de l’homme dans l’univers.

Son style

Contemplatif est le mot le plus correct pour définir son style. De longs plan-séquences où la nature dans toute sa splendeur nous dévoile la nature de l’homme. Certains ne peuvent supporter ses films les qualifiant de lent et de pompeux. En réalité, les films de Malick sont extrêmement dynamiques. Il arrive à condenser l’action en quelques plans montrant ainsi sa grande capacité à maitriser le rythme. D’où ma préférence pour le mot « contemplation » dans lequel on n’est pas simplement ébahi par la beauté mais où une infinité de questions vient nous frapper, nous questionner et rend ainsi la légitimité à se déploiement de vie.
La nature comme vous avez pu le remarquer fait partie intégrante de son œuvre. Il s’agit d’une nature capitale que l’on retrouve chez Thoreau. Une nature qui doit faire partie de l’homme pour que celui-ci reste homme. On peut également voir une influence de son enfance passée dans les champs du Texas, car il n’y a pas que de l’idéalisme chez Malick, le pragmatisme est très présent. La nature est cruelle. Cette nature plus pragmatique est souvent effacée par les détracteurs de Malick qui ne voit en lui qu’un Rousseauiste sans saveur. Peut sont-ils eux-mêmes trop idéalistes ?

Son mythe

En effet, comme je le disais plus haut,Terrence Malick est un homme très discret mais plus que cela, il est le réalisateur de Hollywood dont personne (hormis ceux qui ont travaillé avec lui) n’est capable de le décrire pour la simple et bonne raison qu’il refuse de se montrer. Non pas qu’il soit un mégalomane refusant la présence de l’homme mais l’anonymat lui permet d’analyser en toute liberté l’homme et la nature. On ne le voit dans aucun making of, il est stipulé dans ses contrats qu’il ne fait pas la promotion de ses films. Selon lui, ses œuvres doivent être vues sans aucun commentaire de sa part.

Julien Libert
Tobold
Le Nouveau Monde
Le Nouveau Monde
Messages : 9
Inscription : 01 sept. 2009, 21:10
16
Pays : France
Localisation : Livin' in the rain

Re: Terrence Malick

Message par Tobold »

Très sympathique portrait d'un réalisateur qui se fait trop rare.

Je n'ai pas vu Badlands, mais ses 3 films suivants m'ont vraiment captivé.
Des nouvelles de son prochain film ?
Avatar de l’utilisateur
karl
Ten
Ten
Messages : 5046
Inscription : 15 sept. 2005, 19:02
19
Prénom : Karl
Pays : France
Localisation : Nantes
Contact :

Re: Terrence Malick

Message par karl »

Tobold a écrit :Des nouvelles de son prochain film ?
Vu le rythme des réalisations du monsieur, on peut s'attendre à un prochaine film vers 2013 !
C'est d'ailleurs relativement étrange qu'il ne réalise si peu de films, on pourrait croire qu'il met un temps fou à préparer un tournage minutieusment, mais il est connu pour se laisser aller pendant les tournages à changer ou rajouter des plans en fonction du cadre, de la lumière, de l'ambiance du moment...
Cinéaste indéfinissable, vraiment à part, un vrai artiste comme il y en a que trop peu actuellement à mon sens.
Avatar de l’utilisateur
The Bard
1... 2... 3... Soleil
1... 2... 3... Soleil
Messages : 59
Inscription : 05 juil. 2007, 12:35
18
Pays : Belgique
Localisation : Gembloux (prov. de Namur)

Re: Terrence Malick

Message par The Bard »

Aux dernières infos, le films est en boite depuis l'été 2008. Cela fait déjà 1 an qu'il est en post prod. D'après certaines sources (à prendre avec des pincettes comme toujours), ce serait un film qui contiendrait énormément d'effets visuels numériques. Mais personnellement, je la prend vraiment avec des pincettes...
Répondre