Source APPeintre sans concession d'une société nippone aux structures sociales trop rigides à son goût, Imamura explore aussi, dans son cinéma, les traumatismes laissés par la guerre, Hiroshima et la défaite, s'intéresse aux traditions villageoises, dresse des portraits de femmes fortes, confrontées à leur destin, ou encore défend la cause du petit peuple.
Né en 1926 dans une famille bourgeoise de Tokyo, Imamura abandonne rapidement ses études d'histoire pour s'intéresser au théâtre d'avant-garde. La légende veut qu'il se soit finalement décidé à faire du cinéma après une projection de "L'ange ivre" du grand Akira Kurosawa.
Et, de fait, au début des années 50, il est engagé comme assistant réalisateur par deux des grands studios japonais où il collabore avec le plus grand cinéaste japonais de l'époque, le maître Yasujiro Ozu. Quelques années plus tard, il passe lui-même derrière la caméra et signe coup sur coup, en 1958, ses deux premiers longs métrages, "Désir volé" et "Désir inassouvi".
Mais c'est son film "La femme insecte" (1963) qui assoit sa notoriété hors des frontières de son pays et le fait connaître des cinéphiles européens comme figure de la Nouvelle Vague japonaise. Entre-temps, peu à son aise dans le carcan des studios, il fonde sa propre maison de production.
Imamura attendra encore vingt ans pour que le grand public occidental le découvre enfin avec l'un de ses chefs-d'oeuvre, "La ballade de Narayama", qui lui vaut sa première Palme d'Or à Cannes en 1983. Ce film d'une grande beauté plastique décrit, dans un style empreint de naturalisme, les conditions de vie -et les coutumes parfois cruelles- dans un village perdu dans les montagnes au 19e siècle où les personnes âgées devaient aller mourir sur le mont Narayama une fois arrivées à l'âge de 70 ans.
Tout en se penchant sur l'histoire récente de son pays, de la présence américaine sur le sol nippon dans l'après-guerre ("Histoire du Japon racontée par un hôtesse de bar" en 1970) à la bombe d'Hiroshima ("Pluie noire" en 1989), il dresse des portraits de femmes portés par une grande vitalité ("La femme insecte" en 1963, "Ces dames qui vont au loin" en 1973).
A 50 ans, Imamura accède au cercle très fermé des réalisateurs ayant décroché à deux reprises la récompense suprême à Cannes avec son film "L'anguille", Palme d'or en 1997, qui raconte l'histoire d'un meurtrier dont le seul compagnon est une anguille et qui finit par s'habituer aux gens après avoir sauvé du suicide une jeune fille.
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Dans un hommage à Shohei Imamura, le ministre français de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, a vu en lui le "digne successeur d'Akira Kurosawa, son aîné disparu" et rappelle que "sa silhouette frêle, son sourire, sa délicatesse, faisaient partie de Cannes et de son Festival".
Décès du cinéaste japonais Shohei Imamura
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Décès du cinéaste japonais Shohei Imamura
Shohei Imamura est mort mardi 30 mai 2006 dans un hôpital de Tokyo, des suites d'un cancer du foie. Il avait 79 ans. Shohei Imamura faisait partie, avec Francis Ford Coppola, Bille August, Emir Kusturica et les frères Dardenne du club fermé des cinéastes à avoir eu deux Palmes d'Or à Cannes. Une première avec "La ballade de Narayama", en 1983 et une autre en 1997 avec "L'anguille".
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