Le rêve: comment le retranscrire au cinéma ?

[Kiçkah]

Quels procédés ont été utilisés pour mettre en scène et retranscrire des rêves qui furent suffisement prenant (et peut-être équivoque) pour mériter d'êtres évoqués ?

La question est finalement assez précise, mais peut aussi faire débat.

Sans rester dans ce qui existe déjà, je vous invite, si vous le souhaitez, à ajouter les procédures que vous pourriez imaginer.

Je m'interroge aussi sur le montage adéquat.

Je suis conscient que tout (mise en scène, contenu du rêve en terme de scénario, son, montage, ...) reposera sur ce qu'on voudra exprimer, et peut-être sera-t-il souhaitable, dans un second temps, de resserrer l'échange d'idée autour d'un thème (voire plusieurs en parallèle !) suffisement précis.

[laurentsau]

Regarde Eternal sunshine of the spotless mind, Gondry a trouvé pas mal de voies pour exprimer le rêve..

[harjet]

Salut,

Regardes Eternal sunshine of the spotless mind, Gondry a trouvé pas mal de voies pour exprimer le rêve..

Très bon choix en effet

On pourrait faire un parallèle (si c'est permis) avec les Flashbacks, même combat.

En fait, tout dépend de l'effet escompté !

Il y a le traditionnel (mais vieillot) fondu enchainé :

L'image se brouille (accompagné d'une petite touche de harpe
) et pour sortir du rêve l'image se re-brouille.

Le passage dans le rêve est visuel et marqué.

Il est possible de jouer avec le spectateur, et de ne pas annoncer le passage dans le rêve.

La séquence continue jusqu'à la rupture où on découvre que c'est un rêve. Comme cela créé une rupture dans le récit, ça peut-être utilisé pour faire rire, pour le suspens, le fantastique.

Il peut ne pas y avoir de Transition. Juste une rupture visuelle. Par exemple le noir et blanc dans un film couleur. De nos jours, nous sommes tous plus ou moins habitués aux codes de montage/visuel. Ce qui offre une gigantesque liberté dans la construction narrative et/ou visuelle.

Je pense qu'il faut commencer par se poser la question : Que va apporter ce rêve à mon récit ? Que raconte-t-il sur mon/mes personnage(s) ? Est-il justifié ?
De ces réponses découleront toutes seules les possibilités qui s'adapteront le mieux au film.

Si c'est purement gratuit (esthétique, caprice ou autre) alors, seul l'artiste peut répondre.

A proscrire (ce n'est que mon avis), le rêve "deus ex machina". Car il est insupportable. Il arrive qu'il trouve crédit aux yeux de certains. Un exemple des plus connus est sur la série "Dallas", (ceux qui ne veulent pas savoir doivent passer leurs chemins) l'acteur Patrick Duffy l'a quitté à la fin d'une saison (je ne sais plus laquelle ). Les scénaristes ont donc tué son personnage. Un an après, ses espoirs de movie star s'éloignent, il décide donc de revenir dans le show. Seulement voilà, il est mort. Les scénaristes ont osé faire croire que toute la saison (soit une vingtaine d'épisode) n'était que le rêve de sa femme. Il réapparait au réveil de sa femme, en sortant de la salle de bain. Je crois même qu'il a une petite réplique en ce sens. Scandaleux ? Les fans ont crié Au Génie !

Et il y a, le non-rêve ! (Quoi ? De quoi parle-t'il ?), je veux dire, le rêve qui ne s'assume pas. Le spectateur ne sait pas si le personnage rêve ou non. Et le personnage ne sait pas non plus si il rêve ou pas. Confusion totale.

Sinon, je te conseillerais un petit réalisateur peu connu, qui tourne surtout en Nouvelle-Zélande
Peter Jackson et son film : Heavenly Creatures
Les passages oniriques sont très beaux.
Sinon, il y a aussi L'armée des douze singes
Il n'y a pas de transition, juste des scènes. Par contre l'étalonnage est différent. Il y a une rupture visuel avec la continuité du film.

HJ

[Kiçkah]

Merci à tous deux.

On peut aussi penser à La Jetée, de Chris Marker, ou au Sacrifice de Tarkovsky. C'est en effet une problématique large, et ouverte, je suis d'accord, sur les flash-back et tout ce qui touche in fine à la "mémoire" et à la puissance de réalité du rêve.

Peut-être aussi des films comme Mémento, et Mulholland Drive. Concernant ce dernier, est-ce le "deus ex machina" dont tu parles, harjet ?

***

Pour revenir sur un terrain plus concret, je pensais à un rêve qui pourrait s'inspirer des rêves de Solaris (celui de Tarkovsky, pas le remake avec Clooney). C'est à dire un rêve qui créé un personnage : on assiste donc à sa naissance par l'intermédiaire du rêve. Le contenu, le sujet, serait la danse - vie animée d'une créature d'essence divine - ou plutôt la danseuse.

J'imaginais utiliser comme lieu et cadre une scène de danse ou de théâtre. Dans un rêve, il me semble que des possibilités d'actions se créent, par l'absolu champ libre qui s'offre alors, permettant de signifier qu'il s'agit bien d'un rêve où l'impossible, le miracle, se réalise, et qu'en même temps ce rêve demeure l'expression d'une réalité appartenant elle au quotidien.

Mais plutôt qu'une métaphore sur le cinéma (comme réalité révée) c'est surtout l'entrée, la sortie, et le lieu de cette scène qui m'intéressent. Car, c'est là (à mes yeux du moins, mais d'autres avis permettront d'enrichir ce point de vu unilatéral) qu'intervient précisément l'interrogation sur la mise en image du rêve: dans la perception qu'en aura le spectateur. Non pas pour prétendre forcer une lecture, mais afin qu'elle serve de pivot pour le découpage initial.

[val313]

Bonjour,

Auriez-vous également des exemples au théâtre?

J'écris une pièce ou je veux montrer au public
- la réalité : 2 personnes qui parlent à un patient qui dort dans un lit d'hopital
- le rêve: ce que cela produit dans le rêve du patient qui est dans le coma. Sont présents dans le rêve, le patient et une des deux personnes qui lui parlent dans la réalité. Ils n'ont pas conscience d'être dans le coma.

Je n'ai pas encore trouver comment mettre en scène la transition