Décrire les personnages des seconds roles?

Le Scénario et ses ficelles. La Dramaturgie, le synopsis, le pitch...
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moups
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Décrire les personnages des seconds roles?

Message par moups »

Je voudrais savoir s'il faut décrire les personnages qui ont un role secondaire, comme par exemple le facteur qu'on ne verra qu'une fois ou le laitier, ou un marin pêcheur, est-ce que comme tous les autres personnages de premier role, on doit donner une description de leur corps ? cheveux, tic, lunettes etc;;; ou juste laisser le producteur choisir lui même :?:
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Nathan
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Message par Nathan »

Euh, alors moi, je ne suis pas scénariste professionnel et je t'aurais dit que non. Après, ça dépend comment il est "secondaire". Est-il de passage ? Le laitier vient-il à la porte pour déposer le lait et repart-il ? Là, le protagoniste sort-il de chez lui et y a-t-il une discussion ou bien le laitier part sans aucune discussion ?
Mais bon, ne sachant pas où se trouve le professionnalisme dans ce métier, on va dire que je suis amateur (en fait, je suis amateur :mrgreen: ou pas... Arghhhh mes chevilles !!!). Cependant, un membre de ma famille m'aide à écrire un scénario. Voici dans un mail ce qu'elle m'a écrit pour m'aider. Je pourrai en mettre davantage mais après, ça concerne mon scénario et il faudrait que je poste toutes les versions pour voir l'amélioration.
Elle est Italienne, donc excusez la pour les fautes (elle en fait peut être moins que moi bon... :pluie: ) :


Voici quelques règles de base qui je pense peuvent être utiles. Bien sur, elles ne servent pas à construire un scénario comme une équation mathématique mais elles aident à résoudre des éventuels problèmes et surtout à se poser les bonnes questions.


• Le déclencheur: toute histoire doit commencer par une action qui change l’ordre actuelle des choses. Un vol, un meurtre, une séparation…

• Les trois actes : sur un scénario de long métrage vers la 30eme minute tu dois avoir le premier turning-point – c'est-à-dire un événement qui porte l’histoire dans une nouvelle direction jusque là inattendue. A la moitié du film, tu as le point de non retour où finalement ton héros se rend compte de son problème, de son défaut majeure (…) et agit de manière définitive pour repartir dans une autre direction. Encore une demie heure plus tard, il y a le second turning-point qui amène l’histoire dans une autre direction et donc vers sa conclusion. Et enfin, dans les cinq dernières minutes, il doit y avoir un autre coup d’éclat qui amène au dénouement. Sans structure, on fera des avants-arrières inutiles et on se perdra rapidement.

• Une scène doit toujours porter l’histoire en avant. Une scène statique qui ne nous apprend rien est inutile. Tout comme l’histoire, la scène doit avoir un début, un milieu et une fin. Chaque partie de scène étant liée à une émotion qui monte en puissance et porte à la prochaine scène. Chaque changement d’émotion ou d’état d’âme est un beat qui porte le personnage et la scène en avant. A la fin, le personnage en résultera changé, prêt pour la prochaine scène et une nouvelle épreuve.

• Chaque personnage doit avoir une histoire, une vie propre avec un background bien précis. Pour cette raison, ils doivent être très différent les uns des autres : une différence qui se remarque dans leur manière de parler, bouger, penser... Les personnages ne doivent en aucun cas parler de la même manière, et encore moins parler comme le scénariste.

• Le conflit : toute histoire a un conflit – entre femme et mari, entre ennemis ou amis… Le conflit bon / méchant trop standard n’est pourtant jamais bon. Un gros méchant brutal et pas élégant devient souvent une caricature. Mieux vaut donc se créer un ennemi qui nous ressemble, qui a nos mêmes armes et nos mêmes valeurs. Le meilleur conflit qui puisse exister est celui qui oppose le bien contre le bien. Un homme qui se sait innocent et un policier convaincu d’avoir fait son devoir par exemple.
• Le fatal-flaw ou défaut fatal : chaque personnage ayant sa propre histoire, il a aussi ses propres phobies et points faibles. Un pompier qui n’arrive pas à oublier la mort de ses coéquipiers, une institutrice incapable d’avoir des enfants… Au fur et à mesure que l’histoire avance, le héros devra affronter son point faible afin de le surmonter ou au contraire capituler. C’est sa petite histoire interne, celle qui fait qu’à la fin le héros ou personnage ne sera plus tout à fait celui du début. Il aura appris quelque chose de son prochain, de son ennemi, de la vie en général…

• Objectif / besoin : bien souvent l’objectif et le besoin du personnage sont en total contraste. Cela donne bien évidemment du piquant au conflit. Par exemple, l’histoire d’un homme qui veut devenir riche mais qui pour ça doit apprendre à lire et écrire – une activité contraignante qui retarde son arrivée sur le podium de la gloire.

• L’allié : c’est l’ami, le confident du héros… Il a lui aussi son histoire et ses points faibles tout à fait développable dans les subplots. Pour telle ou telle raison, il peut se transformer en ennemi.

• Le père : il y a très souvent un personnage vers lequel le héros peut se tourner au besoin, celui qui l’écoute et l’incite à mieux faire. Son maître et exemple de vie…

• Les symboles : un objet, une image peut relancer une idée, nous aider à découvrir un indice. C’est pour cela qu’il faut filer, c'est-à-dire amener chaque chose au fur et à mesure. Un indice décisif sorti d’un chapeau comme un lapin à la dernière minute ne fonctionne jamais.

• La vraisemblance : notre histoire doit être vraisemblante. Si le spectateur ne croit pas à ce qu’on lui raconte, tout est perdu. Il faut donc que les choses soient plausibles, qu’elles aient une raison d’être.

• Les motivations : toute action doit avoir sa motivation. Pourquoi un personnage agit-il de telle ou telle manière, qu’est-ce qu’il le pousse ? La psychologie du personnage doit bien être définie. Bien sur le coup de tête est toujours possible mais ses raisons doivent se retrouver dans le caractère du héros. Il faut que le scénariste se mette dans la tête de chaque personnage et découvre ses pensées.

• Parallélisme et opposition : plus les personnages sont construits en parallèle les uns avec les autres ou en opposition, plus ils sont intéressants. Ils doivent interagir les uns avec les autres, apprendre les uns des autres.

• L’identification : plus le spectateur s’identifie avec le personnage mieux il le comprendra et l’appréciera. Il faut que le spectateur souffre avec lui, qu’il espère le voir surmonter les épreuves : qu’il soit ému par son histoire.

• Les subplots : c’est les petites histoires personnelles qui raisonnent dans la grande histoire que l’on raconte - celle des personnages secondaires. Histoire principale : un homme doit en tuer un autre. Subplot 1 : la femme de sa future victime est la femme qu’il aimait quand il était jeune. Subplot 2 : la future victime a un cancer en phase terminale – elle mourra de toute façon – peut être mieux vaut la laisser affronter sa propre mort au lieu de la tuer prématurément.

• Mais / Soudain / Et : Il est toujours bénéfique de faire souffrir son personnage au maximum – Carlito veut changer de vie …mais son avocat veut qu’il l’aide à libérer un mafiosi de prison …mais soudain le mafiosi meurt – tué par l’avocat – pendant sa libération …et les autres mafiosi veulent se venger de Carlito et le tuer.

• La première image : elle est certainement une des plus importantes. Elle apporte la thématique de notre histoire. La plume chez Forrest Gump.

• L’ironie dramatique : parfois il est intéressant de donner au spectateur davantage d’informations qu’au personnage. Ca nous permet encore une fois de vibrer avec lui – nous, au contraire de lui, on sait ce qui se cache derrière la porte et cela ne fait qu’augmenter notre tension nerveuse.

• L’attente : l’histoire doit être racontée contre toute attente. Sans tomber dans l’invraisemblance, il faut réussir à surprendre le spectateur.

• Innover : il faut toujours innover la scène. Un jeune qui demande de l’argent à sa grand-mère en prenant le thé est ennuyeux mais un jeune qui arrive habiller en robe africaine en expliquant à sa grand-mère qu’il quitte la France pour le Burkina-faso parce que les loyers à Paris sont trop chers, c’est beaucoup plus drôle. Il faut toujours raconter en jouant de son imagination afin d’ajouter un petit truc qui aide le spectateur à se souvenir de la scène même après la fin du film.

• Le silence : parfois un silence, un regard est beaucoup plus explicite qu’un fleuve de paroles.

• Les objets : aucun objet n’est là par hasard. Ils doivent tous avoir une signification bien précise. Une photo floue peut être très significative du passé de notre héros.
• Sadisme (lié au mais /soudain /et): le scénariste doit être sadique et faire subir les pires atrocités à son personnage. Il veut changer de vie mais le monde entier semble être ligué contre lui.

• Changement : les personnages doivent changer. A la fin de l’histoire, aucun d’entres eux doivent être identiques à ce qu’ils étaient avant.

• La morale : pour que le spectateur ne soit pas déçu après la fin du film, il faut toujours s’arranger pour que la morale soit sauve. Le héros peut même mourir mais si il a sauvé une famille, son sacrifice passe mieux.

• La poésie : un peu de poésie ne fait jamais de mal dans une histoire.



PEACE !!! :hiver: :shy: :fleur:
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Message par moups »

un grand merci Nathan, :respect: , ce superbe texte m'en a beaucoup apprit, je vais décortiquer mon scénario, et mon cerveau vu qu'il y a beaucoup de choses qui doivent encore sortir dans ma tête, encore mil mercis, ça va beaucoup m'aider, comme je suis certraine à beaucoup de forumeurs, :lol: et merci au membre de ta famille, elle doit avoir une grande estime pour toi et une très grande confiance, c'est bien, elle te soutient
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Nathan
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Message par Nathan »

j'me sens géné... :oops: mais de rien ! :D
ça m'rappelle que je dois modifier mon scénario mwa !!! let's go !
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Thierry
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Message par Thierry »

Bravo à Nathan pour les règles de base. Elles résument très bien ce qui revient souvent dans les livres sur l'écriture scénaristique. Ce qui n'exempte pas de les lire car certains sont très instructifs comme l'excellent Livre du scénario de Btremege.

J'aurais juste une petite réserve sur la 2ème règle concernant les trois actes. Le minutage des éléments ne doit pas forcément entrer dans un moule aussi précis. La progression du récit doit suivre son propre rythme et même si l'élément déclencheur (par exemple) n'intervient pas 30 minutes pile après le début, le film conserve tout de mêmes ses chances d'être un bon film :wink: . Prenons ainsi pour démonstration, "La mort aux trousses" dans lequel l'élément déclencheur intervient environ 5 minutes après le début.

Entièrement d'accord avec la règle n°3 par contre. C'est ce qui fait le secret des très bons films comme Pulp Fiction dont le montage volontairement désordonné n'enlève aucun plaisir à sa lecture. Chaque scène doit être construite comme un petit film intérieur avec un début, un milieu et une fin (exposition, objectif/conflit, dénouement) et SURTOUT, faire avancer l'histoire. Les scènes de remplissage ou purement esthétiques sont à proscrire même si elles ont demandé beaucoup de travail.

Pour en revenir à la question principale, je trouve la réponse de Nathan très juste. Il n'y a pas de règle précise sur la somme de travail que l'on est prêt à investir dans la fastidieuse préparation du scénario. Mais il est vrai qu'un personnage, même très secondaire, aura d'autant plus besoin d'être préparé qu'il interviendra dans la progression du récit. Même si ce n'est que le temps d'une courte scène. La description préalable d'un personnage, via des détails invisibles à l'écran (passé, situation familliale, goûts culturels, etc...), facilite l'écriture et apporte une certaine cohérence à l'interprétation.

Thierry
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Message par moups »

ok ! alors je vais donner un explicatif sur mes personnages secondaires, d'autant plus qu'ils doivent avoir une "gueule" bien typique, marin alcolo', je l'imagine à la Carl Malden, clochard et autre, mouais ! c'est vrai qu'ils sont tout de même important dans mon histoire, alors merci, je vais préparer ces" gens"là à venir à la vie; :journal:
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Message par Thierry »

Bon courage moups 8).
Il existe aussi un truc infaillible pour écrire un bon scénario. C'est l'écrire à deux.
Mais là, le plus difficile c'est de trouver le bon partenaire...
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