"Quatre films en vingt ans. Si Gaspar Noé, l'enfant terrible du cinéma hexagonal, tourne peu, chacun de ses paris constitue un choc visuel, une baffe dans la tronche."
filmographie :
1998 : Seul contre tous
2002 : Irréversible
2010 : Enter the Void
Un de mes cinéastes préférés, un cinéaste français d'exception, totalement en marge. Lars Von Trier et Almodóvar, à leurs débuts, étaient considérés comme tels, mais l'audace paye, regardez les chefs de file qu'ils sont devenus
Si je ne suis pas fan de tout ce que fait Noé, je dois dire que son dernier long-métrage m'a vraiment transporté! Enter the Void est ce que j'appelle véritablement une Expérience cinématographique. Un film magistralement tourné, avec une ambiance singulière et une forme assez unique. J'y étais allé avec une petite appréhension niveau violence, ambiance trash etc...et j'ai été bien surpris. Il est vrai que tout se passe dans une atmosphère étrange, mais le propos dépasse l'aspect gratuit que revêtissent à mon sens certaines oeuvres de Noé.
Le film est à la frontière de ce que l'on nomme le "cinéma expérimental", et c'est justement une très bonne chose qu'il soit sorti en salle. De quoi briser certains tabous, et dépasser certaines clotures un peu trop hermétiquement fermées...
J'ai vu Irréversible, qui m'a beaucoup marqué (comme beaucoup, rien que par la violence des images extrêmes). Je suis un amoureux des plans séquences, de quoi être ravi en regardant ce film. J'aime aussi beaucoup sa vision d'un cinéma assez percutant, expérimental : il prend bien en compte la puissance des images, leurs effets, avec un dénuement et une brutalité qui est frappante. La forme a une énorme importance. J'aurais aimé le voir sur un écran de cinéma pour subir plus encore le poids de ce film insoutenable et qui s'adresse directement à nos sens. L'art c'est aussi ressentir, avoir des émotions, elle sont lourdes et bouleversantes ici.
Je pourrais parler pendant des heures d'Irréversible, et la façon dont il marque les gens m'intéresse. Le débat au sujet de sa violence à Cannes m'a intrigué, et tout ce qui se dit à propos de ce film me passionne (tant que c'est intelligent), point de vue du réalisateur, des acteurs, des critiques, du public détracteur ou non. Après avoir vu le film, j'y pensais tout le temps, je voulais en parler à tout le monde. J'ai fait visionner à plusieurs personnes de mon entourage le film pour observer les réactions avec un vif intérêt curieux voire pervers peut être. J'ai pu en reparler et analyser la perception de chacun pour alimenter mon analyse et mon propre commentaire sur le film. Je peux dire que le sentiment de bouleversement et d'avoir envie d'en parler tout le temps n'est pas propre à moi, il est contagieux à la vision du film.
Je n'ai pas pu voir Enter the Void (peu de salles l'ont projeté) et je regrette tellement, vu la dimension visuelle qu'il aurait pris dans un cinoche plutôt que sur un pauvre écran de télé.
Gaspar Noé est un personnage plutôt ambigu, sordide d'après ses sujets et sa façon de les traiter, très artiste dans son cinéma expérimental. J'ai pu voir quelques unes de ses oeuvres : clips, pubs, films, et on reconnait bien sa patte dans le mouvement de caméra, la sexualité morbide de ses sujets (fortement inspiré par la pornographie), et on oscille entre un grand dépouillement (l'usage des plans séquences, l'immobilité de la caméra, la caméra subjective) et son opposé, l'excès d'effets perturbant (la caméra qui vacille, toujours en mouvement, les effets visuels épileptiques stroboscopiques etc relatant à la vision sous LCD).