Jacques Audiard

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vénéina
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Jacques Audiard

Message par vénéina »

Jacques Audiard, fils du célèbre et non moins talentueux Michel du même nom, commence son parcours par des études de lettres afin de devenir professeur. Le gène de l'artiste prend finalement le dessus puisque Audiard Junior préfère abandonner ses études pour se lancer dans le cinéma, et plus particulièrement le montage.
Il s'adonne ensuite à l'écriture de scénarios, pari réussi puisqu'il signe Réveillon chez Bob et Mortelle randonnée, Baxter, Fréquence meurtre ou encore Saxo.

C'est en 1994 qu'il commence la mise en scène avec Regarde les hommes tomber (césar du meilleur 1er film et prix Georges-Sadoul)
Deux ans plus tard, il nous offre l'excellent Un héros très discret, avec le magnifique Mathieu Kassovitz dans le rôle titre, dont la bouille d'ange attendrissant n'a d'égal que son talent à manipuler son entourage, personnage et histoire tirés du roman éponyme de Jean-François Deniau.
La vie du protagoniste n'étant basée que sur le mensonge, la mise en scène, le calcul et l'appréhension, j'ai particulièrement apprécié -entre autre- le processus du clin d'oeil en coulisse que nous propose Audiard tout le long de son film (ce regard posé sur les musiciens extra-diégétiques, ou ces personnages qui s'adressent face caméra nous prenant presque pour un confessionnal) ces coulisses donnent étrangement l'impression d'une scène de théâtre au milieu de la mise en scène de la vie du protagoniste... un détail -que nous pourrions presque comparer à une mise en abîme- dans cette floraison de beauté artistique à laquelle nous fait assister le cinéaste. Une réalisation toujours parfaitement maîtrisée, bon nombre de scènes teintées de jaune limite sépia cultivant l'impression de mise en scène ou d'irréalité afin de coller au mensonge du personnage. Une merveille.

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Cinq ans passent ensuite pour laisser place à Sur mes lèvres et le couple Vincent Cassel / Emmanuelle Devos: neuf nominations aux Césars dont celles du meilleur film, du meilleur réalisateur, du meilleur acteur (Vincent Cassel) et de la meilleure actrice (Emmanuelle Devos). Il gagne en huit catégories.

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Un film sans comparaison, une Emmanuelle Devos divine, et des gros plans à vous couper le souffle mettant l'accent sur nombre de détails qui prennent leur importance dans leur isolement: par exemple, ce moment où Paul Angeli dérobe un dossier sous les ordres de l'innocente Carla Behm... Lorsque cette dernière apprend la nouvelle, Audiard ressert sur une partie du visage de la belle qui nous observe d'un oeil aussi diabolique que satisfait. Un moment très fort comme tant d'autres, dont le sens s'amplifie par le fait que ces gros plans sont complètement isolés des autres plus distants. Ils apparaissent sans que nous puissions nous y attendre, le ralentit de l'image rappelant un cliché photographique, un instant pris sur le qui vive...
Le fait que la protagoniste soit sourde est idéalement exploité ici puisque Audiard crée une ambiance toute particulière de par son alternance silence/ son, de même que faire travailler Paul Angeli dans une discothèque n'est pas un fait anodin...: Audiard semble ici cultiver un certain manichéisme (Paul vit dans le bruit, l'obscurité, la délinquance, il n'est pas agréable, plutôt hostile... Carla est fragile, vit dans sa bulle, est sourde, mal dans sa peau, honnête), pour nous apprendre au final que tout n'est pas tout noir ou tout blanc, mais que la vie est une palette magique dont l'harmonie des couleurs peut se trouver dés lors que l'on se donne la peine de chercher à colorer notre existence.

A ne surtout pas oublier: De battre mon coeur s'est arrêté, un film à succès indiscutable mais dont la critique attendra car je n'ai pas encore vu le film... Ce qui ne saurait tarder !

Filmographie:
  • * 1994 : Regarde les hommes tomber
    * 1996 : Un Héros très discret
    * 2001 : Sur mes lèvres
    * 2005 : De battre mon cœur s'est arrêté, remake de Mélodie pour un tueur de James Toback (1978).
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