Le pré cinéma

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vénéina
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Le pré cinéma

Message par vénéina »

Comme tout art, comme toute chose, le cinéma n'est pas né du jour au lendemain par l'opération du Saint-esprit mais reste bel et bien le fruit des travaux d'une multitude d'acteurs et créateurs, le résultat de l'étude poussée de divers médiums qui permirent d'imaginer par la suite le célèbre cinématographe des frères Lumière.
Cette période laissée de côté et durant laquelle tant d'expériences sur l'image furent réaliser s'appelle Le Pré cinéma; nous considérerons que cette dernière commence à une date... encore inconnue, et se finit à compter de la création du cinématographe en 1895.
Toutes ces techniques inventées pour animer et/ ou projeter les images avant le cinématographe font partie d'une archéologie du cinéma.

Voici les jouets optiques qui caractèrisent cette période, et qui inspirèrent sans doute les frères Lumière et leurs acolytes:
  • Thaumatrope

    Le Thaumatrope (du grec thauma, prodige et tropion, tourner) est un jouet optique qui exploite la théorie de la persistance rétinienne.

    Il s'agit d'un disque illustré sur ses deux faces et où sont accrochées de petites ficelles sur deux bords opposés. En faisant tourner entre le pouce et l'index ces ficelles, le disque suit le mouvement et les deux dessins se confondent.

    Inventé vers 1820-1825, sa paternité est attribuée la plupart du temps au docteur John Ayrton Paris. Parfois, le nom de William Henry Fitton lui est associé.
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  • Phénakistiscope

    Le phénakistiscope (mot formé du grec phenax -akos « trompeur », et skopein « examiner ») est le premier jouet optique donnant l'illusion du mouvement fondé sur la persistance rétinienne. Il a été inventé par le Belge Joseph Plateau en 1831.

    Il comporte un disque rond en carton percé de fentes sur lequel un mouvement est décomposé en une suite d'images fixes et d'un manche permettant son maintien pendant sa rotation. Pour reconstituer le mouvement, la personne se place en face d'un miroir et positionne ses yeux au niveau des fentes ; elle fait ensuite tourner le carton ; les fentes en mouvement ne laissant apparaître l'image qu'un très court instant, le carton entre celles-ci cache l'image quand cette dernière s'échange pour la suivante, servant ainsi d'obturateur. L'œil ne voie donc que des images fixées par la persistance rétinienne, les unes après les autres, ce qui donne une sensation d'animation quand le carton tourne à la bonne vitesse.

    Voir également le zootrope et le praxinoscope qui, utilisent le même principe mais sont mécaniquement différents :

    * le zootrope de William George Horner est un tambour tournant avec fentes datant de 1834 (il ne nécessite plus de miroir)
    * le praxinoscope de Émile Reynaud, de 1877, est un tambour sans fentes comportant en son centre un cylindre à facette de miroirs, présageant le projecteur de cinéma car le mouvement est visible pour plusieurs observateurs en même temps et permet un meilleur éclairage des images. Pour ces raison il est le premier appareil de ce type disposant d'un brevet.
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  • Zootrope

    Le zootrope est un jouet optique inventé en 1834 par William George Horner. Se fondant sur la persistance rétinienne, le zootrope permet de donner l'illusion de mouvement.
    Réplique moderne d'un zootrope de l'époque victorienne
    Réplique moderne d'un zootrope de l'époque victorienne

    Tambour percé de fentes sur sa moitié supérieure, il abrite à l'intérieur une bande de dessins décomposant un mouvement. Le tambour est fixé sur un axe dans sa base inférieure, ce qui permet de tenir le zootrope d'une main et de faire tourner le tambour de l'autre. En regardant fixement l'intérieur à travers les fentes, les dessins s'animent.

    Si l'on devait tracer une ligne du temps avec les principales inventions qui ont mené au cinématographe, le zootrope pourrait être placé entre :

    * le phénakistiscope de Joseph Plateau avec son disque percé de fentes et tournant devant un miroir,
    * et le praxinoscope d'Émile Reynaud, plus élaboré et breveté pour ces raisons, car il permet à pluieurs personnes d'observer le mouvement en même temps.
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  • Praxinoscope

    Le praxinoscope fut la première invention brevetée d'Émile Reynaud en 1877. Il s'agissait d'un jouet optique donnant l'illusion du mouvement. Ce jouet obtiendra une « mention honorable » à l'Exposition universelle de Paris de 1878 et aura un beau succès commercial. Il permit à son inventeur de continuer ses recherches. Le praxinoscope est ainsi à la base de ses inventions suivantes : le praxinoscope-théâtre, le praxinoscope à projection, le théâtre optique.
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  • Folioscope

    Un folioscope, ou feuilletoscope, ou flip book en anglais, ou Daumenkino en allemand, est composé d'un ensemble d'images très peu différentes dans leurs contenus dont la succession rapide permet la synthèse d'un mouvement par la persistance rétinienne de l'œil.

    Les images sont des dessins ou des photographies, rassemblés en un livret qu'on feuillette rapidement d'un doigt en cornant un côté de page, ou bien accrochés à un cylindre que l'on fait manuellement tourner à l'aide d'une manivelle et feuilletés par un onglet fixe.

    Il est a rapprocher des jouets optiques du XIXe siècle qui ont précédé l'invention du cinéma.

    Facile à faire sur les feuilles dans le coin d'un cahier.
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A noter également les éléments qui relèvent du domaine du spectacle:
  • Le théâtre d'ombre consiste à projeter sur un écran des ombres produites par des silhouettes que l'on interpose dans le faisceau lumineux qui éclaire l'écran. Les plus connues sont probablement le wayang kulit d'Indonésie.
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  • Lanterne magique

    La lanterne magique est l'ancêtre des appareils de projection et particulièrement du projecteur de diapositives. Elle apparaît au XVIIe siècle, mais sa paternité reste hypothétique. Elle constitue l'exemple type des instruments d'optique dits objectifs.
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  • Fantasmagorie

    La fantasmagorie, étymologiquement « l’art de faire parler les fantômes en public », consiste à la fin du XVIIIe siècle à projeter et à animer sur un écran de toile ou de fumée des tableaux miniatures peints sur des plaques de verre ou bien gravés sur un support opaque.

    Héritière de la lanterne magique dont la technique ne cesse de s’améliorer depuis le XVIIe siècle, cette forme de spectacle connaît un énorme succès au tournant des Lumières.

    D’une petite peinture ou gravure de facture assez grossière au départ, naît, par la fantasmagorie, une image « mouvementée », un tableau lumineux dont les dimensions peuvent varier considérablement. La possibilité d’animer et d’agrandir ou de rapetisser une image par des manipulations optiques marque une étape dans l’évolution de la notion de tableau.

    Transposé de la peinture à la rhétorique et à l’esthétique à la faveur de doctrines anciennes encore vivaces à la fin de l’Ancien Régime, comme l’ut pictura poesis (voir article en anglais), le tableau a, en fin de compte, investi tous les champs de la représentation. Qu’il soit écrit ou iconique, interprété sur une scène ou projeté sur un écran, il a pour principale fonction de catalyser les émotions du spectateur. La théorie de l’effet formulée par l’abbé Dubos, puis prolongée par Diderot, traduit bien cet impératif en rajeunissant le précepte aristotélicien de terreur et de pitié, ainsi que la pragmatique classique contenue dans le triple credo « instruire, plaire et toucher ». En cherchant à provoquer pareillement les réactions sensibles de leur public, les expérimentateurs du tournant des Lumières, amuseurs publics et charlatans, mécaniciens et physiciens, transforment leurs démonstrations en spectacles à part entière.

    Cette confusion, entre les finalités respectives des arts et des sciences, reflète la difficulté des nouveaux savoirs à s’affranchir de leurs origines ésotériques pour se constituer en domaine exotérique. Le statut de l’expérience scientifique est incertain, ramené du côté du jeu, du sensationnel, comme le prouve l’habitude déjà ancienne d’accoler aux noms de sciences les termes « amusemens »,« récréations », « divertissemens » et les épithètes correspondantes, ce que montre le titre de Robertson : Mémoires récréatifs, scientifiques et anecdotiques d’un physicien-aéronaute.

  • Théâtre optique


    Le théâtre optique est mis au point par Émile Reynaud en 1889. Il réunit les techniques de l'analyse du mouvement et les techniques de projections. Cette invention est l'aboutissement d'une recherche longue de plus de quinze ans. Émile Reynaud avait, dès 1876, commencé son travail sur les jeux d'optique avec le praxinoscope, jouet breveté en 1877. Dans l'évolution de cette invention, le praxinoscope-théâtre fut breveté en 1879 puis en 1880 le praxinoscope à projection avec une lanterne magique et enfin en 1889 le théâtre optique. Avec cette invention, Émile Reynaud apporte une nouvelle évolution à ses inventions précédentes : l'action n'est plus contrainte à un mouvement cyclique et permet la narration de petites histoires complexes pouvant se développer sur plus de 10 minutes.

Source: Wikipédia.
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Message par ciboulette »

On t'adore Vénéina!

J'ai fabriqué quelques folioscopes quand j'étais gamine. C'était toujours des histoires d'un canard ou d'un mec qui marche, tombe et saute......de trop bons scénarii! :zzz:
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vénéina
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Message par vénéina »

Merci Adeline :fleur:

Waouuuh des canards ??? Moi je faisais des bonhommes qui sourient ou qui dansent...
Bon nombre de ces objets -voire tous, je ne sais plus...- sont visibles à la cinémathèque française ( http://www.cinematheque.fr/ )
à l'exposition permanente. Ca permet de bondir un peu dans le passé et d'imaginer comment les pionniers du travail de l'image pensaient...
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Message par waargh »

Ca me fait penser au reportage de 1989 d'Ignacio Aguero, Cent enfants qui attendent un train.
C'est un reportage chilien où l'on voit des enfants très pauvres découvrant le cinéma, avec tous ces objets que tu nous as cités, qu'ils fabriquent (sauf la lampe :lol: ). Tout ça animé par une seule dame et gratuitement. C'est incroyable comme ce reportage peut nous marquer, parce que ces enfants n'étaient jamais allés au cinéma pour la plupart.

Bref, merci de m'avoir commémoré ce petit plaisir de reportage Vénéina.

Waargh
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Message par vénéina »

Tout le plaisir est pour moi mon bon monsieur ! Tout cela me fait replonger dans une histoire étudiée jadis qui m'échappe à mesure que le temps passe (en gros: je n'ai pas de mémoire parce que je suis une mamie ! )

Ta référence/ comparaison est très intéressante: ça donne envie de faire comme ces enfants et de tout tester... Pourquoi pas ?

Ce qui me fascine le plus dans tout ça, c'est les idées de départ... Il leur a fallu tellement d'imagination, tellement de curiosoté intellectuelle pour avoir envie de créer ces jouets optiques... Aujoud'hui, nous avons tellement de technologie à disposition, tellement d'artistes qui nous exposent leur perception qu'elle en influence la nôtre... Tout est facilité. Beaucoup de choses ont été explorées, il est difficile de créer sans s'inspirer d'ailleurs...
Je trouve qu'à l'époque il avaient beaucoup plus de mérite pour de ce genre de créations: disons que c'est une idée de départ que nous améliorons sans cesse... Et c'est cette idée de départ qui est idôlatrer pour ma part.
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Message par seventy »

Je trouve qu'à l'époque il avaient beaucoup plus de mérite pour de ce genre de créations: disons que c'est une idée de départ que nous améliorons sans cesse...
Tu sais Vénéina, tout est un éternel recommencement, tout est lié. Si on est arrivé à ces objets, c'est parce qu'avant il y avait la photographie qui a permis d'appréhender et d'étudier plus précisément le mouvement et avant la photographie, les caméras "obscura", elles- même descendantes des études de perspective dans la peinture etc... Tout ça dans un même mouvement d'appréhension du monde qui nous entoure...
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Message par vénéina »

Entièrement d'accord avec toi Seventy... Une idée que l'on cherche à améliorer sans cesse..., ou que l'on a besoin de faire évoluer parce que ce qui nous entoure évolue également...

Ce cycle, cet éternel recommencement dont tu parles et cette dépendance des uns et des autres remonte en effet à bien plus loin encore...
Les premiers à chercher à s'exprimer par l'image restant les hommes des cavernes, griffonnant de leur mieux les murs obscures de leurs grottes... Puis comme tu le dis, les peintres, les photographes etc... et de fil en aiguille, le cinéma. A mesure que le monde évolue -pas dans le sens mélioratif ici...- les besoins et idées d'expression évoluent.
Tout ça dans un même mouvement d'appréhension du monde qui nous entoure...
Appréhension d'un monde qui nous entoure, ou besoin thérapeutique de projeter le monde qui nous habite (les deux étant étroitement liés, certes)
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