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Bon alors là je vous fais part d'une de mes angoisses depuis bien des années quant à la réalisation: Comment maîtriser (et donc filmer) un espace, qu'il soit fermé ou non?

J'entend par là la connaissance par un metteur en scène de l'environnement et de ce qu'il veut en montrer à l'écran, ainsi que le sentiment qu'il veut transmettre. (Oh ça va tirez pas cette tête là...)

En gros, ce que je me demande c'est si il y a des règles à respecter pour bien faire comprendre une situation d'exiguïté ou, tout le contraire, une sensation immense liberté spatiale (?).

Par exemple:
Dans "Piège de Cristal", John McClane (Bruce Willis) est dans un conduit d'aération. Il s'arrête quelques instants pour sortir une de ses fameuses répliques dans laquelle il compare sa situation à celle d'un lapin dans son terrier. D'un point de vue purement visuel maintenant:

Le gros plan paraît être une solution logique à l'expression de la claustrophobie au cinéma, cependant je me demande si il est également possible de l'exprimer autrement... (?!)

Question 1:
Des gens sont en réunion. Le ton monte, la température dans la salle aussi. Comment faire passer une sensation de mal être (opression) et d'exiguïté (oui j'aime bien ce mot... )?

Question 2:
Serge doit aller acheter ses cigarettes dans le bureau de tabac qui se trouve de l'autre côté de la rue. Manque de pot, la rue est pleine de manifestants et Serge est agoraphobe (Crainte pathologique des lieux publics et des espaces libres). Obsédé par ses cigarettes, Serge décide d'aller les chercher. Mais une fois dans la marée humaine c'est la panique!
Comment faire comprendre aux spectateurs le point de vue de Serge?


Ces questions sont juste posé à titre d'exemple (quoique j'aimerai bien avoir une solution quand même ) afin d'engager la conversation. C'est pour moi très difficile de vous l'expliquer par écrit, donc j'espère avoir été assez clair dans la longue explication de mon problème (n'hésitez pas à demander des précisions si besoin), et que ce sujet vous intéressera autant qu'il me prend me la tête (c'est à dire "beaucoup") et mobilise mes neurones (c'est vous dire si ça chauffe!!)

Merci de m'avoir lu.

Question 2:
Serge doit aller acheter ses cigarettes dans le bureau de tabac qui se trouve de l'autre côté de la rue. Manque de pot, la rue est pleine de manifestants et Serge est agoraphobe (Crainte pathologique des lieux publics et des espaces libres). Obsédé par ses cigarettes, Serge décide d'aller les chercher. Mais une fois dans la marée humaine c'est la panique!
Comment faire comprendre aux spectateurs le point de vue de Serge?

J'opterai pour une très légère contre plongée montrant Serge se faire quelque peu bousculer ( oui j'ai une belle experience des manifs ), et pour accentuer le sentiment, je dirais que la caméra pourrait aussi se faire bousculer, tel un reportage. en option ensuite, tu peux utiliser un plan à la première personne, que tu pourras cadrer au niveau de la poitrine des manifestants pour essayer de cacher le plus possible l'air autour, histoire de donner une pointe d'etouffement et de malaise, je vois aussi une caméra portée approximative.


voila, je suis pas un pro mais j'espere que ça te convient un peu...

Malgré ma maigre expérience de mise en scène en dépit de mes hautes aspirations, je dirai :

- situation 1 : jeu sur la lumière, pas mal. Lumière construisant bien sûr l'espace. Le gros plan est une facilité mais si il est trop récurrent, il perd de sa valeur (et je dis ça alors que mon court en cours est essentiellement comme ça... )
Un point de vue plus lointain (plan large, plan américain même) amène à une distanciation dérangeante si les faits évoqués sont très exacerbés (ça peut faire assez froid).
Par ailleurs le malaise se crée aussi pas mal par un cadre encombré (que ce soit par des gens, des objets...)
L'oppression, le mal être, ça se joue énormément au son, aussi.

- situation 2 : cadre tremblotant, vacillant. Faire avancer le personnage vers la caméra ? De sorte qu'on ne voit pas bien où il va et qu'il ait en quelque sorte l'horizon bouché. La plongée peut être une solution pour rendre le personnage insignifiant dans une marée humaine. La caméra portée au coeur des bousculades peut aussi être une solution.


A toi d'expérimenter et de tenter de trouver ton style ! Vois pas mal de films et fais ça de manière la plus intuitive possible. Il n'y a jamais qu'une seule façon de traduire un sentiment, et un sentiment est toujours si complexe, si changeant, si insaisissable qu'il faudra moduler ta mise en scène selon la nuance exacte que tu veux lui donner.

Et ca vaudrait le coup de jouer sur la profondeur de champ en utilisant une longue focale (ou pas)?

Samoth a écrit :Des gens sont en réunion. Le ton monte, la température dans la salle aussi. Comment faire passer une sensation de mal être (opression) et d'exiguïté?

Dans les deux cas, j'utiliserai un montage de plus en plus rapide (donc de plus en plus coupé) en utilisant des axes différents et quelques peu recherchés. Des contre-plongées sur des gens de plus en plus ressenties (les contre-plongées), des plongées aussi, des cadres "décadrés" (non bullé), des courtes focales très courtes ou assez courtes, jouer de plus en plus sur les lignes, les courbes, etc... des plans aussi en courte focale donc au niveau d'un coin de 2murs et du plafond (genre caméra de sécurité).

Samoth a écrit :Serge doit aller acheter ses cigarettes dans le bureau de tabac qui se trouve de l'autre côté de la rue. Manque de pot, la rue est pleine de manifestants et Serge est agoraphobe (Crainte pathologique des lieux publics et des espaces libres). Obsédé par ses cigarettes, Serge décide d'aller les chercher. Mais une fois dans la marée humaine c'est la panique!
Comment faire comprendre aux spectateurs le point de vue de Serge?

Toujours la même chose : montage de plus en plus rapide. Resté sur Serge qui panique de plus en plus, tourné autour de lui en mettant entre Serge et la caméra des "corps" de manifestant. Jouer avec des gros plans sur lui, dans plans d'ensemble sur la population. Utiliser la contre-plongé sur les manifestants. Pourquoi pas une contre-plongé à la M le maudit à un moment ? utiliser au contraire des plongées sur Serge, mais trouver ou essayer de trouver d'autres idées que les fameuses plongées/contre-plongées.

Samoth a écrit :Et ca vaudrait le coup de jouer sur la profondeur de champ en utilisant une longue focale (ou pas)?

La longue focale, je l'utiliserai plus au début, pour être avec tel ou tel personnage et seulement focalisé sur lui. Dans le bureau et à la manif, j'utiliserai plus de la courte focale pour avoir une ambiance d'ensemble. J'ai le sentiment que ça marcherai mieux. Sur Serge, dans les GP, pourquoi pas, oui, des longues focales !

Bonjour,
De bons conseils te sont déjà donnés: " Contre plongée, caméra qui se fait bousculer..." "Jouer sur la lumière, le son, le cadre tremblotant..."" Montage de plus en plus rapide, jouer sur les lignes, courte et longue focales..."
En plus de ces bonnes idées, Je te donne mon point de vue ( qui n'est peut être pas une idée géniale, à toi de voir si tu es prenneur).
Ne pas trop abuser des gros plans, un seul expressif basé sur le jeu d'acteur, + gouttes de sueur sur son visage... ( donc sur la mise en scène et maquillage)... puis quelques gros plans des manifestants, comme expliqué plus loin)
" serge est agoraphobe...une fois dans la marée humaine, c'est la panique.." " comment faire comprendre aux spectateurs, le point de vue de Serge?"
Pourquoi pas : vue subjective de Serge!
Pour ça , il faut dabord montrer les manifestants dans la réalité, ( avec les conseils qui t'ont été donnés) , montrer l' angoisse de Serge par un gros plan ( comme je viens de te le proposer) puis a nouveau montrer les manifestants, mais cette fois selon la représentation cauchemardesque qu'en a Serge: Visages déformés, grimacants, monstrueux... plans larges, images floutées, caméra vacillante, puis quelques gros plans de ces visages, en montage très rapide.....que tu peux faire tourner comme si les manifestants faisaient une ronde autour de Serge... le rythme doit s'accélérer , la ronde est de plus en plus rapide ... Joue sur la vitesse....
Pour bien distinguer les images représentant la réalité de celles représentant la phobie de Serge, utilise peut être le noir et blanc pour la vision subjective.
La caméra à l'épaule dans une séquence comme celle là est, à mon avis, un plus pour l'image.
La phobie est un bon thème . Et les questions que tu te poses montrent que tu cernes ton sujet. Accroche toi .
Bon court métrage!
Lou.

J'ai lu dans des critiques à propos de "Die Hard 4" que Len Wiseman ne savait pas maîtriser l'espace, contrairement à McTiernan. Concretement, comment on peut se rendre compte de ça?