
Je me souviens de son apparition dans le film Les Palmes de Monsieur Schultz il y a dix ans... en hommage à Marie Curie.
Source: matin.qc.caSon équipe de recherches à la faculté d'Orsay a réalisé de grandes avancées sur les cristaux liquides à la jonction des années 1960-1970, sans se soucier de breveter ses découvertes. Ce dont Pierre-Gilles de Gennes s'est mordu les doigts plus tard, lorsque cette technologie s'est avérée rentable et que la recherche a commencé à connaître des difficultés de financement.
Professeur au Collège de France, à la chaire de physique de la matière condensée, il gardait donc toujours présent à l'esprit les applications pratiques que pouvaient avoir les recherches. "Dieu sait si je me plains que des tas d'universitaires travaillent sur des sujets qui, trop théoriques, n'intéressent pas l'industrie", confiait-il en janvier 2006. Pierre-Gilles de Gennes voulait que soit abattue la frontière séparant recherche fondamentale et recherche industrielle.
Elu à l'Académie des sciences en 1979, il reçoit deux ans plus tard la médaille d'or du CNRS. Lors de cette remise, ce scientifique qui n'avait pas la langue dans sa poche avait prononcé un discours contre le dogmatisme des études supérieures françaises. "Je crois que l'une des responsabilités essentielles qui incombe à notre génération de chercheurs consiste à persuader des équipes trop isolées ou trop ancrées dans des thèmes anciens de s'intéresser à des sujets nouveaux et de se réunir pour les attaquer", déclarait-il en 1990 dans une revue scientifique.
Il y a un peu plus d'un an, avec la même franchise, Pierre-Gilles de Gennes avait estimé que les risques présentés par le réacteur expérimental Iter n'avaient pas été bien pesés. Rappelant la fragilité des métaux supraconducteurs, il avait déclaré aux Echos: "Croire que des bobinages supraconducteurs servant à confiner le plasma, soumis à des flux de neutrons rapides comparables à une bombe H, auront la capacité de résister pendant toute la durée de vie d'un tel réacteur (dix à vingt ans) me paraît fou".