laurentsau a écrit :moi j'ai été initie a Chaplin quand j'étais très très petit. genre vers 4-5 ans... et j'adorai Charlot... Mais maintenant je trouve que l'humour est quand meme très lourd parfois, que bon c'est un peu chi***...
C'est quand même très loin de la qualité d'humour d'un "buffet froid"
J'ose espérer laurentsau que tu parles ici des tous premiers charlots, les court/moyen-métrages de ses débuts où il faisait le clown dans la bonne vieille tradition du burlesque américain.
Chaplin et Blier n'ont absolument rien de comparable. "Buffet froid" est un grand film, ça je ne dirais pas le contraire. Mais c'est un film essentiellement basé sur les dialogues. C'est presque du théâtre.
Chaplin peut paraître lourd parce que son style est représentatif de l'époque du muet. Les cartons de dialogues, le jeu appuyé des acteurs, les gros plans qui forçaient le regard et la musique omniprésente pour combler la bande son... tout ça donne forcément un côté désuet.
Mais Chaplin est probablement celui qui maîtrisait le mieux tout ça et il maniait le langage cinématographique avec une intelligence et une telle subtilité que bon nombre de réalisateurs actuels feraient bien de s'en inspirer. Je dirais même que Chaplin, au sommet de son art (en gros à partir du Kid), est inaccessible aux enfants. La scène des vestiaires avant le combat de boxe dans "Les Lumières de la Ville" est d'une telle virtuosité et d'une telle complexité qu'elle nécessite d'être commentée auprès des plus jeunes. Et la fin magistrale de ce film réveille des sentiments enfouis au plus profond de nous, parfaitement inexplicables aux petits.
Aujourd'hui, en éxagérant un peu, je dirais que c'est le phénomène inverse. Les cinéastes ont des moyens quasi infinis pour raconter leur histoire et ne savent plus comment s'y prendre. Les meilleurs emploient la quintescence du langage cinématographique, ni plus ni moins. Prenez Hitchcok par exemple, son style est tout à fait comparable à Chaplin. Certains semblent réinventer ce langage mais ne font que jouer avec ses fondations. Comme la structure en puzzle de "Pulp Fiction" ou le split screen de "Hulk".
Pour en revenir à l'éducation culturelle, étant moi même père de trois enfants (de 7 à 16 ans), je peux vous dire avec une certaine expérience que la meilleure méthode n'est pas la plus simple. Il faut savoir laisser l'enfant suivre son intuition et développer son sens de l'appréciation, tout en s'assurant de la diversité de ses choix. C'est comme pour la nourriture, il faut une alimentation variée dans laquelle l'enfant piochera en fonction de ses goûts et ses besoins.
A ce propos il y a un message dans "Charlie et la chocolaterie" qui est loin d'être anodin. Le personnage de Mike Teavee est représentatif du malaise intellectuel des jeunes générations. L'abus de télévision est mauvais pour la santé. Dans ce déluge de programmes qui se défendent sous la bannière de vecteur culturel, les chaînes les plus influentes en parts de marché courent après l'audimat et conditionnent les spectateurs pour les retenir de force devant leur écran. Les enfants sont maléables et, si on n'y prête pas attention, peuvent perdre leur liberté de penser.
Thierry