Vassago a écrit :avez vous des films en tête avec voix off ? Aussi bien des films que vous trouvez réussis que ratés (surtout ratés, ça aide à comprendre ce qui peut clocher).
Quoi ? Personne n'a pensé à
A tombeau ouvert de Scorsese ? C'est l'un des films les plus réussis en matière de voix-off. Pourquoi ? La parole n'est pas uniquement commentatrice, source de bons mots, de racolages passifs du spectateur qui n'est pas captivé par une image fade (je ne citerai pas à qui ou à quoi je pense en disant cela...

), qui permet en somme de noyer une insuffisance en utilisant maladroitement un procédé bien souvent lourd car mal compris. Scorsese, lui, marie complètement son texte et ses images. Il instaure une véritable dynamique, un style, une sorte de poème à la fois verbal, sonore, visuel. Puis, la voix de Cage, dans ce film...
Sinon il y a aussi
Johnny s'en va-t-en guerre de Dalton Trumbo si je me souviens bien, un film malheureusement méconnu, je crois, et pourtant redoutable. Bouah. Dans le genre voix-off, ça fait mal, furieusement mal. Et là, en l'occurrence, elle est fondatrice du système même du film, qui fait parler un homme plus que blessé par la guerre... En effet, il ne lui reste plus que la faculté de penser (plus de jambes, plus de bras, juste un tronc, il ne peut même pas parler) et on entend donc ses pensées. La force de ce film est incroyable.
Dans
Chaînes Conjugales de Mankiewicz il y a aussi une très bonne voix-off.
En somme, je pense qu'une voix-off n'est excellente que lorsqu'elle est véritablement nécessaire à l'aboutissement du film... Il faut se demander, finalement, si en retirant cette voix-off, le film n'est pas plus léger, plus intéressant, et si elle est en fin de compte absolument nécessaire. Le grand problème c'est qu'on l'utilise à tort comme "solution" pour pallier à une insuffisance, et pas comme un véritable "moyen". L'émotion, en cinéma, ne s'exprime pas par les mots ; ainsi, quand un personnage souffre, il ne suffit pas de lui faire dire en voix-off "je souffrais tellement ce jour-là" pour que la souffrance nous soit tangible, il faut que l'image puisse parler d'elle-même. Tout sauf la redondance, par pitié !
"Pour moi, la beauté du cinéma, c'est de pouvoir suggérer les choses que vous ne connaissez qu'au plus profond de vous-même. Des choses que les mots sont impuissants à décrire, à moins d'être un poète." (Lynch)