Le fléau du jeune réalisateur:la précipitation...

[le vagabond]

Olala,vous avez fait le tour de la question,là...Très bien!Je voulais savoir aussi,parce que seb y faisait allusion,filmer de manière à montrer le décor.Je me rappelerai toujours d'un plan dans forrest gump,ou la nana jette des pierres sur la maison de son père quand elle y revient adulte,et qu'elle s'effondre par terre en larme.Parfois il n'y a pas assez de pierre...Enfin tout ça pour dire que ce plan est magnifique!Tom hanks ne rentre dans le plan que lorsqu'il s'accroupit...Et là,on peut prendre un photo,l'image est parfaite...Est ce le travail du réalisateur que de savoir exactement la manière dont un ensemble doit être agencé(et qu'est ce qu'un directeur de la photographie?)?Visuellement,ça me plait beaucoup cette technique de travailler l'image sur un plan fixe.Il faudrait peut-être ouvrir un poste sur les références plans fixes/mouvement de caméra/zoom...Ce serait intéressant,je ne sais pas vraiment ce que le plan fixe apporte.Pourtant,il a obligatoirement des caractéristiques spéciales,sinon on ne l'utiliserait pas autant,et ce ne serait pas aussi beau!Non?

[Thierry]

je me permet "d'enrichir" les conseils de Thierry parce que j'ai ressenti tout ça aussi.

Tu peux te permettre, Nathan... bien au contraire . Tes conseils et ceux des autres, riches d'enseignement, sont d'autant les bienvenus qu'ils sont peut être même plus pertinents que les miens. Je dis ça parce que du haut de mes 41 ans, je n'ai jamais été au bout de mes projets et que mon expérience pratique se limite aux quelques court-métrages bricolés en 8mm, a part peut être un documentaire vidéo à moitié foiré par manque de moyens. Je me contente d'analyser et d'admirer le travail des autres. Et de temps en temps j'écris...
Donc merci de ta participation. Ce que tu dis est très motivant et très encourageant pour tous ceux qui veulent se lancer et qui vont certainement affronter des grosses difficultés et de grosses désillusions avant d'aboutir. Une chose est sûre, c'est qu'il faut toujours avoir du coeur à l'ouvrage... c'est important.

Ceci dit, je voudrais répondre à Nico à propos de l'agencement du plan car il défend exactement ce que je pense.
Je crois que c'est à ça qu'on reconnait un grand metteur en scène. Un des meilleurs exemples contemporains est Night Shyamalan. Je trouve qu'il excelle dans l'art de la construction d'un plan et de la mise en scène. Et je trouve personnellement cette façon de faire bien plus judicieuse qu'un découpage forcé qui va imposer le regard. Lorsque le cadrage et la mise en scène sont intelligemment agencés, on laisse le spectateur s'imprégner de la scène, du jeu des acteurs et s'investir pour piocher lui même dans les éléments présents à l'image. Le spectateur se sent d'autant plus concerné qu'il se construit sa propre scène en organisant selon son bon vouloir et selon son approche, l'ordre de lecture des éléments.
En fait, si la mise en scène est suffisamment bien gérée, il est inutile (presque absurde) de jouer du champ/contre-champ, ou du zoom sur le visage du comédien pour accentuer son jeu.
Un autre exemple pour terminer, c'est la scène d'intro d'Orange Mécanique. Un seul plan, un long travelling arrière et une scène qui ressemble à un tableau. Respect.
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[seventy]

Faire des films est un travail d'équipe, chacun a son poste amène sa pierre à l'édifice. Une des qualités d'un réalisateur est de savoir être à l'écoute des propositions de son équipe, de ses comédiens. Après c'est à lui de les intégrer ou pas dans son propos car il est seul à savoir, ou du moins à sentir si cela va dans le sens de son film.

Chaque collaborateur, l'expérience venant, peut et doit proposer des idées, je ne crois pas à la science infuse, c'est un peu une légende. Une des qualités primordiales dans ce métier est de trouver les bonnes personnes pour le film, savoir s'entourer et savoir partager.

Le tournage d'un film est, en sois, une petite entreprise complexe, dont la réussite dépend à la fois du savoir faire de chacun et des relations humaines. Chaque réalisateur a son univers et sa méthode à lui qu'il découvre au fur et à mesure des films, il faut du temps...

Pour reprendre ton exemple de "Forest Gump", je pense qu'une partie de l'idée a été conçue en amont et l'autre sur le tournage en REGARDANT les comédiens, l'action.

Il y a des choses qu'on ne peut pas inventer ex-nihilo, savoir regarder et en tirer partie est très important sur un tournage.

D'ailleur le tournage n'est pas que l'application d'un découpage ou d'un storyboard (sauf pour des scènes complexes), c'est aussi un moment privilégié de création, le résultat ce sont les images qui sont comme "un documentaire" de ce moment privilégié...

[le vagabond]

C'est vraiment beau tout ce que vous écrivez...On pourrait appeler cela:philosophie cinématoraphique.
Pour thierry,fe pense que je ne t'apprends rien en te disant que chez kubrick,son film qui est le plus représenté sous forme de tableau,c'est barry lyndon,et sa technique de focalisation spéciale/dézoom progressif met très souvent en avant ce pur agencement.
Pour seventy,je pense que tu résumes parfaitement ce que j'ai compris de l'esprit cinéma.En deux mots:EQUIPE!
C'est un peu le rêve de tous de trouver une équipe soudée,quo communique parfaitement de façon à faire avancer un projet.
Mais pour ça,il faut avoir l'expérience et le nez.Car si tu te plantes en prenant une équipe bidon,il y a peu de chances que l'on arrive à son objectif...
Directeur de la photographie?C'est quoi?

[Thierry]

Le directeur de la photographie est le responsable absolu de l'image. C'est lui qui se doit de choisir la bonne pellicule, le bon objectif, la bonne ouverture, régler les éclairages.. le tout de façon à obtenir le plus fidèlement possible ce que veut le réalisateur.

Les directeurs de la photographie qui travaillaient avec Kubrick étaient souvent de simples exécutants car il était lui même un excellent photographe qui maîtrisait parfaitement la technique et qui vérifiait chaque détail lors de la préparation. Celui qui a le plus souffert est sans aucun doute le directeur de la photographie de Barry Lyndon justement. Je ne sais plus si c'est lui ou Kubrick en personne qui a été dénicher des objectifs spéciaux utilisés par la NASA pour pouvoir filmer à la lueur des bougies.

Pour en revenir à ce que disait Seventy, j'ajouterais que, effectivement, un bon scénario doit être suffisamment ouvert à la mise en scène et au découpage. Le scénario doit être précis en ce qui concerne les indications de décor, l'action, les dialogues. C'est au tournage que le réalisateur voit réellement comment tout ce cela peut fonctionner.

Sur la notion du travail d'équipe, je voulais dire aussi que la fonction du réalisateur peut être tout simplement assimilée à celle d'un chef d'orchestre.

[seventy]

Là Thierry t'as tout dit, j'ai plus qu'à aller me coucher ! Et j'ajouterai le directeur de la photo lorsqu'il est aussi cadreur est à la fois acteur du film mais aussi le Premier spectateur du film, une place unique et compliquée !!!!

[Thierry]

Négatif, Seventy. Tu pourras aller te coucher quand tu n'auras plus rien à dire... à mon avis c'est pas demain la veille .

La place du cadreur (ou du caméraman) est d'autant plus compliquée qu'il est bousculé toutes les 5 minutes par le réalisateur incertain qui veut regarder dans le viseur...